La chronique des arts et de la curiosité (1896)

N« 20. t- 1896.

BUREAUX : 8, RUE FAVART

16 Mai.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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PROPOS DU JOUR

Pour sujet du prix Bordin, l'Académie des
Beaux Arts a choisi, cette année, une ma-
tière dont l'ampleur et la portée philoso-
phique sont d'évidence, mais dont l'utilité
semblera contestable. « L influence de l'ar-
chéologie » sur l'architecture est un vaste
champ d études ; mais l'appréciation des
« avantages ou inconvénients » dus à la con-
naissance de l'archéologie en est un déme-
suré ; ce sont d'incessants procès à instruire,
et, à vrai dire, ce sujet plastique n'est qu'un
intitulé philosophique qui serait plus clair
sous cette forme : « réaction du passé sur le
présent dans les arts », ou simplement :
« l'imitation ».

Ce n'est pas là, d'ailleurs, toute l'étoffe du
mémoire que couronnera l'Académie : ce
mémoire doit aussi rechercher les « consé-
quences » que la science archéologique a pu
avoir en France sur l'architecture du xixe
siècle, et c'est ici que la tâche sera surtout dé-
licate. Est-ce un libre tableau de l'art de bâtir
depuis cent ans que l'auteur devra traiter?
Mais alors, convient-il qu'il précise l'unique
et dévorante influence arch'-ologique donnée
à Borne à quatre générations d architecte
français ? Est-ce de l'archéologie que d'étu-
dier à satiété le temple de Jupiter Stator, le
théâtre de Marcellus et le portique du Pan-
théon? Quelle sera la place de Yiollct-le-Duc
auprès de Percier? Ou bien visera-t-on l'im-
portance qu'ont eue les découvertes de la
Grèce et de 1 Orient sur l'essence théorique
de l'art architectonique, car cette découverte
n a pas eu de contre-coup sur la pratique,
non plus que la révélation du « gothique »
national ?

On sait que les règlements académiques
veillent sur les études que l'aspirant archi-
tecte a le droit d'entreprendre. Dans un
récent conseil de perfectionnement, les
voyages dans les provinces et les pays où lè
byzantin et le roman subsistent ont été
nettement qualifiés de dangereux; les voya-
ges à Constantinople, au Caire et dans toute
région où s'arrondissent encore des coupoles
ont été nettement prohibés. Ce n'est pas
l'archéologie qui surchargera les architectes
français du xxe siècle et entravera leur force
créatrice.

NOUVELLES

M. Daniel Dupuis, chargé d'établir le
nouveau type des monnaies de bronz», a pré-
senté hier au ministre des finances le modèle
qu'il a composé.

La collection de sculpture du Moyen
âge, au musée du Louvre, vient de s'enrichir
d'une nouvelle Madone appartenant à l'époque
de transition du roman au gothique. Cette
statuette de bois, qui repré enle la Vierge
assise, tenant sur ses genoux l'Enfant Jésus;
a élé trouvée, il y a quelques années, en Au-
vergne. C'est un bois du douzième siècle, qui à
gardé une partie de sa pulychromie et qui pré-
sente cetie particularité assez curieuse, que
les tèles des deux personnnjres sont mobiles.
Cette Madone est comparable, pour l'intérêt
d'histoire et d'art, aux slatues de pèlerinage
conservées à Sainl-Denis,. à Cluny et aux
Carrière-Saint Uenis. Elle est, avec le beau
Christ, d'époque romane, offert par M. Cëura*
jod, le plus ancien morceau de statuaire fran-
çaise que possède le Louvre. Elle est exposéo
depuis quelques jours dans la salle où se,
trouve la statue de saint Nicsise, provenant
de Reims et léguée récemment au musée par
M. Michaéli.