La chronique des arts et de la curiosité (1902)

N° 6. - 1902

BUREAUX : 8, RUE FAVART (2° Arr.)

8 Février.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PAItAISSANT LE SAMEDI MATIN

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PARIS ET DÉPARTEMENTS :

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PROPOS DU JOUR

es dernières acquisitions du Lou-
vre, dues tantôt à des legs, tantôt
à des achats, ont été pour quel-
ques-uns occasion à méditer sur
la manière dont notre musée national re-
cueillait chaque année des richesses nou-
velles. Une opinion semble prête à se répan-
dre contre laquelle on ne saurait trop tôt se
mettre en garde. Certains se plaisent à pré-
senter le Louvre comme un acheteur qui ne
dispose pas de beaucoup de ressources et qui
n'est pas coutumier- des grands sacrifices. Si
elle tendait à prévaloir, cette réputation au-
rait pour conséquence ultime de décourager
par avance les possesseurs des œuvres les
plus célèbres, et de les détourner de songer
au Louvre toutes les fois que la valeur des
ouvrages leur semblerait de nature à ne pas
laisser accueillir leurs propositions.

Sans doute il faut accorder toutes les louan-
ges à ceux qui ont le bonheur de pouvoir se
montrer généreux et qui, par volonté suprême
— ou par des ventes où ils ne cherchent pas
seulement leur intérêt, — accroissent le patri-
moine commun du Louvre à l'aide de leurs
propres richesses. Mais il importe aussi de
rappeler que le Louvre sait et doit, quand
une œuvre digne de lui est en jeu, consentir
les sacrifices nécessaires. Il dispose par lui-
même et grâce à ses amis de suffisantes res-
sources ; il est à même de soutenir la concur-
rence d'autres acquéreurs ; il peut, quand il
le juge opportun, se rendre propriétaire, sans
avoir besoin de la bienveillance de personne,
et sans, par conséquent, que sa présence parmi
les acheteurs possibles invite les autres à se

retirer et nuise aux intérêts de possesseurs
que leur situation n'autorise pas toujours à
se montrer aussi généreux qu'ils le pourraient
souhaiter. Si le Louvre s'enrichit par des
dons et par des legs qui sont tout à l'honneur
de ceux qui les dispensent, il convient aussi
qu'on le sache capable d'intervenir de lui-
même quand il le faut, et qu'on ne l'ôcarte
pas sans examen, sous prétexte qu'il est un
acheteur à qui l'on doit trop d'égards.

Il nous faut rappeler, dès aujourd'hui, ce
que nous avons déjà réclamé pour les objets
d'art de l'Imprimerie Nationale. On sait que
l'imprimerie elle-même quittera sa résidence
actuelle pour un immeuble nouveau. Mais
que deviendront le vieil hôtel de Rohan et
les objets d'art qui y sont contenus"? Il im-
porte d'assurer la conservation à la fois du
bâtiment et des ouvrages qui le décorent.
Il serait facile, d'ailleurs, de faire de l'hôtel
de Rohan une succursale des Archives Na-
tionales, qui sont dès aujourd'hui à l'étroit,
et de laisser à la place même qui leur fut à
l'origine destinée, le Cabinet des Singes et les
Chevaux clApollon.

NOUVELLES

Le Louvre vient de recevoir le portrait de
Dehodencq, par lui-même, otî'ert par Alfred De-
hodencq, et une marine de Belly, offerte par
la veuve de cet artiste.

D'autre part, le Louvre vient d'acquérir une
remarquable statue d'apôtre en bois sculpté,
de l'école franco-flamande du xvs siècle.

On achève d'installer, au musée du
Louvre, de nouvelles salles de dessins à la
suite des anciennes, au premier étage, sur la