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La chronique des arts et de la curiosité — 1896

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Nr. 7 (15 Février)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19744#0068
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58 LA CHRONIQUE DES ART S

tenture? La lenteur que Boucher mettait à
exécuter ses commandes permettrait de le
supposer, d'autant qu'aucune ordonnance
de payement n'existe relativement à ces
commandes.

Quoi qu'il en soit, ce tableau figure actuel-
lement au musée d'Angers, auquel il fut en-
voyé par l'État en 1799; il porte 3m,20 en
carré et est signé F. Boucher 1761; il a été
gravé parGibert dans le Muséum d'Angers.

(A suivre.) Fernand Engerand.

Académie des Inscriptions

Séance du 7 février 1896

M. Mûntz communique de la part de M. Maxe-
Werly un mémoire sur le séjour à Bar-le-Duc
d'un sculpteur et médailleur célèbre du xv° siècle,
Pierre de Milan.

M. Héron de Villefosse fait part à l'Académie
des renseignements qu'il a reçus du P. Delattre
sur les fouilles que cet érudit poursuit à Car-
tilage.

M. S. Reinach lit une étude sur les figures
rouges décorant un vase en céramique découvert
dans l'acropole de Rhodes et qui paraît dater de
l'an 410 avant J.-C.

Restaurations à Versailles

Les travaux de restauration du palais et des
jardins de Versailles se poursuivent, non sans
péripéties. Cependant, comme ils ont eu un com-
mencement, on peut présumer qu'ils auront une
fin, et qu'on reverra, un jour, dans son intégrité,
ce monument type de l'art français, monument
unique par sa grandeur, sa beauté et ses souve-
nirs.

On n'a pas méaagé les blâmes à ces essais de
restitution. La direction des Bâtiments civils a
été magistralement sermonnée et les architectes
ont reçu la férule sans avoir tendu les doigts.
Mais cette fois, les critiques n'étaient pas suffi-
samment documentées. Les Bâtiments civils ont
assez de péchés artistiques à se faire pardonner
pour qu'on ne les charge pas, à plaisir, d'un nou-
veau méfait.

Donc, le château de Versailles et particulière-
ment la sculpture des fontaines ont manifesté,
depuis leur réfection, un luxe criard, comme une
splendeur de clinquant. Les ors ont paru trop
éclatants, les marbres trop blancs, les arêtes trop
vives, les moulures trop nettes, enfin, tout ce qui
a été touché a pris un aspect de neuf qui, comme
chacun sait, est essentiellement anti-artistique.
On a regretté les tons effacés, les nuances pâlies,
les arêtes émoussées par le temps, en un mot tout
ce qui, pour l'œil, constitue le charme de la

ruine. j violacées, tout ce qui, dans la gamme des cou

monument se dégrader lenlement pour disparaî-
tre à jamais, ou le restaurer ; et, en ce cas, il
faut que la restauration soit franche, que statues,
fontaines ou corniches soient rétablies dans leur
état originel. Rien n'est plus contraire à l'art que
cette sorte de truquage par lequel on patine la
pierre neuve, où l'on éteint les ors pour leur don-
ner un faux aspect de vieillesse. Une restauration
n'est pas une opération frauduleuse destinée à trom-
per l'amateur; elle doit être une restitution vigou-
reusement loyale, et ce n'est pas un de ses moin-
dres mérites que de nous donner d'une œuvre,
après des siècles, l'impression qu'ont dû éprouver
devant elle ceux qui, les premiers, l'ont contem-
plée.

Sous Louis XIV, Versailles était éblouissant
de blanc, d"or et de rose se détachant sur le vert
sombre des charmilles. A défaut d'un peu d'ima-
gination qui restitue dans l'esprit les choses en
leur premier état, les documents contemporains
ne manquent pas pour faire revivre leur aspect
primitif. Il en est un, entre autres, qui est des
plus significatifs. C'est un recueil d'estampes inti-
tulé : « Les Plans, profil et élévations des ville et
château de Versailles, avec les bosquets et fon-
taines tels qu'ils sont à présent, levés, dessinés
et gravés en 1714 et 1715. Ce qui s'observe lors-
qu'on fait voiries Bosquets et Fontaines par or-
dre de Sa Majtsté. » En d'autres termes, l'ou-
vrage pourrait s'appeler : Guide du visiteur des
châteaux de Versailles, Trianon et Marly.

Des exemplaires de ce recueil d'estampes ont
élé coloriés et offrent, par là. un intérêt particu-
lier. Les enluminures sont assez grossières, mais
exacles. Elles confirment consciencieusement les
légendes, et l'ensemble donne une idée très pré-
cise du Versailles de Louis XIV, â l'époque où
tous les grands travaux extérieurs étaient ache-
vés.

Dans la Fontaine de Latône, « les soubasse-
ments des nappes d'eau sont de jaspe ainsi que
le piédestal du groupe de Latone. » Les tritons
et les génies de la Fontaine d'Apollon ont été
dorés par l'enlumineur contemporain. Les deux
temples carrés de la Fontaine des Dômes sont
de marbre blanc et de marbre rose. « Les orne-
ments, les génies, les trophées des panneaux inté-
rieurs et extérieurs sont de bronze doré d'or
moulu. » Dans le bosquet des Bains d'ApollonT
les groupes des chevaux et des tritons de marbre
blanc, étaient « couvert chacun d'un baldaquin
en bronze doré. » De même, l'Arc de triomphe
était fait, tout entier, de métal doré.

Une vue du « Château Royal de Marly » nous
montre également le pavillon de Louis XIV cons-
truit sur les dessins de Lebrun, en marbre blanc
aux pilastres de marbre rose, et couvert, de la
base au faîte, d'ornements, de trophées et de vases
en bronze doré.

Ces trois tons : blanc, or, rose, peuvent donc
être considérés comme les dominantes des cons-
tructions élevées dans les jardins de Versailles.
Il est à souhaiter qu'on les rétablisse dans toute-
leur fraîcheur, sans se préoccuper des critiques
inévitables.

La vérité est que nous sommes déshabitués des
colorations franches et robustes. Il faut à notre
regard fatigué les tons rompus, les harmonies

Cependant, il faudrait choisir : ou laisser le • leurs, défaille et s'écroule. Nous nous complai-
 
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