ET DE LA CURIOSITE
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même maître anonyme dans le Saint Antoine du
musée de Berlin (n° 1141) attribué par Growe et
CavalcaseUe à Domcnico Veneziano, puis clans
do petites tètos ornant un cadre (n° 58 A du musc'e
de Berlin), dans de petites ligures peintes sur un
crucifix de l'église Saint-André à San Donino
près de Florence, dans la prédelle du Musée
Faire à Montpellier et, enfin, dans une Madone
avec des saints qui se trouve en sa propre pos-
session. Après avoir essayé d'établir qu'aucune do
ces œuvres n'est antérieure à 1447, l'auteur croit
pouvoir identifier le maître inconnu à Giuliano
Pesello.
— Dans un court article, M. Max Geisberg,
s'appuyant sur certains rapprochements, émet
l'hypothèse assez vraisemblable que le maître
graveur E. S. devait s'appeler Hoiboisen et être
originaire do Strasbourg.
--■U-^^g^' J ^A-_J>--
BIBLIOORAPHlfi
Adolph Goldsciimidt. — Die Kirchenthùr des
Heiligen Ambrosius in Mailand. Ein Denk-
mal frùhchristlicher Skulptur (7° i'asc. de la
coll.). Zur KiAiistaeschickte des Auslandes.
Strassburg, Heitz, i902. Gr. in-8°; 32 pages et
6 pl. hors texte.
Il semblera étrange que l'on puisse découvrir
aujourd'hui encore, dans une église aussi célèbre
que celle de Saint-Ambroise de Milan, un monu-
ment important de l'art chrétien primitif. C'est là,
pourtant, la bonne fortune qu'ont value à M. Adol-
phe Goldsciimidt son attention et sa clairvoyance.
La porte majeure de l'église, recouverte habituel-
lement et cachée par un grillage épais, ne date pas
de l'année 1750, comme on le croyait généralement
sur la foi d'une inscription; à cette époque, on n'a
pas remplacé l'huis primitif, ainsi que le ferait
supposer un examen superficiel : on s'est borné à
réparer et à réemployer les curieuses sculptures
sur bois qui le décoraient.
Cette restauration, par malheur, fut singulière-
ment irrespectueuse. Des dix bas-reliefs qui ornaient
la porte ancienne, quatre furent remplacés par des
neufs; quant aux six autres, non seulement on y
refit les parties manquantes (dont toutes les tètes,
sans exception), mais encore on les retravailla, de
manière à leur donner une nouvelle fraîcheur;
ainsi, ne sachant comment reconstituer des avant-
bras qui avaient été brisés, on n'hésita pas à modi-
fier les draperies, de façon à ce que les jjersonnagos
eussent l'air de tenir leurs bras derrière le dos.
Du mastic et une couche épaisse do peinture
eurent raison des accidents moins graves, et
donnèrent à l'ensemble un air de propreté dé-
cente. ..
L'étude d'un monument ainsi rajeuni a dû coû-
ter à M. Goldsciimidt de longues et de patientes
recherches. Sans doute, pour l'explication des
sujets, malgré quelques bras supprimés, il n'a pas
rencontré trop do difficultés : les compartiments
représentent, dans un ordre logique, les principales
scènes de la vie de David jusqu'à sa victoire sur
Goliath. Au contraire, pour le style des sculptures,
qui seul permet de les dater, les difficultés seraient
devenues presque insurmontables si M. Gold-
sciimidt n'avait retrouvé, aux archives de Saint-
Ambroise, deux des bas-reliefs primitifs, qu'on
avait remplacés dans la porte restaurée, mais qu'on
avait conservés, à titre do souvenir. Grâce à ces
deux témoins, mutilés mais non réparés, M. Gold-
sciimidt est parvenu, par des comparaisons avec
des ivoires et des manuscrits, à proposer pour
l'ensemble une date assez précise : il considère la
porte de Saint-Ambroise comme antérieure à celle
de Sainte-Sabine à Rome et l'attribue à la fin du
iv° siècle ou au début du v*. Et si cette porte ne
saurait être celle-là mémo que saint Ambroise au-
rait, suivant la légende, fermée devant l'empereur
Théodose après le massacre de Thessalonique en
390, du moins on peut supposer que le sujet de sa
décoration aurait été ciioisi par le saint évêque
lui-même, qui revient très souvent, dans ses écri's,
sur l'histoire de David.
Jean-J. Marquet de Vassélot.
-- ..,J».|>«.-
NECROLOGIE
Nous apprenons la mort, à Paris, à l'âge de
soixante et onze ans, de M. Georges-Ernest
Coquart, membre de l'Académie des Beaux-Arts
pour la section d'architecture depuis 1888. Ancien
prix de Rome, il obtint une médaille d'or à l'Ex-
position Universelle de 1889, et à celle de 1900 fut
hors concours eu qualité de membre du jury.
Comme architecte, il avait continué pendant une
longue période les travaux de l'École des Beaux-
Arts et de la Cour de cassation. Il dirigea long
temps un atelier libre d'architecture qui forma
d'excellents élèves et qui est placé aujourd'hui
sous la direction de M. Bedon, architecte du
Louvre.
Comme dessinateur et aquarelliste, il avait fait
des envois aux Salons annuels qui avaient été jus-
tement remarqués, entre autres : Intérieur du
temple de Neptune à Pœstum, Peintures d'un
sarcophage trouvé à Pcestum, Are d'Hadrien à
Athènes, etc.
11 était chevalier de la Légion d'honneur depuis
1876.
Le peintre hollandais bien connu Frédéric-
Henri Kaemmerer, âgé de soixante-trois ans,
s'est suicidé la semaine dernière, dans son atelier,
95, rue do Vaugirard.
Kaemmerer était un peintre de genre, qui avait
acquis une certaine notoriété, surtout en Amérique,
où ses œuvres étaient très recherchées.
Il avait fait ses études d'art à Paris, où il fut
élève de Gérôme. De 1870 à ces dernières années,
il ne cessa de produire des œuvres agréables quoi-
qu'un peu précieuses. On connaît de lui ses Mer-
veilleuses sous le Directoire et Une dispute,
toiles qui assirent sa réputation. Il avait décoré,
il y a dix ans, la salle des mariages de la mairie du
20e arrondissement.
Le 13 février dernier est mort à Zurich le
peintre Edmund Krenn.
Le 12 février est décédé à Hambourg le peintre-
verrier Karl Engelbrecht.
119
même maître anonyme dans le Saint Antoine du
musée de Berlin (n° 1141) attribué par Growe et
CavalcaseUe à Domcnico Veneziano, puis clans
do petites tètos ornant un cadre (n° 58 A du musc'e
de Berlin), dans de petites ligures peintes sur un
crucifix de l'église Saint-André à San Donino
près de Florence, dans la prédelle du Musée
Faire à Montpellier et, enfin, dans une Madone
avec des saints qui se trouve en sa propre pos-
session. Après avoir essayé d'établir qu'aucune do
ces œuvres n'est antérieure à 1447, l'auteur croit
pouvoir identifier le maître inconnu à Giuliano
Pesello.
— Dans un court article, M. Max Geisberg,
s'appuyant sur certains rapprochements, émet
l'hypothèse assez vraisemblable que le maître
graveur E. S. devait s'appeler Hoiboisen et être
originaire do Strasbourg.
--■U-^^g^' J ^A-_J>--
BIBLIOORAPHlfi
Adolph Goldsciimidt. — Die Kirchenthùr des
Heiligen Ambrosius in Mailand. Ein Denk-
mal frùhchristlicher Skulptur (7° i'asc. de la
coll.). Zur KiAiistaeschickte des Auslandes.
Strassburg, Heitz, i902. Gr. in-8°; 32 pages et
6 pl. hors texte.
Il semblera étrange que l'on puisse découvrir
aujourd'hui encore, dans une église aussi célèbre
que celle de Saint-Ambroise de Milan, un monu-
ment important de l'art chrétien primitif. C'est là,
pourtant, la bonne fortune qu'ont value à M. Adol-
phe Goldsciimidt son attention et sa clairvoyance.
La porte majeure de l'église, recouverte habituel-
lement et cachée par un grillage épais, ne date pas
de l'année 1750, comme on le croyait généralement
sur la foi d'une inscription; à cette époque, on n'a
pas remplacé l'huis primitif, ainsi que le ferait
supposer un examen superficiel : on s'est borné à
réparer et à réemployer les curieuses sculptures
sur bois qui le décoraient.
Cette restauration, par malheur, fut singulière-
ment irrespectueuse. Des dix bas-reliefs qui ornaient
la porte ancienne, quatre furent remplacés par des
neufs; quant aux six autres, non seulement on y
refit les parties manquantes (dont toutes les tètes,
sans exception), mais encore on les retravailla, de
manière à leur donner une nouvelle fraîcheur;
ainsi, ne sachant comment reconstituer des avant-
bras qui avaient été brisés, on n'hésita pas à modi-
fier les draperies, de façon à ce que les jjersonnagos
eussent l'air de tenir leurs bras derrière le dos.
Du mastic et une couche épaisse do peinture
eurent raison des accidents moins graves, et
donnèrent à l'ensemble un air de propreté dé-
cente. ..
L'étude d'un monument ainsi rajeuni a dû coû-
ter à M. Goldsciimidt de longues et de patientes
recherches. Sans doute, pour l'explication des
sujets, malgré quelques bras supprimés, il n'a pas
rencontré trop do difficultés : les compartiments
représentent, dans un ordre logique, les principales
scènes de la vie de David jusqu'à sa victoire sur
Goliath. Au contraire, pour le style des sculptures,
qui seul permet de les dater, les difficultés seraient
devenues presque insurmontables si M. Gold-
sciimidt n'avait retrouvé, aux archives de Saint-
Ambroise, deux des bas-reliefs primitifs, qu'on
avait remplacés dans la porte restaurée, mais qu'on
avait conservés, à titre do souvenir. Grâce à ces
deux témoins, mutilés mais non réparés, M. Gold-
sciimidt est parvenu, par des comparaisons avec
des ivoires et des manuscrits, à proposer pour
l'ensemble une date assez précise : il considère la
porte de Saint-Ambroise comme antérieure à celle
de Sainte-Sabine à Rome et l'attribue à la fin du
iv° siècle ou au début du v*. Et si cette porte ne
saurait être celle-là mémo que saint Ambroise au-
rait, suivant la légende, fermée devant l'empereur
Théodose après le massacre de Thessalonique en
390, du moins on peut supposer que le sujet de sa
décoration aurait été ciioisi par le saint évêque
lui-même, qui revient très souvent, dans ses écri's,
sur l'histoire de David.
Jean-J. Marquet de Vassélot.
-- ..,J».|>«.-
NECROLOGIE
Nous apprenons la mort, à Paris, à l'âge de
soixante et onze ans, de M. Georges-Ernest
Coquart, membre de l'Académie des Beaux-Arts
pour la section d'architecture depuis 1888. Ancien
prix de Rome, il obtint une médaille d'or à l'Ex-
position Universelle de 1889, et à celle de 1900 fut
hors concours eu qualité de membre du jury.
Comme architecte, il avait continué pendant une
longue période les travaux de l'École des Beaux-
Arts et de la Cour de cassation. Il dirigea long
temps un atelier libre d'architecture qui forma
d'excellents élèves et qui est placé aujourd'hui
sous la direction de M. Bedon, architecte du
Louvre.
Comme dessinateur et aquarelliste, il avait fait
des envois aux Salons annuels qui avaient été jus-
tement remarqués, entre autres : Intérieur du
temple de Neptune à Pœstum, Peintures d'un
sarcophage trouvé à Pcestum, Are d'Hadrien à
Athènes, etc.
11 était chevalier de la Légion d'honneur depuis
1876.
Le peintre hollandais bien connu Frédéric-
Henri Kaemmerer, âgé de soixante-trois ans,
s'est suicidé la semaine dernière, dans son atelier,
95, rue do Vaugirard.
Kaemmerer était un peintre de genre, qui avait
acquis une certaine notoriété, surtout en Amérique,
où ses œuvres étaient très recherchées.
Il avait fait ses études d'art à Paris, où il fut
élève de Gérôme. De 1870 à ces dernières années,
il ne cessa de produire des œuvres agréables quoi-
qu'un peu précieuses. On connaît de lui ses Mer-
veilleuses sous le Directoire et Une dispute,
toiles qui assirent sa réputation. Il avait décoré,
il y a dix ans, la salle des mariages de la mairie du
20e arrondissement.
Le 13 février dernier est mort à Zurich le
peintre Edmund Krenn.
Le 12 février est décédé à Hambourg le peintre-
verrier Karl Engelbrecht.