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La chronique des arts et de la curiosité — 1907

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Nr. 12 (23 Mars)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19764#0110
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100

LA CHRONIQUE DES ARTS

•«*33-

de la galerie Durazzo, à Gênes. La dame placée
derrière l’infante est Geneviève d’Urphé, veuve de
Charles-Alexandre de Croy, toujours d’après van
Dyck.

Assis à gauche, Albert et Isabelle ont près d'eux
un page vêtu de satin blanc. Cette figure est em-
pruntée à l:une des peintures de la galerie
Médicis : Le Couronnement de la reine. L’atten-
tion des princes est dirigée par van der Geest vers
une Madone de Quentin Metsys, aujourd’hui au
musée d’Amsterdam. Le possesseur de la peinture
était particulièrement fier de ce morceau, dont,
paraît-il, ses royaux visiteurs cherchèrent vaine-
ment à le déposséder. IL appartint plus tard à
P. Stevens, autre amateur anversois, dont van
Dyck a immortalisé les traits, et que nous voyons
à quelque distance, dans le groupe des visiteurs.

Derrière Corn, van der Geest, une vieille dame,
vue de profil : l’épouse du collectionneur. C’est une
tête connue par des peintures de Jordaens.

Que l’œuvre ait été entreprise à la demande de
van der Geest, c’est à peine douteux. Ses armoi-
ries, en très grandes dimensions, figurent au-des-
sus de la porte de la galerie. Elles sont d’azur, au
double chevron d’or, à trois colombes blanches,
avec la devise : Vive l'esprit ( Geest : esprit, en
flamand).

Par les fenêtres de la pièce on aperçoit l’Es-
caut. C’est là encore un détail à signaler. M. van
der JBranden nous apprend, en effet, que la riche
demeure de van der Geest, « l’Empereur », était
située non loin de Saint-Walburge, rue des Nattes,
à proximité du fleuve. Quand Rubens reçut la
commande de l'Érection de la Croix pour l’église
de Sainte-Walburge, van der Geest intervint à la
convention (Rooses, Œuvre de Rubens, tome II,
p. 80). La gravure du triptyque 1 ù fut dédiée. Plu-
sieurs créations de Rubens figurent parmi les
trente-cinq peintures réunies dans le salon que
visitent les archiducs. C’est, d’abord, sa belle toile
du Combat des Amazones, aujourd’hui à Munich;
ensuite, le Paracelse du musée de Bruxelles, au-
quel sert de pendant le portrait d’Albert Durer
peint à Anvers par Thomas Vincidoro, de Bo-
logne, en 1520.

Aux autres peintures qu’il est possible d’iden-
tifier appartiennent : Cérès et Stellio, par Elsfiéi-
mer, aujourd’hui à Madrid, et qui appartint à la
galerie de Rubens; le Reniement de saint Pierre
de Th. Rombouts ; Jésus chez Marthe et Marie,
toile passée en vente à Bruxelles, il y a quelques
années, sous le nom de van Noort; Judith et Holo-
pherne, d’Adam de Goster, au musée du Prado;
uu tableau de paysans, de Joachim Beukelaer; le
Chasseur de Jean Wildens, de la galerie de Dresde.

Parmi les œuvres plus anciennes figure le por-
trait d'homme dit Knipperdolling, de Quentin
Metsys, au musée Stædel, à Francfort. Parti-
culièrement intéressante est une Jeune femme au
bain, que tout démontre devoir être du pinceau de
Jean van Eyck. Ou n’ignore pas que parmi les
œuvres de ce célèbre peintre figurait un Bain
de femmes, mentionné par BarthFacio, comme ap-
partenant au cardinal Ottaviani. Le groupe se reflé-
tait dans une glace. Cette peinture est perdue. Nous
avons jadis dirigé l’attention vers une œuvre très
proche, appartenant au musée de Leipzig, un Sorti-
lège d'amour où, également, une jeune femme nue se
reflète dans une glace. La jeune femme du tableau
de la galerie van der Geest est, par l’attitude,

très proche de celle de la peinture précitée. Près d'elle
est une suivante en rouge, offrant beaucoup de rap-
port avec la femme d’Arnolfini, à la National Gal-
lery de Londres. Il semble infiniment probable que
1 œuvre reproduite par van Iiaecbt appartienne à la
série des productions aujourd’hui disparues de Jean
van Eyck. A défaut d’un inventaire de la galerie
de Corn, van der Geest, il peut être intéressant de
trouver, dans le tableau de lord Huntingfield,
l’indication de quelques-unes des peintures qui s’y
trouvaient, en 1624.

Henri IIymans.

CORRESPONDANCE

Nous recevons la communication suivante :

« Un voyageur étranger féru d’art et très connais-
seur nous a raconté dernièrement le fait suivant.
En train d’examiner un tableau qui l’intéres-
sait dans un musée de province, il tira de sa
poche un petit carnet, grand comme la main, pour
faire un croquis destiné à lui rappeler certains
détails de composition. Au bout d’un moment, le
gardien de la salle s’approcha et lui dit : « Mon-
te sieur, il est défendu de copier les tableaux sans
« une autorisa'ion spéciale. » Notre voyageur voulut
faire passer sa carte au directeur — qui était
absenL Bon gré mal gré, il dut renoncer à son
croquis. »

« Ne serait il pas possible de remplacer, dans les
musées, un règlement draconien par quelque chose
de plus souple? Les gardiens, si on leur faisait
convenablement la leçon, ne seraient-ils pas capa-
bles de faire la différence entre le visiteur qui
prend un simple croquis et le monsieur qui s’ins-
talle pour « copier » un tableau dont il barre la
vue aux autres visiteurs ?

» C’est une humiliation de penser qu’à ce poim de
vue les musées étrangers sont plus hospitaliers
que les nôtres. Un mot, prononcé par qui de droit,
suffirait à rétablir l’équilibre. »

REVUE DES REVUES

V Journal des Débats (20 mars). — M. Mas-
pero décrit en détail la sépulture de la reine Tîyi
récemment mise à jour à Thèbes, comme nous
l’avons annoncé, par la mission américaine.

O L’Art elle Beau (1506, n05 6 et 12). — Fascicules
spécialement consacrés à Félicien Rops et à Au-
guste Rodin : études par M. Gustave Kahn, accom-
pagnées d’un choix nombreux et très remarquable
(surtout en ce qui concerne Rodin) des reproduc-
tions d’œuvres de ces.artistes..

— Burlington Magazine (mai 1906). -— Notes
sur des peintures des collections royales an-
glaises. IX : Les « Amants » du Palais de
Buckingham, par MM. Lionel Cust et Herbert
Cook. Ce tableau représente, à mi-corps, un sei-
gneur qui prend dans ses bras une jeune femme
à la poitrine découverte, dont la tête repose
sur son épaule. En arrière, dans la pénombre,
 
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