N» 41. — 1900
BUREAUX : 8, RUE FAVART
20 Décembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
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Pour éviter tout retard dans la récep-
tion de la livraison de janvier de la
Gazette des Beaux-Arts, nous vous rap-
pelons que l'abonnement doit être re-
nouvelé avant la fin du mois courant.
PROPOS DU JOUR
1 l'on y voulait mettre quelque
complaisance, on aurait en vérité
beau jeu à se persuader que la
Société des Artistes français est
en pleine révolution. Tout paraît s'être ac-
compli dans les formes accoutumées des
grands événements. Il n'a manqué ni les
péripéties d'une discussion violente à sou-
hait, ni les revendications d'un parti jeune
et égalitaire, ni môme le dénouement d'une
séance qui s'évanouit parmi le tumulte, et
la retraite fort noblement conduite d'un co-
mité qui démissionne.
Il ne faut pas s'y tromper cependant : ce
n'est point une révolution ; c'est à peine une
révolte. On se rassure à songer que, sur trois
mille sociétaires, il n'en est pas plus de trois
cents qui s'agitent et que les autres, demeu-
rés loin des discussions, croient assez servir
l'art en travaillant. Il n'est donc pas dou-
teux qu'en dépit des imaginations trop
promptes, les événements s'achèveront avec
une parfaite sagesse. Ce qu'une assemblée,
surprise et peu nombreuse, a fait hier sans
y penser, une assemblée mieux informée le
défera demain. Il apparaîtra clairement que
si les jeunes, en réclamant qu'on se sou-
vienne de leur existence, usent d'un droit
légitime, ils suivent l'inspiration de quelque'
mauvais génie quand ils proposent des ré-
formes. Il y a une singulière étroitesse d'es-
prit à vouloir, en l'occasion, remplacer un
jury élu par un jury tiré au sort : c'est pré-
férer l'antique fatalité aux choix réfléchis
des volontés libres; c'est faire l'aveu ingénu
qu'on remet au Destin, qui est aveugle, le
soin de désigner, pour les instituer juges,
ceux qui n'avaient pas chance d être appe-
lés par les suffrages des hommes.
Quant à l'égalité absolue entre les socié-
taires, elle consacrerait une injustice dégui-
sée. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'un philo-
sophe a comparé l'égalité à une règle de fer,
inconsciente et souvent brutale. La vérita-
ble équité apprécie et compare; elle place
l'égalité dans la proportion, et elle permet
de traiter différemment celui qui n'apporte
que les promesses de son talent et celui
dont un passé laborieux, sinon glorieux, au-
torise la préséance.
--
NOUVELLES
L'appropriation des salles du Louvre où
se trouvaient les dessins italiens et flamands,
que l'administration va transformer, comme
nous l'avons annoncé (1), en salle de mobilier,
est terminée et l'on va y exposer bientôt les
meubles, tapisseries et autres objets prove-
nant de l'ancien musée du Garde-meuble.
a** Le Louvre va s'enrichir, par suite de la
générosité de M. Gaston Joliet, préfet de la
Vienne, du grand tableau de Félix Trutat,
Femme nue couchée, qui fut fort remarqué
(1) Voir Chronique du 22 septembre, p. 305.
BUREAUX : 8, RUE FAVART
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compli dans les formes accoutumées des
grands événements. Il n'a manqué ni les
péripéties d'une discussion violente à sou-
hait, ni les revendications d'un parti jeune
et égalitaire, ni môme le dénouement d'une
séance qui s'évanouit parmi le tumulte, et
la retraite fort noblement conduite d'un co-
mité qui démissionne.
Il ne faut pas s'y tromper cependant : ce
n'est point une révolution ; c'est à peine une
révolte. On se rassure à songer que, sur trois
mille sociétaires, il n'en est pas plus de trois
cents qui s'agitent et que les autres, demeu-
rés loin des discussions, croient assez servir
l'art en travaillant. Il n'est donc pas dou-
teux qu'en dépit des imaginations trop
promptes, les événements s'achèveront avec
une parfaite sagesse. Ce qu'une assemblée,
surprise et peu nombreuse, a fait hier sans
y penser, une assemblée mieux informée le
défera demain. Il apparaîtra clairement que
si les jeunes, en réclamant qu'on se sou-
vienne de leur existence, usent d'un droit
légitime, ils suivent l'inspiration de quelque'
mauvais génie quand ils proposent des ré-
formes. Il y a une singulière étroitesse d'es-
prit à vouloir, en l'occasion, remplacer un
jury élu par un jury tiré au sort : c'est pré-
férer l'antique fatalité aux choix réfléchis
des volontés libres; c'est faire l'aveu ingénu
qu'on remet au Destin, qui est aveugle, le
soin de désigner, pour les instituer juges,
ceux qui n'avaient pas chance d être appe-
lés par les suffrages des hommes.
Quant à l'égalité absolue entre les socié-
taires, elle consacrerait une injustice dégui-
sée. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'un philo-
sophe a comparé l'égalité à une règle de fer,
inconsciente et souvent brutale. La vérita-
ble équité apprécie et compare; elle place
l'égalité dans la proportion, et elle permet
de traiter différemment celui qui n'apporte
que les promesses de son talent et celui
dont un passé laborieux, sinon glorieux, au-
torise la préséance.
--
NOUVELLES
L'appropriation des salles du Louvre où
se trouvaient les dessins italiens et flamands,
que l'administration va transformer, comme
nous l'avons annoncé (1), en salle de mobilier,
est terminée et l'on va y exposer bientôt les
meubles, tapisseries et autres objets prove-
nant de l'ancien musée du Garde-meuble.
a** Le Louvre va s'enrichir, par suite de la
générosité de M. Gaston Joliet, préfet de la
Vienne, du grand tableau de Félix Trutat,
Femme nue couchée, qui fut fort remarqué
(1) Voir Chronique du 22 septembre, p. 305.