La chronique des arts et de la curiosité (1902)

ET DE LA CURIOSITE 75

PETITES EXPOSITIONS

EXPOSITION DES PRIX DU SALON
ET BOURSIERS DE VOYAGES

En un récent article d'Art et Décoration,
M. Roger Marx démontrait combien avait été
heureuse l'institution, par le marquis de
Chennevièros, des Prix du Sa'on et Boursiers
de voyage. L'exposition du 25° anniversaire,
que vient d'organiser l'Association amicale
des bénéficiaires, le prouve de manière évi-
dente.

Il convient de témoigner beaucoup de gra-
titude à ceux qui ont pris à tâche d'assurer
à ces œuvres une belle présentation. Un pan-
neau a été réservé à chaque artiste, dont le
nom figure au-dessus ; et la place est assez
lar^e pour que les œuvres y soient à l'aise.
Peut-être aurait-on pu, cependant, éditer un
catalogue moins luxueux, partant de prix
plus accessible, et noter do façon plus appa-
rente, parmi tous les tableaux du même
peintre, celui qui avait obtenu le prix. Mais
ce sont là chicanes de mince importance. Le
vrai est qu'il est peu d'expositions austi
agréables à visiter, et.où la qualité des œuvres,
celles surtout de MM. Henri Martin, Steck,
Eliot, Buffet, Cottet, Morisset, Muenicr,
Royer, Laurent, Loup, Adler, etc., et des
sculpteurs Charpentier, Boucher, etc., soit
aussi grande. Il est superflu, d'ailleurs, d'in-
sister sur ces ouvrages, qui ont para et ont été
médaillés aux Salons depuis vingt-cinq ans.

EXPOSITION CHARLES DUVENT

M. Charles Duvent est un ancien boursier
de voyage, et son exposition au Grand
Palais ne laisse pas do nuire à celle de la rue
Caumartin, qui est, de ce fait, étriquée. L'im-
pression ' qu'elles produisent l'une et l'autre
est assez complexe ; car l'artiste, qui enveloppe
à merveille ce qu'il représente, a cherché sa
voie de côté et d'autre, et n'a conquis que
depuis peu toute sa personnalité.

Avenue d'Antin, c'est sa Procession qui at-
tirait tous les regards. Ici, on s'intéresse plus
spécialement au Départ de Dundee, où des
jeunes lillos à bonnets blancs et figures
rouges regardent la mer, aux Maisons de
pauvres, aux vagues vertes qui battent ZaF«-
îaise, et surtout à La Familte, qui vogue sur
un bateau vermillon à caisse verte, descen-
dant la rivière où se reflète la tour massive
d'un moulin hollandais...

EXPOSITION L. BRAQUAVAL

Les expositions particulières, comme celle
de M. Duvent, se multiplient de plus en plus,
et, s'il n'était pas présomptueux de donner
des conseils aux artistes, on montrerait quel
plus grand profit ils retirent, plutôt qu'à s'é-
parpiller en des expositions collectives, à pré-
senter isolément l'ensemble de leur produc-
tion pendant une ou plusieurs années.

C'est ce que vient de faire M. Braquaval,
qui soumet à l'appréciation du public une

trentaine do paysages fins, agréables et pleins
de sentiment. Ils sont inspirés de Paris, et
surtout de Saint-Valery-sur-Somme, de Monl-
didier, Amiens, Dunkerque, Cayeux et Pendé,
où il excelle à montrer des effets de couchant
rose, les colorations d'automne et la lumière
rouge sur la neige bleutée. Cazin voyait ainsi
ces contrées d'Artois, de Picardie et de la
Flandre française, qui ont toujours bien mé-
rité de l'art, puisque, sur ce sol sont nés
Watteau, Carpeaux, Dalou, Constantin Meu-
nier, Cazin, Tattegrain, et puisque Puvis de
Chavannes y a donné l'essor à ses rêves...

EXPOSITION VTNCENT VAN GOGH

Il y a moins do rêves dans l'exposition de
dessins originaux de Vincent van Gogh, à la
galerie Moline, que dans ses peintures, qui
furent présentées, l'année dernière, chez
M. Bernhcim. fei, la vision semble plus réa-
liste, plus âpre, moins bercée do chimère;
c'est la vie brutale, bestiale même, qui se lit
sur ces pauvres figures de paysans et paysan-
nes, trimant au long de la journée, sans la
satisfaction d'une éclaircie dans leur misère.
Et deux jolis paysages, placés en regard, Un
mas de Provence et Vue de la Crau, qu'il rap-
porta do son voyage dans le Midi, en 1888, ne
réussissent pas à atténuer l'impression de
tristesse qui se dégage de cet ensemble.

Ces dessins font songer à des gravures. Les
uns offrent l'aspect d'eaux-fortes très mor-
dues, où les noirs sont vibrants et les ombres
estompées. D'autres présentent des traits ho-
rizontaux et verticaux, courts et gras, comme
font les graveurs sur bois. Dans tous, Vin-
cent van Gogh a cherché « à saisir, selon
son expression, dans le dessin ce qui est
l'essentiel, puis, l'espace limité rjar des con-
tours (exprimés ou non, mais sentis dans
tous les cas), à les remplir do tons simpli-
fiés.... »

Georges Riat.

Académie des Inscriptions

Séance du 28 février

Subventions. — L'Académie accorde :
1° Uno subvention do 3.000 fr. au R. P. Dolatfro,
correspondant do la Compagnie, pour continuer
les fouilles que co savant poursuit avec tant do
succès sur l'emplacement do l'antique Cartilage;

2" Une somme de 800 fr. à M. Homo, ancien
membre do l'École française de Rome, pour conti-
nuer ses recherches sur l'enceinte de Rome au
temps d'Aurélicn.

Élection d'un membre associé étranger. — M.
Sophus Rugge, do Kristiania, correspondant do la
Compagnie depuis 1881, est élu, en comité secret,
membre associé étranger en remplacement de
M. Webor, do Berlin, décédé.

M. Sophus Buggo, archéologue et historien de
grand mérite, est professeur do philologie à l'Uni-
versité de Kristiania.

Leys de Clercq. — L'Académie accepte provisoi-
rement, en comité secret également, le legs d'une