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LA CHRONIQUE DES ARTS

Le musée de l'Armée vient de s'enrichir
d'un important portrait du maréchal Bugeaud
d'Isly, peint par E. Lafont.

**# Le musée Carnavalet vient de recevoir
toute une série de dons qui sont de précieux
documents pour l'histoire des monuments de
Paris. Ce sont : la maquette du projet primitif
que Brongniart, architecte de la Bourse, avait
dressé du monument; on voit, d'après cette
maquette, que Brongniart avait d'abord eu
l'idée de construire cet édifice dans le style
ionique, alors qu'il le construisit ensuite dans le
style corinthien; le modèle de la frise que le
sculpteur Chaudet devait encadrer dans le
fronton do la Bourse, le dessin original que Da-
vid d'Angers avait fait sur une première idée
de fronton pour le Panthéon. Enfin, un projet
du cimetière du Mont-Louis, depuis cimetière
du Père-Lachaise, par le même Brongniart,
avec dessin de chapelle, four crématoire, colum-
barium, etc.; ce plan ne fut, d'ailleurs, pas
suivi, puisque seule la porte d'entrée princi-
pale du cimetière actuel est l'œuvre de Bron-
gniart, ainsi que quelques tombeaux, parmi les-
quels celui de Delille.

Mardi dernier a été célébré à la Biblio-
thèque Nationale, sous la présidence de M.
Himly, le cinquantenaire du savant directeur
de cet établissement. M. Léopold Delisle.

Au nom des amis et collègues du savant,
M. Himly a offert à M. Léopold Delisle la re-
production de deux manuscrits qui rappellent
ses anciens travaux : Orderic Vital, livres VII
et VIII de son Histoire, manuscrit provenant
de Saint-Étienne de Caen, aujourd'hui conservé
au Vatican ; puis, les Heures de Turin ayant
appartenu au duc de Berry, dont d'autres frag-
ments sont au musée du Louvre et dans la col-
lection de Mme Adolphe de Rothschild.

A l'occasion de la retraite prochaine du
doyen de la Faculté de Médecine, M. Paul
Brouardel, M. Boty vient d'exécuter une mé-
daille commémorative dont l'avers offre le por-
trait en profil de M. Brouardel au-dessus d'un
petit bas-relief représentant Hygie assise devant
la colonnade de l'ancienne Ecole de Médecine,
et dont le revers présente une composition allé-
gorique : la Science dévoilant la Vérité ; au-
dessous est la dédicace.

On achève actuellement, à l'Hôtel des
Monnaies, la frappe de la nouvelle médaille de
l'Agriculture, destinée aux « primés » des di-
vers concours agricoles. Cette médaille, œuvre
du graveur A. Dubois, remplacera l'ancienne
médaille des agriculteurs. Au recto, deux
figures allégorisent la Science aidant l'Agricul-
ture. Au second plan, on aperçoit un semeur,
le bras rejeté en arrière, selon le geste tradi-
tionnel. Au verso, autour des fruits, des fleurs
et des feuilles, l'inscription administrative :
« Ministère de l'Agriculture », et, au milieu, un
cartouche destiné à recevoir les noms des
futurs lauréats.

M™" Madeleine Lemaire, professeur de
droit appliqué à l'étude des plantes, au Muséum
d'histoire naturelle, a commencé son cours
mardi dernier et le continuera les mardis, jeu-

dis et samedis de chaque semaine, à trois heu-
res de l'après-midi.

*** Mi Raymond Kœchlin fera, le samedi 10
mai à 9 heures du soir à la Société d'Encoura-
gement pour l'Industrie nationale, 44, rue de
Rennes, une conférence sur l'art japonais. Cette
conférence sera accompagnée de projections
nouvelles.

Lundi dernier a eu lieu, à la Villa Médi-
cis, en présence du roi et de la reine d'Italie,
l'inauguration de l'exposition annuelle des tra-
vaux des élèves de l'Académie de France.

On organise en ce moment, à Madrid, une
exposition de l'œuvre du Greco, dont l'ouver-
ture aura lieu, paraît-il, à l'occasion des fêtes
du couronnement du roi.

PETITES EXPOSITIONS

EXPPOSITION A. CHABANIAX

M. Chabanian expose à la Maison des ar-
tistes des marines qui sont douces à la vue.
Il a observé les plages de Belle-Isle, du Groisic,
du Tréport, d'Ipport, de Berck, etc., au moment
où la mer, calme et reposée, vient doucement
murmurer sur le sable du rivage, avançant,
puis retirant la dentelle de ses ondes.

Les colorations qu'il préfère sont délicates
et tendres ; il n'aime ni l'indigo, qui s'épand
sur l'Océan quand le ciel est livide, ni le
bleu intense sous le clair soleil, ni la pour-
pre des couchants; mais il est ravi d'aise
quand des tonalités pâles s'harmonisent
entre elles: mauve etturquoise, opale et rose,
gris et bleuté, nacre et saphir, et il les juxta-
pose sur ses toiles en gammes à peine eflleu-
rées, comme ces mélodies que des doigts lé-
gers éveillent sur les touches d'ivoire.

Enfin, sans préférer de façon absolue les
plages solitaires, on sent que M. Chabanian
fuit la vie élégante, qui, le long de l'eau,
éparpille les robes claires, les amusements
des enfants, le va-et-vient des mondains
affairés à ne rien faire, comme dans les ta-
bleaux de Boudin. Et c'est plutôt de M. Mes-
dag que ce peintre se rapprocherait, sinon par
la force du métier, au moins pour la gravité
de l'observation, et par l'émotion qu'il mani-
feste devant les spectacles delà mer...

Georges Biat.

Académie des Beaux-Arts

Séance du 3 mai

Prix. — L'Académie décerne le prix Borclin à
notre collaborateur M. Paul Vitry, docteur ès let-
tres, attaché aux musées nationaux, que nous féli-
citons bien sincèrement, pour son livre sur Michel
Colombe et la sculpture française de son temps.

Ce prix est destiné « à récompenser un ouvrage