La chronique des arts et de la curiosité (1902)

N° 21. - 1902

BUREAU.^ : 8, RUj FAVART (2= Arr.)

24 Mai.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

uhaïssant le samedi matin

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PARIS ET DÉPARTEMENTS ".

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PROPOS DU JOUR

e Louvre a laissé passer, sans
l'acquérir, à la vente de la collec-
tion Huybrechts, un tableau qui
devait lui être particulièrement
cher: la. Vierge el l'Enfant, naguère attribuée
à Jean Fouquet, Ce n'est pas qu'il ait méconnu
la valeur de l'œuvre ni l'opportunité de sa pré-
sence à Paris. Car il a eu l'intention de
l'acheter ; il a même figuré à la vente ; mais
il s'était fixé une limite de prix dérisoire, et
la Vierge est finalement restée au musée de
Bruxelles.

Il paraît assez combien semblable mésa-
venture est regrettable. Le musée du Louvre
n'est pas si riche en belles œuvres françaises
de la lin du xvc siècle. Celle qu'il avait occa-
sion d'acquérir sollicitait toute son attention.
Elle ajoutait d'abord à la série des ouvrages
attribués au maître du retable de Moulins un
document nouveau et d'autant plus précieux
que des études récentes ont mieux établi son
origine. En dehors de tout intérêt historique,
elle valait, par la composition originale de la
scène et l'art avec lequel les personnages
sont représentés. L'auteur en fût-il tout à fait
ignoré, elle garderait encore une beauté privi-
légiée.

11 aurait été naturel que le Louvre consentît
pour elle à un sacrifice qu'elle méritait. On l'a
vu en d'autres circonstances, et qui ne sont
Pas très éloignées, témoigner d'une liberté et
d'une générosité que d'aucuns même jugèrent
excessives. Que ne s'en est-il souvenu à la
vente Huybrechts? Il doit avoir eu ses raisons
de n'en rien faire. Nous n'avons ni à les con-

! naître ni à en faire la critique, puisqu'aussi
bien il existe un Conseil des Musées. Mais la
Vierge n'en manquera pas moins au Louvre.
Devant ce fait, il nous appartient d'exprimer
nos regrets et de rappeler qu'il est des œuvres
qu'on ne saurait payer trop cher.

NOUVELLES

Par décret en date du 12 mai, le peintre
Théobald Ghartran a été nommé officier de la
Légion d'honneur.

Dimanche dernier, 18 mai, a eu lieu à
Paris, place de la Sorbonne, l'inauguration du
monument d'Auguste Comte, œuvre du sculp-
teur Injalbert.

sj.*:). M. Raffet, le fils du célèbre artiste,
attaché au Cabinet des estampes de la Biblio-
thèque Nationale, vient de faire don à ce Ca-
binet de trois œuvres remarquables de son
père, trois dessins à la plume et à l'aquarelle
faits pendant la guerre italo-autrichienne de
1849. Le premier représente un groupe de ti-
railleurs hongrois, dont seul le premier est
achevé. Au bas : Novare 1849. Le second re-
présente un bersaglier italien avec l'indication
suivante : Siège de Gênes, 12 avril 1849. En-
fin, le dernier est l'enlèvement des morts sur
le champ de bataille de Novare.

ijs** Le Cabinet des médailles vient de s'enri-
chir, par une libéralité de M. Carlos de Beis-
tegui, d'une précieuse collection de 1.040 mon-
naies et médailles d'Alsace faisant partie de la
collection Henry Meyer.

Mercredi dernier 20 mai a eu lieu l'inau-
guration de l'exposition de la reliure moderne
au musée Galliéra, en présence de M. Escudier,
président du Conseil municipal, et de M. Rou-
jon, directeur des Beaux-Arts.