La chronique des arts et de la curiosité (1896)

N° 40. — 1896.

BUREAUX : 8, RUE FAVART

19 Décembre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

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•''••'PROPOS DU JOUR

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Nous avons annoncé l'intéressante dé-
couverte archéologique faite en Tunisie, à
Sousse. A deux passes blanches murailles
de la ville, dans les champs d'oliviers où le
génie militaire exécute des travaux, on a mis
à jour en grattant le terrain une mosaïque,
sœur de la grande mosaïque de même pro-
venance conservée aujourd'hui au musée du
Bardo, mais plus intéressante en ce qu'elle
représente Virgile composant VÉnèide. La
trouvaille a été déposée au mess des officiers
de la garnison, qui contient quelques frag-
ments antiques intéressants, et nous souhai-
tons qu'elle y reste, car l'hospitalité de ce
cercle ajustement l'intimité qui manque au
musée beylical de Tunis.

Une photographie du monument fut, il y

a trois semaines, présentée à l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres. Depuis, un
grand journal illustré hebdomadaire et une
grande Revue d'art ont demandé communi-
cation de cette photographie ; il leur a été
répondu que l'Académie se la réservait pour
la publier dans les Mélanges Piot, l'introu-
vable et somptueux recueil qui donne la
consécration scientifique aux trésors du
passé.

Rien de plus contraire aux coutumes de
la science, aux traditions du libéralisme
français. Mettons que la présentation à
l'Académie soit une répétition générale ; le
lendemain, la pièce tombe dans le domaine
public et nous serions curieux de connaître
les précédents sur lesquels s'appuie la Com-
mission chargée d'éditer les Mélanges Piot
pour garder dans ses tiroirs des documents
graphiques, qui appartiennent à quiconque
veut les consulter, les commenter, les repro-
duire. A peine achetée, un dessin de la tjare
d'Olbia paraissait dans un grand quotidien,
puis dans un journal illustré, puis dans la
Revue d'art à laquelle nous faisions allu-
sion. Pendant qu'il avait encore les objets en
sa possession, M. de Rothschild autorisait li-
béralement la divulgation des photographies
du trésor de Bosco-Reale.

Nous sommes étonnés que l'Académie
excipe d'un droit de priorité ; elle n'a au-
cune mainmise sur les découvertes qui
viennent enrichir le patrimoine national,
aucun privilège éditorial à faire valoir, au-
cun visa à apposer ;... à moins que les sta-
tuts n'aient été revisés depuis peu de temps
et qu'elle ne soit devenue une sorte d'Impri-
merie nationale pourvue d'un monopole.