La chronique des arts et de la curiosité (1902)

N° 10. — 1932

BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)

10 Mai.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

iahaïssant le samedi matin

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PROPOS DU JOUR

'exposition de la Gravure sur bois
qui vient de s'ouvrir est l'occa-
sion d'un enseignement digne
d'être retenu. Elle rappelle un
passé glorieux; elle fait connaître la suite re-
marquable d'un art qui n'a cessé d'être, pour
nombre d'artistes, l'objet d'une application
aussi intelligente que fidèle. Mais, en même
temps, elle dénonce combien l'opinion publi-
que, dans son ensemble, est demeurée igno-
rante d'ouvrages qui ne s'imposaient pas à
elle bruyamment. En dehors de quelques
initiés, en dehors du cercle restreint de ceux
qui ont le goût de rechercher le travail là
même où les signalements officiels ne les
mènent pas, qui donc connaissait l'œuvre
où quelques artistes ont consacré toute une
vie de labeur assidu ? Plus frappante est,
aujourd'hui, la révélation de leur art, plus
étrange est l'indifférence — on serait presque
tenté de dire l'oubli — où on les a trop long-
temps laissés.

L'État porte ici sa part de responsabilité.
S'il est impuissant à faire naître les talents,
il est à même de les encourager et d'aider à
leur manifestation. Il dispose des commandes,
et il distribue les distinctions. A-t-il eu
jamais, de lui-même, en délibérant sur les
unes et sur les autres, une pensée pour la
gravure sur bois ? C'est tout au plus si d'aven-
ture il a consenti d'exceptionnelles faveurs
au hasard des interventions personnelles ou
des recommandations politiques. L'exposition
actuellement ouverte démontre avec éclat que
la gravure sur bois a passé outre à cet oubli.
Hâtons-nous donc de rendre hommage ici à

ceux qui ont eu assez d'indépendance d'esprit
et d'amour de leur art pour se vouer à un
labour dépourvu do gloire officielle. Mais que
les pouvoirs compétents comprennent aussi
leur devoir : il leur appartient de témoigner à
la gravure sur bois une sollicitude qu'ils lui
ont trop épargnée ; il leur sied de la faire
participer, comme la gravure au burin, l'eau-
forte et la lithographie, à des avantages et
des encouragements qu'elle mérite; ils s'ho-
noreront an lui donnant, comme aux autres,
des marques de leur estime et de leur atten-
tion.

NOUVELLES

Le Conseil d'État ayant enfin accepté le
legs Gustave Moreau, un décret instituant un
nouveau musée national sous le nom de « Mu-
sée Gustave Moreau » vient d'être rédigé, qui
sera soumis incessamment à la signature du
Président de la République.

*** Le Conseil supérieur des Musées natio-
naux vient d'accepter définitivement le legs de
M"" Alphonse de Neuville, morte il y a deux
ans environ. Ce legs comprend un fort beau
portrait en pied d'A. de Neuville, par Duez, et
un dessin à la plume de Neuville, retraçant Le
Combat du Bourget, un des plus célèbres
tableaux du maître, que la gravure a popula-
risé et qui est actuellement la propriété de
M. Vanderbilt. Le caractère historique de ces
deux œuvres les a fait attribuer par le Conseil
au musée de Versailles.

Le legs de H" de Neuville comprenait encore
huit autres tableaux; mais l'état embrouillé de
la succession n'a pas permis à nos collections
d'en devenir propriétaires.

**# L'inauguration de l'Exposition de la re-
liure, qui doit avoir lieu au musée Galbera,
a été fixée par le Comité au 21 mai courant.