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La chronique des arts et de la curiosité — 1896

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Nr. 15 (11 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19744#0145
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ET DE LA

qu'il ait faits (1). Je signalerai également de
jolies études de M. Gervex, un solide portrait
■de la baronne Gustave de Rothschild, par
M. René Gilbert, et des œuvres diverses de
MM. Billotte, Maurice Eliot, Latouche et
Laurent-Desrousseaux. Si je n'insiste pas
plus longuement sur ces artistes, c'est que
j'ai dit maintes l'ois leurs mérites divers et
que leurs envois n'indiquent aucune évo-
lution nouvelle, ne marquent ni progrès ni
défaillance notables.

Ce sont des morceaux de haut goût que
ceux exposés par M. Ménard. Il faut y voir
moins des paysages proprement dits que de
poétiques visions de nature, où l'artiste a
résumé, avec un art très subtil et très sûr,
certaines impressions fugitives, certaines
harmonies de couleur dont il nous commu-
nique l'indéfinissable et poignante émotion.

La Société des Pastellistes ne se recrute
que parmi les artistes français ; elle a cepen-
dant accueilli cette année, à titre d'invité
étranger, un flamand, M. Baertsoen, qui
représente avec honneur l'art de son pays.
J'ai remarqué surtout, parmi ses envois, un
Quai flamand que baignent les eaux limo-
neuses d'un lleuve, tandis que, sur les mai-
sons qui le bordent, dans un ciel morne et
blafard, pèsent lourdement de gros nuages
gonflés de pluie. C'est très simple, très sobre
et très saisissant.

Saluons, en terminant, le pauvre Lucien
Doucet, mort au début de cet hiver avant
d'avoir atteint la quarantaine. Trois por-
traiis, pieusement voilés de crêpe, rappelle-
ront au visiteur ce talent un peu mièvre
sans doute, mais consciencieux et probe, et
qui, peut-être, n'avait pas dit son dernier
mot. Un de ces portraits, laissé à l'état
d'ébauche et d'une exécution plus libre que
celle qui lui était coutumière, autoriserait
cette supposition.

Le « grand art » n'a rien à voir avec les
nombreuses caricatures que M. Guillaume,
depuis plusieurs années, prodigue avec une
verve intarissable dans la plupart de nos
journaux illustrés. Sans doute, l'artiste ne
connaît pas les larges simplifications d'un
Daumier ou d'un Forain ; if a su, du moins,
se faire un genre à lui, bon enfant, alerte et
spirituel, et si ses légendes n'ont pas Tanière
saveur qui fait penser le philosophe, elles
ont la franche gaieté qui déride et récrée les
honnêtes gens. A ce titre, je recommanderai
l'exposition que M. Guillaume a organisée
naguère à la Bodinière. Je m'y suis franche-
ment amusé pendant une demi-heure. Par
le temps de pessimisme qui court, cela n'est
pas à dédaigner.

0. F.

Le Salon des Indépendants s'est ouvert,
au Champ de-Mars, palais des Arts libéraux,
le 1er avril. Ce n'est plus le beau temps des

(1) Nous ne nous doutions pas, hélas ! au mo-
ment même où nous écrivions ces lignes, que
l'œuvre de i'éminent artiste était close.

CURIOSITÉ 135

luttes, alors que lïmpressionnisme n'avait
point encore fait fortune, que le Salon des
Champs-Elysées lui était fermé, que celui
du Champ-de-Mars venait à peine de se
fonder. Depuis trois ans, les Indépendants
baissent d'année en année, et £e ne sera
bientôt plus qu'une exposition d'amateurs
échappant à tonte critique.

Albert André. — Quatre décorations
pour un vestibule, qui rappellent les pan-
neaux de Paul Bonnard. C'est agréable, mais
un peu trop facile.

Emile Boggio. — Un joli Intérieur de
Noire-Dame de Paris. Peinture colorée et
vibrante, sans effets tapageurs.

Earl Butler. — Un impressionniste fé-
minin, point du tout maladroit, un peu fade
cependant.

Georges Chaui>et.—Il est à l'âge où il
est honorable d'afficher son admiration pour
un maître. Le sien est Cézanne.

MU» Lucie Coxkxixg. — Des Renoir de la
t.lernière manière, qui n'est pas la bonne.

H. E. Cros. — Adepte du pointillisme, ses
peintures sont d'une facture un peu lourde.
Nous l'avons connu plus brillant.

Georges Danikl-Montfrkid. — Il s'affran-
chit de l'inffuence trop immédiate de' Gau-
guin. Le portrait qu'il expose est un excel-
lent portrait ; les cartons qu'il a composé
pour M. L. D. Tournel qui, dans ses mo-
saïques sur verre, s'est montré original et
artiste, sont bien dans le caractère du vitrail.

Gustave Jossot. — M. Jossot, sans pré-
tention, au moyen de procédés simples de
couleur et de dessin qu'il emprunte à M.
Paul Ranson, nous présente, avec esprit et
bonne humeur, des motifs décoratifs pour
cafés ou salles de billard. La donnée d'art
de ces décorations n'est pas très haute, mais
elles sont admirablement adaptées à leur
destination. Le bouchon récalcitrant, L'ac-
croc, Un coup difficile, tout cela est irrésis-
tible de drôlerie et d'un caricatural bien fait
pour des murs.

MUe Lisbeth. — Dans une série de natures
mortes, Mlle Lisbeth, initiée par Eugène
Carrière, un bon maître, fait preuve d'un
sens très intelligent des valeurs.

Maximilien Luce. — Peinture toujours
un peu commune. Il reste fidèle au pointil-
lisme, aux théories de Seurat, qui l'avait in-
venté, et de Charles Henry, physicien, qui
l'avait expliqué. Voir Épicerie rue des
Abbesses, qui donne assez bien l'illusion
du mouvement et de la vie.

Paul Sigxac. — M. Paul Signac est aussi
l'un des derniers survivants des luttes pour
le pc-mtillisme, chose aujourd'hui morte.
Toujours la même froideur de couleur, la
même géométrie de ligne.

Hippolyte Petitjean. — Quitte le poin-
tillisme pour les hachures, mais ne renon-
cera jamais à ses compositions académiques.

Edvard Munch. — Ce jeune peintre nor-
 
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