LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITE
l'on peut écrire à ce sujet est plus œuvre d'histo-
rien que d'artiste. A vrai dire, cette histoire com-
mence à la Renaissance, à l'époque où la décou-
verte de la perspective fut l'origine du grand dé-
veloppement des décors de théâtre. Quand on voit
à quelles folios architecturales l'Italie s'est livrée
dans ses églises et ses palais au cours des xvi° et
xvn" siècles, on peut supposer ce qu'elle fit dans
ses fictions, dans ses rêves de toiles peintes et de
carton. La Renaissance a tellement captivé l'âme
italienne, elle a mis en elle un tel amour de l'anti-
quité, de ses colonnes, do ses corniches, de ses
frontons, que pendant plus d'un siècle tous ses dé-
cors ne sont que des débauches d'architecture. Cet
art nous est encore admirablement connu par une
série de dessins dont on trouvera de nombreux
fac-similés dans l'ouvrage de M. Ferrari. Ce sont
surtout les dessins do Scamozzi (1552-1316), de Fer-
dinand Bibbiena (1657-1742), de Giuseppe Bibbiena
(1696-1756), de Piranesi (1720-1778), de Gonzaga
(mort en 1881), etc. Parmi ces dessins, qui pour la
plupart sont peu connus, car ils appartiennent,
non à des collections publiques, mais à la collec-
tion privée de l'auteur, il ne faudrait pas cher-
cher longtemps pour trouver le germe de bien des
créations modernes, par exemple une première
idée de l'escalier do l'Opéra, de Garnier.
Il faut attendre la fin du xvmc siècle pour voir
la nature se faire une place dans ce chaos archi-
tectural, pour voir enfin la verdure des prairies et
des forêts se substituer à ces palais de pierre.
C'est à Florence que l'Italie a dû cotte création
de l'art théâtral. Mais, ici comme partout, cette Re-
naissance, dont Florence porto la gloire et la res-
ponsabilité, a eu sa grandeur et sa misère. Elle a
voulu élever l'homme au-dessus do la nature et
elle l'a fait vivre dans un monde factice et — c'est
ici plus que partout le cas de le dire — dans un
décor théâtral.
M. R.
NÉC ROLOGIE
Le peintre paysagiste Paul-Louis-Frédéric Liot,
dont nous annoncions la mort dans notre dernier
numéro, est décédé le 10 septembre à Rethondos
(Oise). Il était né à Paris en 1855. Il était élève de
Bennetter, Jules Noël, et surtout do M. Guillemet.
11 avait obtenu une mention honorable en 1888,
une médaille de 3* classe en 1895, et une médaille
de bronze à l'Exposition Universelle de 1900.
Un peintre qui s'était acquis une certaine noto-
riété comme animalier, Gustave Wertheimer,
mentionné à l'Exposition Universelle de 1889, au-
teur de plusieurs œuvres remarquées : La Fiancée
du lion, La Mort de Brutus, Le Repas ces
fauves chez l'ezon, était tombé, il y a quelques
années, dans la plus extrême misère. Il est mort,
le 2i août dernier, à l'hôpital Lariboisière, d'une
phtisie galopante.
Wertheimer était né en 1848, à Vienne.
M. Henri Duchêne, architecte paysagiste, élève
d'Alphand, vient de mourir à Lorient.
M. Emile Bernard, organiste de Notre-Dame-
des-Champs, est décédé subitement à Paris la se-
maine dernière. C'était un compositeur de valeur,
qui laisse plusieurs œuvres appréciées.
On annonce la mort de M. de Rupé, qui, sous
le pseudonyme do Georges Rupès, avait écrit des
partitions musicales appréciées. Il était âgé de
soixante-huit ans.
Le 1er août est mort, à Dûsseldorf, le peintre
animalier Ludwig Beckmann. Il était né en 1822
à Hanovre.
Le 3 août est mort, à Munich, un autre peintre
animalier, connu surtout comme aquafortiste :
Otto Keitel. Il était né en 1862, à Brunswick.
Le paysagiste Taco Mesdag, frère du peintre
de marine bien connu, H.-W. Mesdag, est mort
le 3 août, â La Haye, à l'âge do soixante-treize ans.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
expositions nouvelles
Province
Besançon: Exposition dos Beaux-Arts, jusqu'au
12 octobre.
Roubaix-Tourcoing : Exposition de la Société
artistique, jusqu'au 30 octobre.
Étranger
Saint-Pétersbourg : Exposition de « Blanc et
Noir », â l'Académie des Arts.
concours ouverts
Étranger
"Venise : Concours international pour le modèle
d'une grande médaille d'or destinée à servir de
récompense à l'Exposition des Beaux-Arts de 1903.
L'avers devra porter, avec une représentation allé-
gorique de Venise, l'inscription : Fa Esposizione
Internationale d'Arte délia Città di Venezia 1903;
le revers : Gran Premio clella Città di Venezia,
avec un espace blanc pour le nom du lauréat, le
tout entouré d'une bordure. Envoyer modèles en
cire ou en plâtre, do 12J miliim. de diamètre, avec
réduction photographique de 40 miliim. Prix de
3.000 lire au projet choisi. Envoi des projets au
secrétariat de l'Exposition do Venise, Municipalité
do Venise, avant le 31 janvier 1903.
{Pour, les autres expositions et concours ou-
verts ou annoncés, se reporter aux précédents
numéros de la Chronique.)
L'Imprimeur-Gérant : André Marty.
Paris. — Imprimerie do la Gazette des Beaux-Arts, 8, rue Favart
l'on peut écrire à ce sujet est plus œuvre d'histo-
rien que d'artiste. A vrai dire, cette histoire com-
mence à la Renaissance, à l'époque où la décou-
verte de la perspective fut l'origine du grand dé-
veloppement des décors de théâtre. Quand on voit
à quelles folios architecturales l'Italie s'est livrée
dans ses églises et ses palais au cours des xvi° et
xvn" siècles, on peut supposer ce qu'elle fit dans
ses fictions, dans ses rêves de toiles peintes et de
carton. La Renaissance a tellement captivé l'âme
italienne, elle a mis en elle un tel amour de l'anti-
quité, de ses colonnes, do ses corniches, de ses
frontons, que pendant plus d'un siècle tous ses dé-
cors ne sont que des débauches d'architecture. Cet
art nous est encore admirablement connu par une
série de dessins dont on trouvera de nombreux
fac-similés dans l'ouvrage de M. Ferrari. Ce sont
surtout les dessins do Scamozzi (1552-1316), de Fer-
dinand Bibbiena (1657-1742), de Giuseppe Bibbiena
(1696-1756), de Piranesi (1720-1778), de Gonzaga
(mort en 1881), etc. Parmi ces dessins, qui pour la
plupart sont peu connus, car ils appartiennent,
non à des collections publiques, mais à la collec-
tion privée de l'auteur, il ne faudrait pas cher-
cher longtemps pour trouver le germe de bien des
créations modernes, par exemple une première
idée de l'escalier do l'Opéra, de Garnier.
Il faut attendre la fin du xvmc siècle pour voir
la nature se faire une place dans ce chaos archi-
tectural, pour voir enfin la verdure des prairies et
des forêts se substituer à ces palais de pierre.
C'est à Florence que l'Italie a dû cotte création
de l'art théâtral. Mais, ici comme partout, cette Re-
naissance, dont Florence porto la gloire et la res-
ponsabilité, a eu sa grandeur et sa misère. Elle a
voulu élever l'homme au-dessus do la nature et
elle l'a fait vivre dans un monde factice et — c'est
ici plus que partout le cas de le dire — dans un
décor théâtral.
M. R.
NÉC ROLOGIE
Le peintre paysagiste Paul-Louis-Frédéric Liot,
dont nous annoncions la mort dans notre dernier
numéro, est décédé le 10 septembre à Rethondos
(Oise). Il était né à Paris en 1855. Il était élève de
Bennetter, Jules Noël, et surtout do M. Guillemet.
11 avait obtenu une mention honorable en 1888,
une médaille de 3* classe en 1895, et une médaille
de bronze à l'Exposition Universelle de 1900.
Un peintre qui s'était acquis une certaine noto-
riété comme animalier, Gustave Wertheimer,
mentionné à l'Exposition Universelle de 1889, au-
teur de plusieurs œuvres remarquées : La Fiancée
du lion, La Mort de Brutus, Le Repas ces
fauves chez l'ezon, était tombé, il y a quelques
années, dans la plus extrême misère. Il est mort,
le 2i août dernier, à l'hôpital Lariboisière, d'une
phtisie galopante.
Wertheimer était né en 1848, à Vienne.
M. Henri Duchêne, architecte paysagiste, élève
d'Alphand, vient de mourir à Lorient.
M. Emile Bernard, organiste de Notre-Dame-
des-Champs, est décédé subitement à Paris la se-
maine dernière. C'était un compositeur de valeur,
qui laisse plusieurs œuvres appréciées.
On annonce la mort de M. de Rupé, qui, sous
le pseudonyme do Georges Rupès, avait écrit des
partitions musicales appréciées. Il était âgé de
soixante-huit ans.
Le 1er août est mort, à Dûsseldorf, le peintre
animalier Ludwig Beckmann. Il était né en 1822
à Hanovre.
Le 3 août est mort, à Munich, un autre peintre
animalier, connu surtout comme aquafortiste :
Otto Keitel. Il était né en 1862, à Brunswick.
Le paysagiste Taco Mesdag, frère du peintre
de marine bien connu, H.-W. Mesdag, est mort
le 3 août, â La Haye, à l'âge do soixante-treize ans.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
expositions nouvelles
Province
Besançon: Exposition dos Beaux-Arts, jusqu'au
12 octobre.
Roubaix-Tourcoing : Exposition de la Société
artistique, jusqu'au 30 octobre.
Étranger
Saint-Pétersbourg : Exposition de « Blanc et
Noir », â l'Académie des Arts.
concours ouverts
Étranger
"Venise : Concours international pour le modèle
d'une grande médaille d'or destinée à servir de
récompense à l'Exposition des Beaux-Arts de 1903.
L'avers devra porter, avec une représentation allé-
gorique de Venise, l'inscription : Fa Esposizione
Internationale d'Arte délia Città di Venezia 1903;
le revers : Gran Premio clella Città di Venezia,
avec un espace blanc pour le nom du lauréat, le
tout entouré d'une bordure. Envoyer modèles en
cire ou en plâtre, do 12J miliim. de diamètre, avec
réduction photographique de 40 miliim. Prix de
3.000 lire au projet choisi. Envoi des projets au
secrétariat de l'Exposition do Venise, Municipalité
do Venise, avant le 31 janvier 1903.
{Pour, les autres expositions et concours ou-
verts ou annoncés, se reporter aux précédents
numéros de la Chronique.)
L'Imprimeur-Gérant : André Marty.
Paris. — Imprimerie do la Gazette des Beaux-Arts, 8, rue Favart