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La chronique des arts et de la curiosité — 1896

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Nr. 31 (3 Octobre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19744#0307
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N° 31. — 1896 BUREAUX : 8, RUE FAVART 3 Octobre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN '.

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la Chronique des Arts et de la Curiosité.

PARIS ET DÉPARTEMENTS :

Un an.........12 fr. | Six mois........8 frr

PROPOS DU JOUR

■ Les critiques d'art de nos jours font par-
fois d'autres maladresses que d'abuser du
mot synthèse. Un de nos amis, absent de
Paris, nous envoie les réflexions suivantes
à propos d'un récent incident :

« Comme ils sont rares ceux qui ont cette
équité que donnent l'expérience et la compétence
techniques ! La gloire de Millet semble confiée
désormais à quelques-uns de vos confrères qui
ne peuvent souffrir que des artistes profession-
nels en sachent plus long qu'eux. Millet ne serait
pas un peintre s'il n'avait cherché toute sa vie;
sa facture est l'image d'un immense et constant
tâtonnement. Or, ii faut être peintre soi-même
pour y établir des degrés. Par exemple, elle fut
rarement plus lourde, plus pâteuse et plus dénuée
de mystère que dans le célèbre tableau de Y An-
gélus, plus expressive, plus profonde, plus in-
saissable que dans les Glaneuses du Louvre. Si
on proposait à un artiste soucieux de son propre
renom de copier l'une ou l'autre de ces toiles, il
répondrait, n'en doutez pas : « Je vous copierai
« l'Angélus à s'y tromper et sans grande peine;
« mais, pour les Glaneuses, je n'essaierai même
« pas : cela est fait avec du génie. »

« Gomment voulez-vous que nos critiques sen-
tent cela ? Vous rappelez-vous encore certaine
Bergerie au lever de la lune, exposée jadis au
pavillon de Flore ? Pour nous, c'était un pur
chef-d'œuvre de facture, et pourtant rien dans la
touche de ce grand ciel nocturne ne pouvait révé-
ler un Millet. Ce sont, à coup sûr, les moutons
et le berger qui lui confèrent son authenticité et
son prix aux yeux des juges pressés et prévenus.

« J'ai donc hâte de voir le tableau contesté.
Mais à cette polémique j'ai perdu une de mes
illusions, et je vous dirai laquelle. Pour donner
plus de poids aux reproches qu'il adresse à l'Ad-
ministration officielle au sujet de Millet, M. Henri

Eochefort a malmené bien durement un fragile et
délicat bijou, ce portrait énigmatique attribué à
Prudhon qui fut récemment acquis par le Louvre.
Si le Louvre l'eût refusé, certes l'œuvre aurait
trouvé grâce.

« Voici, un beau matin, cette aristocratique
figure qualifiée do rondouillarde, déclarée in-
digne du peintre de Mll° Jarre et adjugée dédai-
gneusement â Heim ou consorls. Je croyais que
les amateurs, j'entends les collectionneurs qui
ont fait leurs preuves, pouvaient, en certains
cas, acquérir le tact de la technique, ce sens in-
time de l'art. M. Eochefort n'a pas acquis ce
tact-là encore. Nous sommes d'avis, comme lui,
que ce merveilleux portrait n'est pas de Prudhon,
et nous le regrettons pour Prudhon; seulement,
il devient évident que seul un peintre peut en
pénétrer la secrète beauté et que ni ceux qui
l'ont acheté, peut-être, ni ceux qui le jugent, à
coup sûr, ne voient la place unique qu'il occupe
au musée. Comme le catoblepas de la Tentation
de saint Antoine, ces messieurs se rongent les
pattes sans s'en apercevoir. »

M. Paul Dosjardins vient d'avoir une heu-
reuse initiative : tous nos lecteurs ont vu
ou verront l'affiche murale, la grande litho-
graphie d'après le carton de M. Puvis de
Chavannes pour ses peintures du Panthéon,
posée dans Paris par les soins d'une Société
qui veut que les yeux du premier passant
trouvent sur les murs de Paris autre chose
que d'ineptes images. Nous n'avons pas ici
à discuter le but ultérieur où tend cette So-
ciété et ne pouvons que lui souhaiter de
faire toujours d'aussi heureux choix; car,
en ce qui concerne la propagande purement
artistique, la seule qui nous intéresse, elle
s'est d'abord adressé si haut, en vulgarisant
une des plus belles compositions du maître
 
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