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La chronique des arts et de la curiosité — 1896

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Nr. 37 (28 Novembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19744#0359
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N° 37. — 1896

BUREAUX : 8, RUE FAVÀRÏ

28 Novembrê.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN

Les abonnés à une année- entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.

PARIS ET DÉPARTEMENTS :

Un an.........12 fr. | Six mois.....' . , . . 8 frr

PROPOS DU JOUR

La tactique des journalistes qui, tous les
matins, mangent froide une tranche prélevée
sur les parties vives de l'administration des
Beaux-Arts ressemble beaucoup à la tacti-
que des armées chinoises : faire beaucoup
de bruit, pousser des rugissements et, tout
en brandissant un roseau, porter sur la poi-
trine un dragon brodé qui fait une terrible
et martiale grimace : cela dispense d'avoir
un fusil et des cartouches, et il est en-
tendu que l'ennemi doit se retirer en désor-
dre devant ces épouvantails cousus de fil
blanc.

La presse quotidienne a la main spéciale-
ment malheureuse en ses critiques d'art à
main levée ; ou bien — cela est possible —
on la renseigne très mal et de très bas. Qui
donc, en dehors de la Chronique, a signalé
l'irréparable négligence du Louvre alors
qu'il se laissa récemment souffler le tableau
de Jean Fouquet de la collection Brentano ?
Le grief était d'importancej personne ne l'a
relevé ; mais voulez-vous. des griefs de ra-
bais ? En voici, et des plus étranges :

Un tableau de la décadence italienne a été
évacué sur Épernay. Beau prétexte à cla-
meurs mandarines. Naguère, cependant, il
n'y avait qu'une voix pour demander l'épu-
ration de la grande galerie et l'enlèvement
des insipides médiocrités bolonaises. Épurez,
et vous serez conspué; n'épurez pas, vous
serez conspué ilou.

Le Louvre — ceci est fort ancien — n'a
pas acheté les objets antiques que proposait
feu Schliemann. Ces objets étaient authen-
tiques et un grand journal du matin nous

va donner leur histoire, c'est-à dire celle de
la guerre de Troie, déjà esquissée dans
l'Iliade ; car Schliemann, l'homériste pas-
sionné qui éventra les tells de Bounarbaschi,
rapporta de ses fouilles de beaux, bijoux,
que l'opinion savante en France admira,
mais refusa de considérer comme provenant
du coffre-fort d'Hélène, et des cônes de terre
cuite portant des graffiti lisibles pour M. E.
Burnouf seul. Il va sans dire que la person-
nalité de Schliemann, lequel, tout en ba-
layant la boutique d'un épicier de Hambourg,
apprenait le grec pour lire l'Odyssée, fit sa
fortune dans le commerce de l'indigo,
fouilla Ithaque, Mycènes et les rives du
Scamandre, il va sans dire, disons-nous,
que cette personnalité reste en dehors du
débat. Pourquoi revenir aujourd'hui sur le
refus net et motivé qu'opposa l'archéologie
française aux propositions de Schliemann,
si ce n'est pour le plaisir d'être battu,
comme Martine dans la Comédie ?

Nous attendons avec un vif intérêt les cu-
rieuses révélations promises. Mais nous pou-
vons, d'ores et déjà,indiquer, aux chasseurs
de chevelures, des scalps tout aussi distin-
gués et bien à leur portée.

Il y a l'histoire des collections Cesnola efr
celle des poteries moabites ; il y a celle du
Pentateuque de Londres; là aussi, nos con-
servatoires ont opposé une fin de non-rece-
voir dûment méditée, et les savants de Berlin,
de Londres et de New-York nous ont sup-
plantés. Qu'on essaie aussi de rétablir ces
lointaines péripéties ! En voilà pour quelques
semaines.

Vraiment, le pire désordre règne dans l'at-
taque. Si la défense n'avait rien à se repro-
cher, elle saurait profiter d'un pareil désar-
roi pour présenter ses comptes et se targuer
 
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