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LA CHRONIQUE DES ARTS
République coiffée d'un élégant casque Renais-
sance, et, au revers, un trophée composé
d'attributs de l'armée de terre et de l'armée
de mer.
L'œuvre est d'une remarquable harmonie et
t'ait le plus grand'honneur au maître gra-
veur. Grâce à l'obligeance de M. Roly, nous
pouvons en donner à nos lecteurs l'image que
voici.
Gomme nous l'avons annoncé, les mu-
sées de Londres vont désormais être ouverts
au public le dimanche. L'essai qui vient d'en
être fait confirme l'opportunité de celte me-
sure, par le grand nombre de visiteurs qui en
ont profité.
A partir de mai, tous les musées seront le
dimanche ouverts aux visiteurs. Avant peu,
une loi du Parlement aura sans doute gé-
néralisé cette mesure à tout le pays.
L'Académie des Beaux-Arts de Dresde a
élu parmi ses membres le peintre et aquafor-
tiste Max Klinger, notre compatriote M. A. Bes-
nard, le dessinateur Walter Crâne de Londres,
et le professeur César Maeeari, de Rome.
Un Plafond détruit du Primatice
Le musée du Louvre possède, de la main du
Prinialice, un dessin exposé sous le numéro "<!.0,
et représentant La lune sur son char qui cède
la place au char du soleil. Quoique ce dessin
ait été évidemment fait pour un plafond, nous
n'avons pu déterminer jusqu'ici à quel endroit le
Primatice l'avait destiné. Les descriptions qui
reslent de la voûte de la Galerie d'UJysse ne per-
mettent pas de croire que celte composition y ait
été exécutée. Mais ce qu'il est fort intéressant de
savoir, c'est qu'il exislc, dans la collection du
prince de Liechtenstein, à Vienne, une copie de
ce plafond qui a été détruit.
Celle copie est do Rubens, et la complaisance
de M. Max Roo-iPS d'Anvers nous en a révélé
l'existence. Entre le dessin du Louvre et cetie co-
pie, on remarque des changements qui sont assez
notables; mais, en présence de l'un et de l'autre
document, il était assez difficile de dire auquel
des deux le plafond a ressemblé ; des infidélités
de la part du copiste n'étant pas chose plus im-
probable que des corrections de la part de l'auteur.
Une nouvelle pièce tranche la difficulté : c'est une
autre copie du même plafond parle même Rubens,
présentement entre les mains de if. Sedelmeyer,
et que nous venons de découvrir. Elle est sur
bois comme celle de Vienne, absolument sem-
blable et presque de même dimension. Le Rubens
de Vienne mesure 0"',55 sur 0",93, celui de Paris,
0"',55 sur 0,90.
Outre l'intérêt qu'il y a de signaler un si pré-
cieux morceau et qui, pour le dire en passant,
tiendrait si bien sa place au Louvre, celle double
copie de la même o;uvre nous permet de tirer
les conclusions qu'une copie unique . n'autorisait
point.
Nous sommes maintenant assuré que, dans la
composition qui nous occupe, le Primatice lui-
même a supprimé la figure du Temps qu'on
trouve dans le dessin à gauche, et (nous laissons
de côté quelques autres modifications de détail)
qu'il a changé le mouvement des bras de Diane
et celui de la tôle d'Apollon. Ce dernier, dans le
dessin, tourne la tête à gauche ; elle est relevée
dans le plafond et ramenée à droite ; le bras droit
de Diane paraît au-dessous de son bras gauche
dans le dessin ; il est placé au-dessus dans le
plafond. Ces deux derniers changements, dont le
résultat est de mieux l'aire plafonner les figures,
fournissent une indication qui mérite d'être re-
tenue.
Enfin, le dessin du Louvre est cintré aux deux
bouts et les copies de Rubens sont de forme rec-
tangulaire. Or, on ne saurait admettre que ce
détail de forme soit le fait du copiste seulement,
car plusieurs parties de la peinture, les pieds des
chevaux attelés au char de Diane, quelques mem-
bres des figures, dans le haut à droite, se trou-
veraient coupées dans la copie si l'on y rétablis-
sait le cintre ; au contraire, dans le dessin, ces
parties ne sont point vues ou les mouvements
présentent des différences qui rendent l'adaptation
possible, il paraît donc certain que ce dessin cin-
tré s'est trouvé utilisé pour un espace rectangu-
laire.
Un autre renseignement touchant ce même
dessin du Louvre nous est fourni par un dessin
que possède M. Max Rooses. Ni Burtsch, ni Ro-
bert Dumesnil, ni Passavant n'ont signalé de
gravure d'après la composition dont il s'agit. Or,
le dessin de M. Max Rooses, copie évidemment
postérieure, mais fort exacte, à la plume et à
l'encre de Chine, de celui du Louvre le repré-
sente en contre-partie. Ce renversement ne parait
devoir s'expliquer que si l'on suppose l'existence
d'une ancienne estampe dont on aura perdu la
trace, faite d'après le dessin du Louvre, eu contre-
partie selon l'usage d'alors, et dont le dessin de
M. Max Rooses serait une copie.
L. DlMlKK.
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LA CHRONIQUE DES ARTS
République coiffée d'un élégant casque Renais-
sance, et, au revers, un trophée composé
d'attributs de l'armée de terre et de l'armée
de mer.
L'œuvre est d'une remarquable harmonie et
t'ait le plus grand'honneur au maître gra-
veur. Grâce à l'obligeance de M. Roly, nous
pouvons en donner à nos lecteurs l'image que
voici.
Gomme nous l'avons annoncé, les mu-
sées de Londres vont désormais être ouverts
au public le dimanche. L'essai qui vient d'en
être fait confirme l'opportunité de celte me-
sure, par le grand nombre de visiteurs qui en
ont profité.
A partir de mai, tous les musées seront le
dimanche ouverts aux visiteurs. Avant peu,
une loi du Parlement aura sans doute gé-
néralisé cette mesure à tout le pays.
L'Académie des Beaux-Arts de Dresde a
élu parmi ses membres le peintre et aquafor-
tiste Max Klinger, notre compatriote M. A. Bes-
nard, le dessinateur Walter Crâne de Londres,
et le professeur César Maeeari, de Rome.
Un Plafond détruit du Primatice
Le musée du Louvre possède, de la main du
Prinialice, un dessin exposé sous le numéro "<!.0,
et représentant La lune sur son char qui cède
la place au char du soleil. Quoique ce dessin
ait été évidemment fait pour un plafond, nous
n'avons pu déterminer jusqu'ici à quel endroit le
Primatice l'avait destiné. Les descriptions qui
reslent de la voûte de la Galerie d'UJysse ne per-
mettent pas de croire que celte composition y ait
été exécutée. Mais ce qu'il est fort intéressant de
savoir, c'est qu'il exislc, dans la collection du
prince de Liechtenstein, à Vienne, une copie de
ce plafond qui a été détruit.
Celle copie est do Rubens, et la complaisance
de M. Max Roo-iPS d'Anvers nous en a révélé
l'existence. Entre le dessin du Louvre et cetie co-
pie, on remarque des changements qui sont assez
notables; mais, en présence de l'un et de l'autre
document, il était assez difficile de dire auquel
des deux le plafond a ressemblé ; des infidélités
de la part du copiste n'étant pas chose plus im-
probable que des corrections de la part de l'auteur.
Une nouvelle pièce tranche la difficulté : c'est une
autre copie du même plafond parle même Rubens,
présentement entre les mains de if. Sedelmeyer,
et que nous venons de découvrir. Elle est sur
bois comme celle de Vienne, absolument sem-
blable et presque de même dimension. Le Rubens
de Vienne mesure 0"',55 sur 0",93, celui de Paris,
0"',55 sur 0,90.
Outre l'intérêt qu'il y a de signaler un si pré-
cieux morceau et qui, pour le dire en passant,
tiendrait si bien sa place au Louvre, celle double
copie de la même o;uvre nous permet de tirer
les conclusions qu'une copie unique . n'autorisait
point.
Nous sommes maintenant assuré que, dans la
composition qui nous occupe, le Primatice lui-
même a supprimé la figure du Temps qu'on
trouve dans le dessin à gauche, et (nous laissons
de côté quelques autres modifications de détail)
qu'il a changé le mouvement des bras de Diane
et celui de la tôle d'Apollon. Ce dernier, dans le
dessin, tourne la tête à gauche ; elle est relevée
dans le plafond et ramenée à droite ; le bras droit
de Diane paraît au-dessous de son bras gauche
dans le dessin ; il est placé au-dessus dans le
plafond. Ces deux derniers changements, dont le
résultat est de mieux l'aire plafonner les figures,
fournissent une indication qui mérite d'être re-
tenue.
Enfin, le dessin du Louvre est cintré aux deux
bouts et les copies de Rubens sont de forme rec-
tangulaire. Or, on ne saurait admettre que ce
détail de forme soit le fait du copiste seulement,
car plusieurs parties de la peinture, les pieds des
chevaux attelés au char de Diane, quelques mem-
bres des figures, dans le haut à droite, se trou-
veraient coupées dans la copie si l'on y rétablis-
sait le cintre ; au contraire, dans le dessin, ces
parties ne sont point vues ou les mouvements
présentent des différences qui rendent l'adaptation
possible, il paraît donc certain que ce dessin cin-
tré s'est trouvé utilisé pour un espace rectangu-
laire.
Un autre renseignement touchant ce même
dessin du Louvre nous est fourni par un dessin
que possède M. Max Rooses. Ni Burtsch, ni Ro-
bert Dumesnil, ni Passavant n'ont signalé de
gravure d'après la composition dont il s'agit. Or,
le dessin de M. Max Rooses, copie évidemment
postérieure, mais fort exacte, à la plume et à
l'encre de Chine, de celui du Louvre le repré-
sente en contre-partie. Ce renversement ne parait
devoir s'expliquer que si l'on suppose l'existence
d'une ancienne estampe dont on aura perdu la
trace, faite d'après le dessin du Louvre, eu contre-
partie selon l'usage d'alors, et dont le dessin de
M. Max Rooses serait une copie.
L. DlMlKK.
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