Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La chronique des arts et de la curiosité — 1898

DOI Heft:
Nr. 25 (9 Juillet)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19746#0233
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
ET DE LA CURIOSITÉ

223

tion, ce sont les dessins relatifs à des événe-
ments moins connus : les commissaires français
enlevant à l'Académie do Parme ses principaux
tableaux (entre autres le Gorrège) pour les en-
voyer à Paris ; Bonaparte, au siège de Mantouo,
faisant, changer la direction des batteries pour
épargner les peintures de Jules Romain au pa-
lais du Té ; des barques autrichiennes tirant sur
Joséphine Bonaparte tandis qu'elle se rend en
voiture à Desenzano ; les commissaires français
assaillis auprès de la colonne Trajane. L'acqui-
sition d'une pareille collection a une véritable
importance.

Dans trois autres salles est exposée, d'une ma-
nière qui permet de les examiner facilement, une
suite de plus de quatre-vingts esquisses de Gérard,
véritable recueil iconographique de tous les per-
sonnages importants du commencement du siècle.
Ces petits tableaux appartenaient depuis long-
temps au Musée de Versailles (ils ont été acquis
par Louis-Philippe, à la vente de l'atelier de
Gérard, en 1837), mais ils étaient autrefois en-
tassés dans un passage obscur où il était impos-
sible de les voir ; grâce à leur arrangement actuel,
ils auront, pour la plupart des visiteurs, tout
l'attrait de l'inconnu. Gérard apparaît plus vivant,
plus simple que dans ses grandes toiles ; ce n'est
plus le correct et froid auteur des images offi-
cielles. Sans nous attacher spécialement aux
esquisses dont les tableaux sont bien connus,
signalons au passage : le peintre Isabey et safille;
Laréveillère-Lépeaux, assis au milieu d'un pay-
sage, tenant un livre et une fleur ; l'impératrice
Joséphine, en robe blanche, assise sur un trône en
velours rouge; Madame Récamier, esquisse du
tableau appartenant à la Ville de Paris ; Talley-
rand assis auprès de son bureau, peinture excel-
lente, où l'air faux et dédaigneux du modèle a été
bien saisi ; la comtesse Zamoïska, étendue sur
une chaise longue, ayant auprès d'elle ses deux
enfants nus, charmante esquisse dont certains
détails font sentir l'influence do Prud'hon. Parmi
les portraits du temps de la Restauration — ce
sont les moins bons— citons encore : la comtesse
de Labordo se promenant dans un j?rdin ;
Louis XVIII dans son cabinet de travail ; Louis •
Philippe, duc d'Orléans, en brillant uniforme.

De pareilles séries, acquises ou mises en va-
leur, ajoutent un véritable intérêt à notre grand
Musée historique. Il est à souhaiter que ces heu-
reux remaniements puissent èlre poursuivis sans
interruption.

Une maquette du sculpteur Roland

AU MUSÉE DU LOUVRE

Dans la salle récemment ouverte au Musée du
Louvre, et consacrée aux nouvelles acquisitions
du département de la sculpture du moyen âge,
de la Renaissance et des temps modernes, figurent
en vitrine un certain nombre de petites pièces
dont plusieurs ont été déjà signalées récemment
ici même. Nous indiquerons, à notre tour, l'inté-
rêt que présente une statuette de terre cuite,
placée dans la même vitrine ; il s'agit d'une pe-
tite maquette librement traitée et représentant

(1) V. Chronique des Arts, 1898, n« 24, p. 212.

Gaton d'Utique à demi étendu sur un lit et se
donnant la mort.

Cote pièce, entrée au Louvre en mai 1894 (don
de M. le docteur Worms), a été simplement dési-
gnée jusqu'à présent comme une œuvre de l'école
française de la fin du xvm» siècle. A notre avis,
on doit y voir une ébauche de La Mort de Caton
d'Ulique, œuvre du sculpteur Roland (1) et dont
une réplique de la main de l'auteur figure au
musée de Lille.

Roland, d'abord élève des cours municipaux de
dessin de la ville de Lille, puis élève favori de
Pajou, fut, au retour do son séjour à Rome,
agréé à l'Académie royale de peinture et de
sculpture, le 2 mars 1782, sur la présentation de
la Mort de Caton d'Ulique. Nous ignorons ce
qu'est devenu le morceau do réception original,
probablement en marbre; mais Roland en exécuta
une réduction dont il fit hommage à la ville de
Lille. Cette réduction, en plâtre, et qui est peut-
être le Caton du Salon de 1783 (n° 271 du livret.
■— Gaton d'Utique, figure en plâtre), a été coulée
en bronze en 1873 par les soins de la commission
du musée, et c'est ce bronze qui figure aujour-
d'hui au palais des Beaux-Arts de Lille.

L'identité est complète entre celte statue et la
petite terre cuite du Louvre : même mouvement,
même attitude, même ordonnance assez compli-
quée dos draperies. L'ébauche est naturellement
d'une allure autrement plus libre que la figure
définitive ; l'exemplaire de Lille présente même
cette exécution très soignée, ce modelé volontaire
et savant, celte facture recherchée, un peu ronde,
bien typique et commune aux morceaux de ré-
ception des sculpteurs du dernier siècle.

L'offre de la réplique de son Caton à la ville de
Lille valut à Roland un certain succès. En re-
connaissance, le magistrat fit don au sculpteur
d'une cafetière d'argent aux armes de la Ville,
envoya la statuette aux Écoles académiques
(d'où elle passa plus tard au Musée) et fit ins-
crire sur le socle ce quatrain plus enthousiaste
que poétique :

Né dans les murs de Lille, enflammé d'un beau zèle,
Sorti de celte École où germa son talent,
Enfant chéri des Arts, le modeste Roland,
Dans un morceau sublime, égale Praxitèle.

En 1782, Roland fut reçu membre de l'Acadé-
mie de Lille sur la présentation d'une figure de
terre cuite, La Mort de Méléagre. Cette œuvre ne
se trouve plus à Lille, à notre connaissance, mais
le musée de Lille possède deux autres sculptures
de Roland : un médaillon, portrait de Feutry,
homme de lettres lillois du début de ce siècle,
signé et daté Roland 1784, et, ce qui est plus in-
téressant, un buste de jeune fille, la joue ap-
puyée sur la main, d'une jolie recherche d'ex-
pression et d'un modelé délicat. Ce buste, signé
Roland, se trouvait depuis longtemps égaré parmi
les modèles en plâtre des Écoles académiques ; il
y a peu d'années, la commission du musée en a
fait exécuter une épreuve en bronze pour l'ex-
poser.

Le Louvre possédait déjà trois œuvres de Ro-

(1) Roland (Philippe-Laurent), né en 1746, à
Marc-en-Pevèle (Nord), mort à Paris en 1816.

David d'Angers, élève de Roland, a écrit une
notice sur Roland et ses ouvrages. Paris, 1847.
 
Annotationen