N° 26. — 1902
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)
19 Juillet.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
PARIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an. ...... o . . 12 fr. | Six mois . „ „.....8 fr.
PROPOS DU JOUR
'exposition de 1900, bien qu'elle
soit disparue, se plaît à attirer
encore l'attention publique. De
temps en temps, le commissariat
général réserve à notre étonnement quelque
originalité posthume. Ainsi vient-il d'arriver
pour le rapport sur les arts en 1900. Le secré-
taire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts,
chargé de le rédiger, a dû, pour des raisons
personnelles, renoncer à ce travail. Le com-
missariat général s'est donc soudain trouvé
dans la nécessité de prendre une décision. Il
en a pris plusieurs. Pour le rapport général
sur les lettres et sur les arts, il s'est adressé à
des hommes que leurs fonctions et leur
science désignaient à cette tâche. Mais à
l'égard de la peinture moderne, il s'est piqué
d'innovation, et il a commis le soin du rap-
port à un peintre qui travaillera sous la
direction d'un sculpteur.
Une curiosité inquiète a fait accueil à cette
combinaison. Que nous réserve la collabora-
tion du peintre et du sculpteur? A eux deux
feront-ils un écrivain? Et quand bien même
on leur eût par surcroit adjoint un archi-
tecte et plusieurs graveurs, toutes ces compé-
tences réunies auraient-elles suppléé à la
seule qu'on ne songe point à requérir : celle
de l'écrivain? Il est clair que la personne
même des artistes demeure ici hors de cause.
Mais 011 ne peut manquer de signaler l'éton-
nante fantaisie du commissariat général qui
les convie soudain à jouer un rôle pour lequel
ils ne sont pas faits. Sans malveillance ni
chétive ironie, il est permis d'assurer que les
plus grands artistes ont été souvent dépourvus
du talent de parler de leur art. Autre chose
est de créer, autre chose est de comprendre.
Les deux facultés ne vont toujours pas ensem-
ble, et tant d'hommes sont privés de l'une et de
l'autre, qu'on peut, sans les contrister, révéler
la vérité à ceux qui ne les possèdent pas
toutes les deux à la fois. C'est un métier que
de rédiger un rapport : il y faut de la compé-
tence et de la tolérance, do la précision et do
la clarté, une absolue impartialité et aussi cet
effort de sympathie qui s'intéresse à toutes
choses sans s'embarrasser clans aucune. Nous
ne doutons pas que le commissariat soit, pour
sa part, fort bien pourvu de ces vertus.
Pourquoi craint-il de demander tous ses
rapports à ceux qui sont censés, au moins
par profession, ornés des mêmes vertus que
lui ?
NOUVELLES
Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le 6 juillet, à Villers-Gotterets, un buste de
Demoustier, œuvre du sculpteur Laplanche;
Le8 juillet, à Arcueil,une statue du P.Didon,
œuvre du sculpteur Denys Puech ;
Le 13 juillet, à Maubeuge, un buste du phi-
lanthrope Jules Frère, œuvre du sculpteur
René Bertrand.
Le Louvre possède environ quarante
mille dessins que, faute de place, on ne peut
exposer.
Il en existe un répertoire complet avec indi-
cations détaillées et numéros d'ordre.
Afin de faire connaître au public ce fonds
précieux et de lui permettre d'avoir, en vue de
travaux artistiques ou d'histoire de l'art, com-
munication des dessins qui pourraient être né-
cessaires à ces travaux, on a formé le projet
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)
19 Juillet.
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PROPOS DU JOUR
'exposition de 1900, bien qu'elle
soit disparue, se plaît à attirer
encore l'attention publique. De
temps en temps, le commissariat
général réserve à notre étonnement quelque
originalité posthume. Ainsi vient-il d'arriver
pour le rapport sur les arts en 1900. Le secré-
taire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts,
chargé de le rédiger, a dû, pour des raisons
personnelles, renoncer à ce travail. Le com-
missariat général s'est donc soudain trouvé
dans la nécessité de prendre une décision. Il
en a pris plusieurs. Pour le rapport général
sur les lettres et sur les arts, il s'est adressé à
des hommes que leurs fonctions et leur
science désignaient à cette tâche. Mais à
l'égard de la peinture moderne, il s'est piqué
d'innovation, et il a commis le soin du rap-
port à un peintre qui travaillera sous la
direction d'un sculpteur.
Une curiosité inquiète a fait accueil à cette
combinaison. Que nous réserve la collabora-
tion du peintre et du sculpteur? A eux deux
feront-ils un écrivain? Et quand bien même
on leur eût par surcroit adjoint un archi-
tecte et plusieurs graveurs, toutes ces compé-
tences réunies auraient-elles suppléé à la
seule qu'on ne songe point à requérir : celle
de l'écrivain? Il est clair que la personne
même des artistes demeure ici hors de cause.
Mais 011 ne peut manquer de signaler l'éton-
nante fantaisie du commissariat général qui
les convie soudain à jouer un rôle pour lequel
ils ne sont pas faits. Sans malveillance ni
chétive ironie, il est permis d'assurer que les
plus grands artistes ont été souvent dépourvus
du talent de parler de leur art. Autre chose
est de créer, autre chose est de comprendre.
Les deux facultés ne vont toujours pas ensem-
ble, et tant d'hommes sont privés de l'une et de
l'autre, qu'on peut, sans les contrister, révéler
la vérité à ceux qui ne les possèdent pas
toutes les deux à la fois. C'est un métier que
de rédiger un rapport : il y faut de la compé-
tence et de la tolérance, do la précision et do
la clarté, une absolue impartialité et aussi cet
effort de sympathie qui s'intéresse à toutes
choses sans s'embarrasser clans aucune. Nous
ne doutons pas que le commissariat soit, pour
sa part, fort bien pourvu de ces vertus.
Pourquoi craint-il de demander tous ses
rapports à ceux qui sont censés, au moins
par profession, ornés des mêmes vertus que
lui ?
NOUVELLES
Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le 6 juillet, à Villers-Gotterets, un buste de
Demoustier, œuvre du sculpteur Laplanche;
Le8 juillet, à Arcueil,une statue du P.Didon,
œuvre du sculpteur Denys Puech ;
Le 13 juillet, à Maubeuge, un buste du phi-
lanthrope Jules Frère, œuvre du sculpteur
René Bertrand.
Le Louvre possède environ quarante
mille dessins que, faute de place, on ne peut
exposer.
Il en existe un répertoire complet avec indi-
cations détaillées et numéros d'ordre.
Afin de faire connaître au public ce fonds
précieux et de lui permettre d'avoir, en vue de
travaux artistiques ou d'histoire de l'art, com-
munication des dessins qui pourraient être né-
cessaires à ces travaux, on a formé le projet