DOI Heft:
Nr. 14 (4 Avril)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19744#0135
N° 14. — 1896.
BUREAUX : 8, RUE FAVART
■■■■■■mBHmHanaannmmB
4 Avril.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLEMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT Ll SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
PARIS ET DÉPARTEME.N.TS :
Un an.........12 fr. | Six mois........8 fr.
PROPOS DU JOUR
Les grandes revues, et la Gazette des
Beaux-Arts la première, se donnent beau-
coup de mal pour conserver -à la critique
■d'art sa dignité, son impersonnalité. Les
jeunes revues se donnent moins de peine, et
accueillent les yeux fermés sur la matière
d'art les propos les plus familiers et parfois
les plus incongrus de leurs esthètes impro-
visés. Ceux-ci ont vraiment leur franc parler
•avec les maîtres, tutoient les plus vénérés,
•morigènent les maladroits et modèrent les
vaniteux.
C'est ainsi que, dernièrement, M. J.-K. Iluys-
mans a fait la leçon à Fra Angelico de Fie-
sole. Leçon paternelle, mais où le peintre
inhabile aurait trouvé son profit. Le critique
qui parla si bien jadis de ïhéotocopuli, est,
en effet, choqué par la mesquinerie de l'école
ombrienne, sa pauvreté, sa candeur un peu
sotte. « Au point de vue des couleurs, les
choix de l'Angelico sont réduits..... Il bal-
butie quand il touche au rose. — Ce qui
est moins explicable, c'est le choix limité
■des têtes qu'il adopta. Les patriarches aux
têtes barbues n'ont pas ces chairs d'hosties
presque lucides ou ces os perçant le par-
chemin d'un épidémie sec et diaphane;...
tous sont gens sanguins et bien portants.
Aucun de ses saints n'a l'allure d'un Père
du désert... En somme, ils figurent sur cette
toile une placide colonie de très braves
gens ».
Quant aux femmes, * toutes sont blondes
et fraîches, avec des yeux couleur de tabac
clair ; toutes forment un cortège de types un
peu gnan-gnan à cette Vierge au nez long,
au crâne d'oiselle. »
Nos lecteurs ont deviné que c'est du Cou-
ronnement de la Vierge qu'il est ici ques-
tion. Nous avons emprunté ces lignes à une
revue internationale grave et pénétrée de sa
mission, à cause de la signature qu'elles
portent : Ne. sutor, ultra crepidam.
NOUVELLES
*** M. Maurice Faure, député de la Drùme,
est nommé membre du Conseil supérieur des
Beaux-Arts, en remplacement de M. Boeswill-
wald, décédé.
#*# Le Sénat vient de nommer la Commis-
sion chargée d'examiner les plans de l'Expo-
sition universelle. La majorité des commis-
saires est favorable au principe de l'Exposition
avec extension sur la rive droite.
Dans la nuit du 28 au 29 mars, un in-
cendie a détruit, à Lille, l'église Saint-Sauveur,
l'hôpital y attenant, et la « Noble-Tour », ves-
tige des vieux remparts, bâtie en 1402. L'église
Saint-Sauveur, bâtie au-dessus d'une crypte
immense et surmontée d'un clocher de 60
mètres de hauteur, datait primitivement du
xivc siècle; mais elle avait été incendiée en
partie lors du siège de Lille par les Autri-
chiens, en 1792. Au point de vue archéolo-
gique, l'intérêt de cette construction était
amoindri par une voûte en bois qui cachait
les arceaux primitifs; néanmoins, l'ensemble
était imposant, et c'était encore un des plus
beaux monuments religieux de Lille. Le
chœur avec ses vitraux et le maître-autel, qui
sont modernes, ont pu être sauvegardés. Plu-
sieurs objets d'art, parmi lesquels on cite un
tableau représentant une Descente de croix,
ont péri dans ce sinistre.
Des travaux de réparation aux bâti-
ments de la maîtrise de Rouen viennent do
BUREAUX : 8, RUE FAVART
■■■■■■mBHmHanaannmmB
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PROPOS DU JOUR
Les grandes revues, et la Gazette des
Beaux-Arts la première, se donnent beau-
coup de mal pour conserver -à la critique
■d'art sa dignité, son impersonnalité. Les
jeunes revues se donnent moins de peine, et
accueillent les yeux fermés sur la matière
d'art les propos les plus familiers et parfois
les plus incongrus de leurs esthètes impro-
visés. Ceux-ci ont vraiment leur franc parler
•avec les maîtres, tutoient les plus vénérés,
•morigènent les maladroits et modèrent les
vaniteux.
C'est ainsi que, dernièrement, M. J.-K. Iluys-
mans a fait la leçon à Fra Angelico de Fie-
sole. Leçon paternelle, mais où le peintre
inhabile aurait trouvé son profit. Le critique
qui parla si bien jadis de ïhéotocopuli, est,
en effet, choqué par la mesquinerie de l'école
ombrienne, sa pauvreté, sa candeur un peu
sotte. « Au point de vue des couleurs, les
choix de l'Angelico sont réduits..... Il bal-
butie quand il touche au rose. — Ce qui
est moins explicable, c'est le choix limité
■des têtes qu'il adopta. Les patriarches aux
têtes barbues n'ont pas ces chairs d'hosties
presque lucides ou ces os perçant le par-
chemin d'un épidémie sec et diaphane;...
tous sont gens sanguins et bien portants.
Aucun de ses saints n'a l'allure d'un Père
du désert... En somme, ils figurent sur cette
toile une placide colonie de très braves
gens ».
Quant aux femmes, * toutes sont blondes
et fraîches, avec des yeux couleur de tabac
clair ; toutes forment un cortège de types un
peu gnan-gnan à cette Vierge au nez long,
au crâne d'oiselle. »
Nos lecteurs ont deviné que c'est du Cou-
ronnement de la Vierge qu'il est ici ques-
tion. Nous avons emprunté ces lignes à une
revue internationale grave et pénétrée de sa
mission, à cause de la signature qu'elles
portent : Ne. sutor, ultra crepidam.
NOUVELLES
*** M. Maurice Faure, député de la Drùme,
est nommé membre du Conseil supérieur des
Beaux-Arts, en remplacement de M. Boeswill-
wald, décédé.
#*# Le Sénat vient de nommer la Commis-
sion chargée d'examiner les plans de l'Expo-
sition universelle. La majorité des commis-
saires est favorable au principe de l'Exposition
avec extension sur la rive droite.
Dans la nuit du 28 au 29 mars, un in-
cendie a détruit, à Lille, l'église Saint-Sauveur,
l'hôpital y attenant, et la « Noble-Tour », ves-
tige des vieux remparts, bâtie en 1402. L'église
Saint-Sauveur, bâtie au-dessus d'une crypte
immense et surmontée d'un clocher de 60
mètres de hauteur, datait primitivement du
xivc siècle; mais elle avait été incendiée en
partie lors du siège de Lille par les Autri-
chiens, en 1792. Au point de vue archéolo-
gique, l'intérêt de cette construction était
amoindri par une voûte en bois qui cachait
les arceaux primitifs; néanmoins, l'ensemble
était imposant, et c'était encore un des plus
beaux monuments religieux de Lille. Le
chœur avec ses vitraux et le maître-autel, qui
sont modernes, ont pu être sauvegardés. Plu-
sieurs objets d'art, parmi lesquels on cite un
tableau représentant une Descente de croix,
ont péri dans ce sinistre.
Des travaux de réparation aux bâti-
ments de la maîtrise de Rouen viennent do