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La chronique des arts et de la curiosité — 1896

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Nr. 15 (11 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19744#0149
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ET DE LA CURIOSITÉ 139

gnant de tendances bien différentes, et une sym-
phonie de M. Saint-Saëns, la première qu'il ait
composée. Tout d'abord, nous avons eu une ou-
verture de M. Mestres qui, bien qu'écrite sur un
sujet indéterminé par le programme, n'y figurait
pas mo:ns avec l'épithète de «dramatique», c'est-
à-dire que l'auteur proposait indirectement au
public de deviner ce qu'il avait voulu exprimer.
Ces sortes de charades musicales risquent de de-
meurer incomprises et, vraiment, il nous a été
bien difficile de saisir'pourquoi, après une expo-
sition assez ordinaire, d'un caractère pastoral et
des développements scolastiques, l'auteur faisait
éclater dans l'orchestre le motif bien connu de
la «charge». Est-ce une opposition musicale
de la paix et de la guerre que M. Mestres a
voulu rendre ? Ou son ouverture est-elle écrite
pour un opéra militaire? On ne peut que se perdre
en vaines conjectures. Toutefois, il faut recon-
naître que ce travail dénote un musicien adroit
et assez expert dans l'art des combinaisons ins-
trumentales.

La symphonie de M. Saint-Saëns exécutée à
cette séance est, disons-nous, la première qu'il
ait composée. Il avait dix-sept ans quand il l'é-
crivit et était alors inconnu du grand public. Ber-
lioz, qui connaissait son œuvre, la recommanda
à Seghers, le chef d'orchestre de la Société de
Sainte-Cécile ; celui-ci la mit au programme de
l'un de ses concerts et la joua sans nom d'auteur
avec un succès tel que le compositeur se décida à
se nommer. Depuis, on a rarement entendu cet
ouvrage dans son entier; du moins nous ne nous
souvenons pas l'avoir vu sur aucun programme
depuis dix ans. C'est une symphonie dans le sens
le plus classique du mot et l'on y reconnaît un
familier des grands maîtres du genre. Pourtant,
deux des morceaux qui la composent montrent
déjà entièrement la personnalité de l'auteur, et si
le premier morceau est d'une facture un peu schu-
bertienne et le finale un peu trop imité de Bee-
thoven, le scherzo et Vandante peuvent compter
parmi les plus gracieuses inspirations de M. Saint-
Saëns et ne relèvent que de son ingéniosité et de
son élégance natives. On a entendu avec le plus
vif intérêt cette composition, où se fait si bien
pressentir l'originalité d'un maître.

Lie Requiem de M. Bruneau fut écrit il y a
environ une dizaine d'années, alors que l'auteur
cherchait encore sa vraie voie, ainsi qu'il apparaît
à certains tâtonnements de style parfois dispa-
rate. Mais on y trouve déjà une personnalité très
marquée, se décelant par la recherche souvent
heureuse d'effets nouveaux et frappants. La har-
diesse de métaphore musicale que possède
M. Bruneau et qui l'entraîne parfois à risquer
des expressions qui violentent tant soi peu le
langage harmonique ordinaire se l'ait jour çà et
là dans cette œuvre de ses débuts. Mais il faut
reconnaître qu'il la met au service d'un sentiment
toujours sincère, souvent puissant en son étran-
gelé et en tous cas jamais banal. Le Bies irœ
est d'une conception émouvante et l'auteur a
tiré un parti remarquable du thème liturgique,
qu'il fait sonner en fanfares stridentes par des
cuivres, se répondant de chaque côté du théâtre,
sur un allegro tumultueux où se mêlent comme
emportées en un souffle d'abîme les voix du
chœur et celles de l'orchestre. C'est la maîtresse
page de la partition, mais on en trouverait à citer

encore beaucoup d'autres qui se recommandent
par des qualités différentes : le premier chœur,
entre autres, d'une imposante grandeur et d'une-
large simplicité. Le Requiem de M. Bruneau a
été remarquablement exécuté par Mmes B isman et
Héglon et MM. Vaguet et Delmas ; l'auteur avait
d'ailleurs pris la direction de l'ensemble et lui
communiquait une énergique impulsion.

Le Saint Georges de M. Paul Vital est aussi
une œuvre de débutant; l'auteur de Guernica le-
composa pendant le temps de son pensionnat à
Rome. On y trouve déjà toute l'expérience d'un
musicien aguerri mise au service d'une grande-
fraîcheur de sentiment et d'une vraie spontanéité
de pensée. Ce petit oratorio, d'un ton légendaire
et parfois volontairement naïf se divise en quatre
scènes de couleur et de situation tranchées, qui
offraient au compositeur la matière d'une parti-
tion variée et intéressante. La première nous-
montre saint Georges se reposant auprès de son
cheval dans une prairie ensoleillée, et prétexte un
joli tableau musical d'une grande délicatesse de
contours. La seconde nous fait entendre un chœur
de lamentations accompagnant l'arrivée de la
princesse Selenis, qui va être livrée au dragon et
donne lieu à un heureux contraste d'expression..
La troisième dépeint avec une curieuse recherche
pittoresque le combat du bon chevalier et du
monstre, et la quatrième, consacrée à la célébra-
tion du triomphe de Saint Georges, conclut l'ou-
vrage par un ensemble dans le style de l'oratorio
classique plein de chaleur et d'effet très brillant.
La musique de M. Vidal, bien chantée par-
Mlle Bcrthet et M. Affre, a remporté le plus franc-
succès.

P. D.

NÉCROLOGIE

Duez

Duez, si cruellement, si subitement enlevé à-
l'affection et à l'estime de ses confrères, fut un
artiste épris d'art, au talent pur d'alliage, au ca-
ractère fait de force et de douceur. La Gazette
des Beaux-Arts s'apprête à lui consacrer l'hom-
mage d'une étude bien méritée par son œuvre.

Disons seulement aujourd'hui qu'Ernest Duez
était né à Paris le 8 mars 1813. Il avait travaillé
dans l'atelier de Pils et débuté au Salon de 1868
par une Mater Bolorosa. Son premier succès fut
le diptyque Splendeur et Misère, qu'on vit au
Salon de 1874 : d'un côté, la courtisane au mi-
lieu de son luxe, de l'autre, la vieille chiffon-
nière.

Après les Pivoines (1876), portrait de Mm°D....
(1877), et le Chemin difficile (1878), Duez- fit de
nouveau parler de lui avec son grand triptyque de
Saint Cuthberl, actuellement au Luxembourg.
Citons encore le portrait du peintre Ulysse Butin,
le Saint François d'Assise, la. Vieille Pêclieuse^.
le Soir, vaste paysage normand, Virgile dans les
bois, destiné à laSorbonne, Autour de la lampe,
le Portrait rouge, la Nursery de la Maternité,
exposée l'an dernier, etc., et tous les ans, de char-
mants pastels, des aquarelles savoureuses..
 
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