La chronique des arts et de la curiosité (1896)

N» 11. — 1896.

EUREAUX : 8, RUE FAVART

14 Mars

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

, SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN'

Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.

PARI5 ET DÉPÀRTEME.N.TS :

Un an......... 12 fr. ] Six mois ........ 8 fr.

PROPOS DU JOUR

La petite élite qui s'est donné la mission
•de lutter pour l'embellissement des objets
qui tombent journalièrement sous nos sens
a un large champ ouvert devant elle. Après
le billet de banque, le timbre-poste et la mon-
naie, après le programme des théâtres libres
et la carte d'invitation, après les enseignes et
■devantures commerciales, elle ne saurait se
reposer ni croire accompli son vaste aposto-
lat. Sans que le public en ait été informé, le
passe-port de la République française a été
modifié; l'antique vignette a été renouve-
lée. Il reste à réformer le Grand, sceau de
France, qui n'est pas au goût moderne ; il
reste le permis de chasse, qui est vierge de
toute image symbolique.

Il reste encore bien d'autre choses, et les
promoteurs de ces jolies réformes n'auraient
qu'à consulter les connaisseurs du passé
pour trouver des idées pleines d'avenir. En
voici un exemple : au xvme siècle, les
théâtres distribuaient des coupons décorés
par les meilleurs artistes ; la collection de
de M. E. de Goncourt nous a conservé ceux
de la Comédie-française et de la Comédie-
italienne, signés par Saint-Aubin et Lemire,
tous deux d'une admirable fantaisie. Mais
cette collection ne contient pas de contre-
marques artistiques ; il faut remonter plus
haut et-s'adresser aux archéologues. Il vous
diront que, dans les théâtres delà Rome an-
tique, on distribuait tantôt des jetons de
métal, tantôt des lentilles de verre, des tes-
sôres portant les indications nécessaires au
contrôle. Voilà une innovation à laquelle
applaudiraient les partisans de la méthode
antiseptique.

Il reste enfin à nos dessinateurs un bien
joli programme à remplir : les cartes à
jouer usitées en France sont dérivées des
anciens tarots et leur aspect est barbare. Or,
les types de César, de Rachel, de Xaintrail-
les, etc., ne sont pas imposés par le fisc,
mais acceptés par lui. Rien ne nous em-
pêche de les transformer.

NOUVELLES

C'est aujourd'hui qu'a lieu au Palais de
l'Industrie l'élection du jury de la Société des
artistes français (section de peinture). On sait
que soixante jurés doivent être élus, dont le
roulement composera les jurys des années
1896, 1897 et 1898.

Rappelons, à ce sujet, que le dépôt des œu-
vres de peinture doit être effectué du 14 au
20 mars.

La médaille d'honneur du Salon de la
Société lyonnaise des Beaux-Arts a été votée
à Lyon le 2 mars. Elle a été décernée à
M. Tony Tollet, pour sa Mort d'Arthur, par
79 voix contre 84 données à M. de Bélair.

Le 10 mars s'est ouverte à Vienne, en
môme temps que le Salon annuel de la So-
ciété des Artistes, une exposition d'œuvres du
peintre allemand Adolphe Menzel.

La Chambre des Communes vient d'ac-
cepter, en principe, l'ouverture des Musées
de Londres le dimanche; c'est maintenant à
la Chambre .des lords qu'il appartient de dé-
cider.

Le rapport annuel de lord Cromer sur
la situation de l'Egypte, qui vient d'être dis-
tribué, appelle l'attention sur la question de
la conservation des monuments du Caire et
contient, à ce sujet, un rapport détaillé de
M. Stanley Lane-Poole.