26
LA CHRONIQUE DES ARTS
retracé brillamment la vie et analysé avec déli-
catesse le goût, tel qu'il se manifeste dans la
galerie qu'il a laissée au musée. L'assemblée,
enfin, a voté à l'unanimité un ordre du jour in-
vitant le gouvernement à faire évacuer le plus
tôt possible les locaux du ministère des Colo-
nies pour les donner au Louvre, à qui ils ap-
partiennent de droit, afin d'éviter d'abord les
chances de feu, si redoutables, et pour que les
donations récentes, telles que la collection
Tomy Thiéry, et d'ailleurs toute l'école fran-
çaise, aujourd'hui encore entassée dans trois
salles, puissent être logées d'une façon digne
des chefs-d'œuvre qu'elles contiennent.
#*# Un ami des arts, M. Michonis, qui vient
de mourir célibataire, a disposé d'une fortune
importante en faveur de la Sorbonne et du
Collège de France, pour y établir certaines
conférences et y instituer un ensemble de mis-
sions. M. Michonis a, de plus, chargé spéciale-
ment deux de ses amis, MM. Léonce et Georges
Bénédite : le premier, conservateur au musée
du Luxembourg ; le second, conservateur ad-
joint des antiquités égyptiennes au musée du
Louvre, de distribuer à divers musées une par-
tie des peintures ou meubles qu'il leur a légués
à cet effet. L'attribution des meubles n'aura
lieu qu'après avis de M. Molinier. Les peintures
seront partagées entre le Luxembourg et divers
musées de province. La valeur du legs dépasse
un million.
Dimanche dernier a été offert à M. Ma-
rey, membre de l'Institut, une médaille com-
mémorative, œuvre du Dr Paul Richer.
**# L'Administration des Beaux-Arts vient de
décider, paraît-il, qu'une exposition des objets
provenant des fouilles dirigées par M. de Mor-
gan en Orient aurait lieu en mai et en juin au
Grand Palais.
M. Georges Cain vient de recevoir pour
le musée Carnavalet de M. Stéphane Dervillé
une fort intéressante terre-cuite de l'époque
révolutionnaire. C'est le buste d'un personnage
en costume du temps ; l'œuvre, qui ne porte
ni le nom de l'auteur ni celui de son modèle,
est d'une expression fort belle ; elle est desti-
née à prendre place dans les salles consacrées
spécialement à l'histoire de la Révolution fran-
çaise.
La Société Nationale des Beaux-Arts va
publier son nouveau règlement, applicable dès
cette année à l'exposition de l'avenue d'Antin.
Aux termes de ce règlement, l'exposition
de la Société Nationale des Beaux-Arts aura
lieu, en 1902, du 20 avril au 30 juin.
Elle sera ouverte aux artistes français et
étrangers, et le nombre des envois est porté à
six dans chaque section, réserve faite pour la
section des objets d'art.
Dans cette dernière section, le nombre des
envois sera réglé selon leur volume, un objet
d'art pouvant être un meuble important aussi
bien qu'un menu bijou.
La Société, s'adressant cette fois aux travail-
leurs isolés, à ceux dont les œuvres trouvent
difficilement place dans les expositions mer-
cantiles et encombrées, déclare qu'elle fera tous
ses efforts pour mettre en vue ces travaux et
assurer ainsi le succès et la propriété des in-
ventions toutes personnelles.
Nous donnons plus loin les dates d'envoi des
ouvrages.
Parmi les causeries que la Société des
Conférences doit donner cette année (salle de
la Société de Géographie, 184, boulevard Saint-
Germain), nous relevons les suivantes qui in-
téressent l'art et son histoire :
Un pape à L'époque de la Renaissance :
Jules II, par M. Émile Gebhardt, le mercredi
29 janvier, à 2 heures 1/2;
Le Génie florentin, par M. Angelo de Guber-
natis, le mardi 4 février, à 2 heures 1/2 ;
La Protection de nos paysages, par M. Jean
Lahor, le mardi 25 février, à 2 heures 1/2;.
Verdi, par M. Camille Bellaigue, le mardi
8 avril, à 2 heures 1/2.
Le dimanche 26 janvier, à 2 h. 1/2, aura
lieu au Musée Guimet une conférence de M. E.
Deshayes, A propos du nu dans l'art au
Japon.
Un jardinier, en fouillant le sol pour
planter des arbres dans la cour de l'école pri-
maire supérieure de filles établie sur les ter-
rains de l'ancien hôtel de Lusignan, à Poitiers,
a mis au jour une statue antique.
Cette statue, de lm 50 de hauteur, est en mar-
bre blanc d'une transparence et d'une finesse
de grain remarquable. L'œuvre est dans un bel
état de conservation. Seule, la main droite
manque. La tète, d'un dessin élégant, reposait
à côté du corps, ainsi que la main gauche. Elle
s'adapte au corps par un goujon, de même que
la main droite.
La statue représente une femme vêtue de la
tunique à longs plis tombant jusqu'aux pieds ;
la poitrine est couverte par un bouclier ciselé,
en écailles, orné au milieu de la tête de Méduse
et sur les côtés de petits serpents. La tête est
coiffée d'un casque dont le léger cimier est
percé de deux trous.
On croit que cette statue représente Mi-
nerve.
Elle a été transportée au musée et le préfet
a donné des ordres pour que les fouilles con-
tinuent.
La statue se trouvait couchée dans un lit de
cendres et de charbons que l'on rencontre sou-
vent dans le sous-sol de Poitiers, cendres pro-
venant, croit-on, de l'incendie de la ville à
l'époque gallo-romaine.
*** La date du Congrès international des
sciences historiques, qui doit avoir lieu à Rome
cette année, est définitivement fixée : le con-
grès siégera du 2 au 12 avril. MM. Perrot, Lair,
Brôal, Babelon, de Villefosse, Croiset, Colli-
gnon, Mûntz, Picot et Meyer y représenteront
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
On annonce d'Alger que les fouilles de
Timgad ont été, cette année, particulièrement
fructueuses. Les travaux d'exploitation, dirigés
par M. Albert Ballu, architecte en chef des mo-
numents historiques de l'Algérie, ont mis au
jour le sol d'un grand nombre de rues. On a
découvert, au nord de la ville, une nouvelle
LA CHRONIQUE DES ARTS
retracé brillamment la vie et analysé avec déli-
catesse le goût, tel qu'il se manifeste dans la
galerie qu'il a laissée au musée. L'assemblée,
enfin, a voté à l'unanimité un ordre du jour in-
vitant le gouvernement à faire évacuer le plus
tôt possible les locaux du ministère des Colo-
nies pour les donner au Louvre, à qui ils ap-
partiennent de droit, afin d'éviter d'abord les
chances de feu, si redoutables, et pour que les
donations récentes, telles que la collection
Tomy Thiéry, et d'ailleurs toute l'école fran-
çaise, aujourd'hui encore entassée dans trois
salles, puissent être logées d'une façon digne
des chefs-d'œuvre qu'elles contiennent.
#*# Un ami des arts, M. Michonis, qui vient
de mourir célibataire, a disposé d'une fortune
importante en faveur de la Sorbonne et du
Collège de France, pour y établir certaines
conférences et y instituer un ensemble de mis-
sions. M. Michonis a, de plus, chargé spéciale-
ment deux de ses amis, MM. Léonce et Georges
Bénédite : le premier, conservateur au musée
du Luxembourg ; le second, conservateur ad-
joint des antiquités égyptiennes au musée du
Louvre, de distribuer à divers musées une par-
tie des peintures ou meubles qu'il leur a légués
à cet effet. L'attribution des meubles n'aura
lieu qu'après avis de M. Molinier. Les peintures
seront partagées entre le Luxembourg et divers
musées de province. La valeur du legs dépasse
un million.
Dimanche dernier a été offert à M. Ma-
rey, membre de l'Institut, une médaille com-
mémorative, œuvre du Dr Paul Richer.
**# L'Administration des Beaux-Arts vient de
décider, paraît-il, qu'une exposition des objets
provenant des fouilles dirigées par M. de Mor-
gan en Orient aurait lieu en mai et en juin au
Grand Palais.
M. Georges Cain vient de recevoir pour
le musée Carnavalet de M. Stéphane Dervillé
une fort intéressante terre-cuite de l'époque
révolutionnaire. C'est le buste d'un personnage
en costume du temps ; l'œuvre, qui ne porte
ni le nom de l'auteur ni celui de son modèle,
est d'une expression fort belle ; elle est desti-
née à prendre place dans les salles consacrées
spécialement à l'histoire de la Révolution fran-
çaise.
La Société Nationale des Beaux-Arts va
publier son nouveau règlement, applicable dès
cette année à l'exposition de l'avenue d'Antin.
Aux termes de ce règlement, l'exposition
de la Société Nationale des Beaux-Arts aura
lieu, en 1902, du 20 avril au 30 juin.
Elle sera ouverte aux artistes français et
étrangers, et le nombre des envois est porté à
six dans chaque section, réserve faite pour la
section des objets d'art.
Dans cette dernière section, le nombre des
envois sera réglé selon leur volume, un objet
d'art pouvant être un meuble important aussi
bien qu'un menu bijou.
La Société, s'adressant cette fois aux travail-
leurs isolés, à ceux dont les œuvres trouvent
difficilement place dans les expositions mer-
cantiles et encombrées, déclare qu'elle fera tous
ses efforts pour mettre en vue ces travaux et
assurer ainsi le succès et la propriété des in-
ventions toutes personnelles.
Nous donnons plus loin les dates d'envoi des
ouvrages.
Parmi les causeries que la Société des
Conférences doit donner cette année (salle de
la Société de Géographie, 184, boulevard Saint-
Germain), nous relevons les suivantes qui in-
téressent l'art et son histoire :
Un pape à L'époque de la Renaissance :
Jules II, par M. Émile Gebhardt, le mercredi
29 janvier, à 2 heures 1/2;
Le Génie florentin, par M. Angelo de Guber-
natis, le mardi 4 février, à 2 heures 1/2 ;
La Protection de nos paysages, par M. Jean
Lahor, le mardi 25 février, à 2 heures 1/2;.
Verdi, par M. Camille Bellaigue, le mardi
8 avril, à 2 heures 1/2.
Le dimanche 26 janvier, à 2 h. 1/2, aura
lieu au Musée Guimet une conférence de M. E.
Deshayes, A propos du nu dans l'art au
Japon.
Un jardinier, en fouillant le sol pour
planter des arbres dans la cour de l'école pri-
maire supérieure de filles établie sur les ter-
rains de l'ancien hôtel de Lusignan, à Poitiers,
a mis au jour une statue antique.
Cette statue, de lm 50 de hauteur, est en mar-
bre blanc d'une transparence et d'une finesse
de grain remarquable. L'œuvre est dans un bel
état de conservation. Seule, la main droite
manque. La tète, d'un dessin élégant, reposait
à côté du corps, ainsi que la main gauche. Elle
s'adapte au corps par un goujon, de même que
la main droite.
La statue représente une femme vêtue de la
tunique à longs plis tombant jusqu'aux pieds ;
la poitrine est couverte par un bouclier ciselé,
en écailles, orné au milieu de la tête de Méduse
et sur les côtés de petits serpents. La tête est
coiffée d'un casque dont le léger cimier est
percé de deux trous.
On croit que cette statue représente Mi-
nerve.
Elle a été transportée au musée et le préfet
a donné des ordres pour que les fouilles con-
tinuent.
La statue se trouvait couchée dans un lit de
cendres et de charbons que l'on rencontre sou-
vent dans le sous-sol de Poitiers, cendres pro-
venant, croit-on, de l'incendie de la ville à
l'époque gallo-romaine.
*** La date du Congrès international des
sciences historiques, qui doit avoir lieu à Rome
cette année, est définitivement fixée : le con-
grès siégera du 2 au 12 avril. MM. Perrot, Lair,
Brôal, Babelon, de Villefosse, Croiset, Colli-
gnon, Mûntz, Picot et Meyer y représenteront
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
On annonce d'Alger que les fouilles de
Timgad ont été, cette année, particulièrement
fructueuses. Les travaux d'exploitation, dirigés
par M. Albert Ballu, architecte en chef des mo-
numents historiques de l'Algérie, ont mis au
jour le sol d'un grand nombre de rues. On a
découvert, au nord de la ville, une nouvelle