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LA CHRONIQUE DES ARTS
Sollicité de le prêter immédiatement au
musée pour qu’il pût momentanément pren-
dre place dans l’exposition d'ensemble de
Rembrandt, le comte Potocki s’y est prêté
avec bonne grâce et l’œuvre a été exposée
cette semaine au musée.
*** Mmo Francis Magnard vient de faire
don à la Ville de Paris, pour son musée du
Petit Palais, d’un buste eu bronze de son
mari par Dalou, et d’un autre portrait de
Magnard, peint par M. Albert Besnard.
*** Le jury de peinture de la Société
Nationale des Beaux-Arts a composé ainsi
son bureau : président, M. Gervex ; vice-
présidents, MM. Aman-Jean et Cottet; secré-
taires, MM. Hocliard et Bellery-Desfontaines.
*** M. André Mellerio a donné hier et
donnera vendredi prochain 22 mars, au Col-
lège libre des Sciences sociales, 28, rue Ser-
pente, deux conférences sur La Protection des
Paysages au point de vue esthétique et social
et au point de vue juridique.
*** La ville de Reims vient d’être dotée,
par une disposition testamentaire du direc-
teur de la maison Pommery, M. Henri Vas-
nier, d’un musée appelé à compter parmi les
plus importants de province.
M. Vasnier possédait en effet une collection
de tableaux où les maîtres de notre école de
1830, Corot, Théodore Rousseau, Millet, Dau-
bigny, Jules Dupré, Troyon, étaient représen-
tés par des pièces caractéristiques, choisies
avec discernement. Le collectionneur y avait
ajouté, dans ces dernières années, bon nombre
d’œuvres contemporaines de grand mérite.
En même temps que sa collection de pein-
ture, M. Vasnier lègue à la ville de Reims
100.000 fr. pour l'édification d’un musée destiné
à recevoir sa galerie et portant son nom. Dans
le cas où la ville n’accepterait pas ce legs,
M. Vasnier a exprimé le désir que sa collec-
tion fût offerte au musée du Louvre.
sic** Dans les combles du musée de Péronne
on a retrouvé récemment une œuvre de Sal-
vator Rosa dont la trace était depuis long-
temps perdue. Ce tableau, en bon état de
conservation, est connu sous le titre Le
Triomphe de David.
*** Le il mai prochain s’ouvrira à la mai-
rie de Neuilly une exposition rétrospective,
organisée par la commission municipale his-
torique et artistique de Neuilly, qui a pour
objet de réunir, à titre de documents, le plus
grand nombre possible de tableaux, gravu-
res, meubles, statues, autographes, parche-
mins, tapisseries, etc., ayant trait au passé
de la ville de Neuilly et à ce qu’on pourrait
appeler son arrondissement: une partie du
Bois de Boulogne, le château de Madrid, Ba-
gatelle, Longchamps, etc. Appel est fait à la
bonne volonté de tous amateurs et collec-
tionneurs à même de concourir à cette expo-
sition. S’adresser, pour renseignements, à la
mairie de Neuilly.
*** Le manuscrit original delà Sonate pour
violon et piano, op. 96, de Beethoven, que
l’on croyait perdu, vient d’être retrouvé dans
une collection particulière à Vienne. R est
écrit entièrement de la main du maître et
contient sa signature. Cette sonate fut com-
mencée dans l’hiver de 1810-1811, puis reprise
et achevée à l'intention du violoniste Pierre
Rode, entre octobre et décembre 1812, et fut
exécutée probablement le 29 décembre de la
même année chez le prince Lobkowitz. L’ou-
vrage fut gravé seulement en 1816 et parut
avec une dédicace à Son Altesse le prince
Rodolphe, archiduc d’Autriche (1).
PETITES EXPOSITION”
EXPOSITION DU CERCLE DE l’üNION ARTISTIQUE
Voici bien des années que ce cercle est en pos-
session d’offrir à la meilleure société de Paris le
plus fin régal et le maximum de ce que sa délica-
tesse peut supporter de plaisirs artistiques. Et
depuis bien des années déjà on sait, avant l'ouver-
ture de cet élégant sanctuaire, que les attractions
suprêmes et rivales en seront « le portrait de
Dagnan » et « le portrait de Bonnat ». Se faire
peindre par l’un ou par l’autre de ces maîtres et
obtenir la joie de se voir exposé à 1’ « Épatant »,
c’est, aux yeux d’un certain public choisi, la néces-
saire consécration pour la notoriété d’un homme
ou la grâce avérée d’une femme. Ceux qui leur
ont, cette année, confié les intérêts de leur gloire
mondaine n’ont pas à se plaindre. La tête roman-
tique du célèbre pianiste M. Paderevvski a
inspiré à M. Bonnat un portrait qui a le privilège
de n’être pas exactement semblable étant d’autres
signés du même nom et dont la rudesse ne manque
pas de caractère. Les cheveux blancs, le fm visage
et la robe noire de Mms de Y. retiennent l’attention
sur une toile qui rappelle les meilleures réussites
de M. Dagnan-Bouveret en ce genre cù la distinc-
tion de la peinture se pi’opose d’égaler celle du
modèle. Et le peintre, en verve cette année, a eu la
coquetterie de nous étonner en nous montrant sa
virtuosité dans une nature morte inattendue: des
Pêches. Mais ce sont surtout les portraits qu’on
veut voir ici. Les visiteurs fidèles les trouvent à
leurs places accoutumées. Us seront contents de
M. Carolus Duran et de M. Aimé Morot.M. Bordes
est cligne de sympathie. Devant des admirateurs
pareils, M. Flameng et M. Ghartran rivalisent,
tandis que M. Jean Béraud et M. Henry Tenré
nous donnent, dans de petits formats, des effigies
aussi ressemblantes que bien parisiennes. M. Hum-
bert et M. Blanche représentent ce que, dans les
vins de Champagne, on appelle <■ le goût anglais ».
Ces images de nos chers contemporains accaparent
tout le succès au détriment de quelques toiles
dont la valeur n’est pas moindre : celles de
MM. Roll, Walter Gay, Pierre Bracquemond,
Billotte, Nozal, Zakarian. A la sculpture, le por-
trait conserve ses droits, aussi bien avec les bustes
de M. Puech, de M. Cariés, de M. Verlct, qu’avec
la fine Silhouette équestre de M. Glostre.
(1) Voir la description, av.c fac-similé, de ce
précieux manuscrit dans le récent Catalogue de
manuscrits n° 330 de l’éditeur K.-W. Hiersemann,
de Leipzig.
LA CHRONIQUE DES ARTS
Sollicité de le prêter immédiatement au
musée pour qu’il pût momentanément pren-
dre place dans l’exposition d'ensemble de
Rembrandt, le comte Potocki s’y est prêté
avec bonne grâce et l’œuvre a été exposée
cette semaine au musée.
*** Mmo Francis Magnard vient de faire
don à la Ville de Paris, pour son musée du
Petit Palais, d’un buste eu bronze de son
mari par Dalou, et d’un autre portrait de
Magnard, peint par M. Albert Besnard.
*** Le jury de peinture de la Société
Nationale des Beaux-Arts a composé ainsi
son bureau : président, M. Gervex ; vice-
présidents, MM. Aman-Jean et Cottet; secré-
taires, MM. Hocliard et Bellery-Desfontaines.
*** M. André Mellerio a donné hier et
donnera vendredi prochain 22 mars, au Col-
lège libre des Sciences sociales, 28, rue Ser-
pente, deux conférences sur La Protection des
Paysages au point de vue esthétique et social
et au point de vue juridique.
*** La ville de Reims vient d’être dotée,
par une disposition testamentaire du direc-
teur de la maison Pommery, M. Henri Vas-
nier, d’un musée appelé à compter parmi les
plus importants de province.
M. Vasnier possédait en effet une collection
de tableaux où les maîtres de notre école de
1830, Corot, Théodore Rousseau, Millet, Dau-
bigny, Jules Dupré, Troyon, étaient représen-
tés par des pièces caractéristiques, choisies
avec discernement. Le collectionneur y avait
ajouté, dans ces dernières années, bon nombre
d’œuvres contemporaines de grand mérite.
En même temps que sa collection de pein-
ture, M. Vasnier lègue à la ville de Reims
100.000 fr. pour l'édification d’un musée destiné
à recevoir sa galerie et portant son nom. Dans
le cas où la ville n’accepterait pas ce legs,
M. Vasnier a exprimé le désir que sa collec-
tion fût offerte au musée du Louvre.
sic** Dans les combles du musée de Péronne
on a retrouvé récemment une œuvre de Sal-
vator Rosa dont la trace était depuis long-
temps perdue. Ce tableau, en bon état de
conservation, est connu sous le titre Le
Triomphe de David.
*** Le il mai prochain s’ouvrira à la mai-
rie de Neuilly une exposition rétrospective,
organisée par la commission municipale his-
torique et artistique de Neuilly, qui a pour
objet de réunir, à titre de documents, le plus
grand nombre possible de tableaux, gravu-
res, meubles, statues, autographes, parche-
mins, tapisseries, etc., ayant trait au passé
de la ville de Neuilly et à ce qu’on pourrait
appeler son arrondissement: une partie du
Bois de Boulogne, le château de Madrid, Ba-
gatelle, Longchamps, etc. Appel est fait à la
bonne volonté de tous amateurs et collec-
tionneurs à même de concourir à cette expo-
sition. S’adresser, pour renseignements, à la
mairie de Neuilly.
*** Le manuscrit original delà Sonate pour
violon et piano, op. 96, de Beethoven, que
l’on croyait perdu, vient d’être retrouvé dans
une collection particulière à Vienne. R est
écrit entièrement de la main du maître et
contient sa signature. Cette sonate fut com-
mencée dans l’hiver de 1810-1811, puis reprise
et achevée à l'intention du violoniste Pierre
Rode, entre octobre et décembre 1812, et fut
exécutée probablement le 29 décembre de la
même année chez le prince Lobkowitz. L’ou-
vrage fut gravé seulement en 1816 et parut
avec une dédicace à Son Altesse le prince
Rodolphe, archiduc d’Autriche (1).
PETITES EXPOSITION”
EXPOSITION DU CERCLE DE l’üNION ARTISTIQUE
Voici bien des années que ce cercle est en pos-
session d’offrir à la meilleure société de Paris le
plus fin régal et le maximum de ce que sa délica-
tesse peut supporter de plaisirs artistiques. Et
depuis bien des années déjà on sait, avant l'ouver-
ture de cet élégant sanctuaire, que les attractions
suprêmes et rivales en seront « le portrait de
Dagnan » et « le portrait de Bonnat ». Se faire
peindre par l’un ou par l’autre de ces maîtres et
obtenir la joie de se voir exposé à 1’ « Épatant »,
c’est, aux yeux d’un certain public choisi, la néces-
saire consécration pour la notoriété d’un homme
ou la grâce avérée d’une femme. Ceux qui leur
ont, cette année, confié les intérêts de leur gloire
mondaine n’ont pas à se plaindre. La tête roman-
tique du célèbre pianiste M. Paderevvski a
inspiré à M. Bonnat un portrait qui a le privilège
de n’être pas exactement semblable étant d’autres
signés du même nom et dont la rudesse ne manque
pas de caractère. Les cheveux blancs, le fm visage
et la robe noire de Mms de Y. retiennent l’attention
sur une toile qui rappelle les meilleures réussites
de M. Dagnan-Bouveret en ce genre cù la distinc-
tion de la peinture se pi’opose d’égaler celle du
modèle. Et le peintre, en verve cette année, a eu la
coquetterie de nous étonner en nous montrant sa
virtuosité dans une nature morte inattendue: des
Pêches. Mais ce sont surtout les portraits qu’on
veut voir ici. Les visiteurs fidèles les trouvent à
leurs places accoutumées. Us seront contents de
M. Carolus Duran et de M. Aimé Morot.M. Bordes
est cligne de sympathie. Devant des admirateurs
pareils, M. Flameng et M. Ghartran rivalisent,
tandis que M. Jean Béraud et M. Henry Tenré
nous donnent, dans de petits formats, des effigies
aussi ressemblantes que bien parisiennes. M. Hum-
bert et M. Blanche représentent ce que, dans les
vins de Champagne, on appelle <■ le goût anglais ».
Ces images de nos chers contemporains accaparent
tout le succès au détriment de quelques toiles
dont la valeur n’est pas moindre : celles de
MM. Roll, Walter Gay, Pierre Bracquemond,
Billotte, Nozal, Zakarian. A la sculpture, le por-
trait conserve ses droits, aussi bien avec les bustes
de M. Puech, de M. Cariés, de M. Verlct, qu’avec
la fine Silhouette équestre de M. Glostre.
(1) Voir la description, av.c fac-similé, de ce
précieux manuscrit dans le récent Catalogue de
manuscrits n° 330 de l’éditeur K.-W. Hiersemann,
de Leipzig.