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La chronique des arts et de la curiosité — 1896

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Nr. 34 (7 Novembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19744#0331
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N» 34. — 1896

BUREAUX : 8, RUE FAVARÎ

7 Novembre.

______.......... I

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN

Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.

PARIS ET DÉPARTEMENTS :

Un an.........12 îr. \ Six mois........8 frr

PROPOS DU JOUR

Notre confrère M. L. Mabilleau, qui pré-
sentait naguère aux lecteurs de la Gazette
les dessins d'Ingres conservés au musée de
Montauban, a voulu feuilleter les cahiers
que le maître a légués au même musée. Il
est sorti de cette étude avec le sentiment que
l'auteur de laStratonice était un imbécile (1),
et c'est là vraiment un jugement bien sévère.

Il faut se défier des cahiers des peintres.
Le Journal d'Eugène Delacroix est entre-
lardé de « recettes pour peindre les arbres »
et d'àneries romantiques plutôt déconcer-
tantes ; cela se rapproche des conseils prud-
hommesques contenus dans les Traités de
peinture à la façon de Cennino Cennini; les
notes d'Ingres sont d'une naïveté décuple et
d'une niaiserie parfois ridicule.

Il est impossible, pourtant, d'en faire si
bon marché. A aucune période, de notre
histoire, il n'y eut de stagnation intellec-
tuelle comparable à celle d'où Ingres tira
la peinture académique. Il n'y avait au-
tour de lui ni esprit, ni art, ni littérature,
ni érudition, ni science, ni archéologie. Il se
repaissait de traductions inférieures, de
Dictionnaires de la Fable comme celui de
Noël, où je trouve, en ouvrant au hasard :
« Alcijon ; oiseau consacré à Thétys parce
qu'il fait son nid sur le bord de la mer »,
et : « Fidélité; on reconnaît aisément la
Fidélité à la clef qu'elle tient, à son habit
blanc et au chien qui est à ses côtés. » Le
malheureux artiste autodidacte s'assimilait

mais je voudrais bien savoir si4es lecteurs
de Max Mùller peindront mieux que lui.

Car, enfin, il ne faut pas le prendre pour
un bouffon, ainsi que M. Raffaëlli a déjà
essayé de nous le présenter. Quand il laisse
son écritoire et prend son crayon ou son pin-
ceau, le personnage replet et falot se trans-
figure ; il crée la sereine beauté, avec une
assurance, une clairvoyance, un tact infini-
ment supérieurs et à jamais dignes de véné-
ration, malgré tous les Cahiers, qui d'ail-
leurs ne nous apprennent rien.

On savait déjà les manies d'Ingres et son
égoïsme; on savait son entêtement provin-
cial de petit bonhomme rageur et autori-
taire. Une des raisons, dit-on, qui l'arrê-
tèrent de poursuivre la décoration de
Dampierre fut une querelle avec l'intendant
du cliàteau, au sujet de carottes, h'Age d'or
est cependant une belle chose. Et la redin-
gote de Berlin l'aîné! Et le pantalon du
Duc d'Orléans !

La race des imbéciles qui peignent de
pareils morceaux est abolie. Aujourd'hui,
les peintres disent Odusseus et non plus
Ulisse; ils ont des diplômes, ils ont de l'es-
prit. En sont-ils meilleurs peintres ? Cela
est douteux. En tout cas, ils ne sont pas de-
venus par là grands penseurs ; car de ré-
centes publications nous ont montré que
l'étiage littéraire de plusieurs maîtres mo-
dernes était fort au-dessous de la touchante
stupidité du père Ingres. Oui, la prose des
peintres est viande creuse ; autrefois, ils la
gardaient pour eux, ils la publient mainte-
nant ; je les plains fort s'ils tombent sous la
coupe de notre confrère de la Revue de

comme il pouvait des notions fort indigestes ?f£' S ^

' I die, je recommande la théorie du bloc comme

la seule qui soit admissible en matière de

critique d'art.
 
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