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LÀ CHRONIQUE DES ARTS
Arts décoratifs a approuvé l’organisation de
conférences-promenades dirigées par des per-
sonnes compétentes, et de conférences assises
concernant l’esthétique générale et l’histoire
des arts décoratifs.
*** Au cours des travaux de recherches
qu’il effectue au palais des Papes, le peintre
Yperman vient de découvrir, sur le fond de
la grande chapelle basse à deux nefs, dite
salle du Consistoire, les vestiges d’une grande
fresque du Moyen âge représentant la scène
du Crucifiement.
Certains documents permettaient de sup-
poser que cette fresque avait existé ; mais
son existence même n’était pas certaine. La
peinture a disparu depuis fort longtemps ;
toutefois, sous les multiples couches du badi-
geon qui recouvre le mur, M. Yperman a
retrouvé, fort bien conservé, le tracé à la san-
guine qu’exécutaient tout d’abord les peintres
de fresques du Moyen âge. Cette esquisse
est d'une pureté remarquable.
D’autre part, sur le mur latéral de droite de
la même salle M. Yperman a également mis
à jour les traces de dessins à la sanguine qui
paraissent très beaux.
*** Conformément à cette idée qui, de plus
en plus, semble prendre de la consistance,
que le champ de bataille d’Alésia fut situé
dans la vallée d’Izernore, des fouilles impor-
tantes viennent d’être autorisées par le gou-
vernement dans cette région. Les fouilles
n’ayant été jusqu’ici pratiquées qu’autour du
temple de Mercure et dans la dépression de
terrain où l’on découvrit des thermes revêtus
de marbre, elles vont être poursuivies dans
les débris de roches existant entre Izernore
et Condamine, dans les fossés de la Belloire,
qui furent des chemins couverts et des tran-
chées, — travaux d’approche contre Alésia, —
pour savoir si on ne retrouverait pas les ves-
tiges du camp romain et des combats qui
eurent lieu alors entre les assiégeants et les
assiégés.
*** La Société pour la Protection des Pay-
sages de France a émis, dans sa dernière
séance de comité, les vœux suivants :
1° Que la Chambre adoptât la proposition
de loi présentée par plusieurs députés de la
Seine, établissant que « les terrains des forti-
fications déclassées de Paris ne pourront don-
ner lieu à aucun lotissement, mais demeure-
ront à l’état de zone libre, plantée d'arbres et
de jardins, unissant Paris à sa banlieue » ;
2° Que les monuments et les remparts qui
concourent si puissamment à l'aspect pitto-
resque de la ville de Bayonne fussent respec-
tés, et que, notamment, la partie subsistante
du Réduit fût conservée et classée d’urgence.
*** En démolissant une maison, on a décou-
vert à Domérat (Allier), un trésor composé
d’environ trois cents pièces de monnaie d’or
et d’argent aux effigies de Henri II, CharlesIX,
Henri III, rois de France; Philippe II, Ferdi-
nand et Isabelle d’Espagne, Hercule II, duc
de FerrareL et Charles-Quint. Les millésimes
sont de 155i à 1575. Les pièces et deux
anneaux en argent, dont l’un porte un chaton
en agate, étaient renfermés dans un sac en
toile, placé dans un pot de terre, le tout caché
dans l’épaisseur d’un mur.
*** IL est question, nous l’avons dit, de
réorganiser la Pinacothèque du Vatican. Le
Giorncde d'Italia dit, à ce propos, que les
peintures seront disposées par écoles, et de
telle façon que le visiteur aura, rassemblés
devant lui, dans une ou plusieurs salles, les
chefs-d’œuvre de chaque époque. Les tableaux
de Raphaël feront cependant l’objet d’une
section particulière. D’autre part, le comman-
deur Galli, directeur général des musées et
des galeries pontificales, et le commandeur
Leitz, directeur de la peinture, ont l’intention
de faire enlever des appartements privés des
palais apostoliques toutes les œuvres d’art qui
s’y trouvent et de les transporter dans la Pina-
cothèque. Enfin, les tableaux anciens, qui for-
ment aujourd’hui la galerie latérale, seront
déménagés dans la galerie Vaticane, les pein-
tures cfart moderne restant seules dans la
première de ces deux galeries. L’entrée de la
nouvelle Pinacothèque sera dans la grande
rue qui mène de la Monnaie aux musées.
*** Un journal de Grenade, le Defensor,
ayant démontré techniquement que l Alham-
bra de Grenade croulerait avant peu si des
mesures immédiates n’étaient prises, le gou-
vernement espagnol s’est ému de ces déclara-
tions et a convoqué une réunion d’architectes
pour délibérer sur les moyens à employer
pour la préservation de l’édifice.
Peintures et Sculptures japonaises
AU MUSÉE DU LOUVRE
L’accroissement des collections japonaises du
musée du Louvre se fait lentement, mais vient de
subin une remarquable accélération du fait de la
mission que le Ministère des Beaux-Arts voulut
bien accorder au conservateur, M. Gaston Migeon,
qui passa au Japon les mois de septembre, octobre
et novembre 1906.
Après une courte visite des grandes collections
publiques et privées des États-Unis, M. Migeon se
rendit compte de la grande avance qu’avait su
prendre l’Amérique dans la sélection des peintures
bouddhiques que le Japon considéra toujours
comme une des formes les plus nobles de son
grand art. Et c’est pour parer à l’extrême pauvreté
du musée du Louvre à cet égard que le conserva-
teur des objets d’art se renferma presque exclusi-
vement dans le choix de sculptures et peintures
religieuses des grandes époques antérieures au
xve siècle.
Ce sont, d’abord, deux sculptures en bois peint,
dont une surtout est remarquable, et sans doute la
plus belle qui ait été apportée en Europe : un
Bouddha assis, dont le geste de bénédiction et la
belle expression de méditati >n intérieure sont pro-
fondément émouvants.
Vingt œuvres de peinture surtout bouddhiques,
révèlent, ensuite, la noblesse d’attitudes et la beauté
de couleur do ces œuvres calmes et sereines, em-
preintes d’un si beau sentiment mystique.
LÀ CHRONIQUE DES ARTS
Arts décoratifs a approuvé l’organisation de
conférences-promenades dirigées par des per-
sonnes compétentes, et de conférences assises
concernant l’esthétique générale et l’histoire
des arts décoratifs.
*** Au cours des travaux de recherches
qu’il effectue au palais des Papes, le peintre
Yperman vient de découvrir, sur le fond de
la grande chapelle basse à deux nefs, dite
salle du Consistoire, les vestiges d’une grande
fresque du Moyen âge représentant la scène
du Crucifiement.
Certains documents permettaient de sup-
poser que cette fresque avait existé ; mais
son existence même n’était pas certaine. La
peinture a disparu depuis fort longtemps ;
toutefois, sous les multiples couches du badi-
geon qui recouvre le mur, M. Yperman a
retrouvé, fort bien conservé, le tracé à la san-
guine qu’exécutaient tout d’abord les peintres
de fresques du Moyen âge. Cette esquisse
est d'une pureté remarquable.
D’autre part, sur le mur latéral de droite de
la même salle M. Yperman a également mis
à jour les traces de dessins à la sanguine qui
paraissent très beaux.
*** Conformément à cette idée qui, de plus
en plus, semble prendre de la consistance,
que le champ de bataille d’Alésia fut situé
dans la vallée d’Izernore, des fouilles impor-
tantes viennent d’être autorisées par le gou-
vernement dans cette région. Les fouilles
n’ayant été jusqu’ici pratiquées qu’autour du
temple de Mercure et dans la dépression de
terrain où l’on découvrit des thermes revêtus
de marbre, elles vont être poursuivies dans
les débris de roches existant entre Izernore
et Condamine, dans les fossés de la Belloire,
qui furent des chemins couverts et des tran-
chées, — travaux d’approche contre Alésia, —
pour savoir si on ne retrouverait pas les ves-
tiges du camp romain et des combats qui
eurent lieu alors entre les assiégeants et les
assiégés.
*** La Société pour la Protection des Pay-
sages de France a émis, dans sa dernière
séance de comité, les vœux suivants :
1° Que la Chambre adoptât la proposition
de loi présentée par plusieurs députés de la
Seine, établissant que « les terrains des forti-
fications déclassées de Paris ne pourront don-
ner lieu à aucun lotissement, mais demeure-
ront à l’état de zone libre, plantée d'arbres et
de jardins, unissant Paris à sa banlieue » ;
2° Que les monuments et les remparts qui
concourent si puissamment à l'aspect pitto-
resque de la ville de Bayonne fussent respec-
tés, et que, notamment, la partie subsistante
du Réduit fût conservée et classée d’urgence.
*** En démolissant une maison, on a décou-
vert à Domérat (Allier), un trésor composé
d’environ trois cents pièces de monnaie d’or
et d’argent aux effigies de Henri II, CharlesIX,
Henri III, rois de France; Philippe II, Ferdi-
nand et Isabelle d’Espagne, Hercule II, duc
de FerrareL et Charles-Quint. Les millésimes
sont de 155i à 1575. Les pièces et deux
anneaux en argent, dont l’un porte un chaton
en agate, étaient renfermés dans un sac en
toile, placé dans un pot de terre, le tout caché
dans l’épaisseur d’un mur.
*** IL est question, nous l’avons dit, de
réorganiser la Pinacothèque du Vatican. Le
Giorncde d'Italia dit, à ce propos, que les
peintures seront disposées par écoles, et de
telle façon que le visiteur aura, rassemblés
devant lui, dans une ou plusieurs salles, les
chefs-d’œuvre de chaque époque. Les tableaux
de Raphaël feront cependant l’objet d’une
section particulière. D’autre part, le comman-
deur Galli, directeur général des musées et
des galeries pontificales, et le commandeur
Leitz, directeur de la peinture, ont l’intention
de faire enlever des appartements privés des
palais apostoliques toutes les œuvres d’art qui
s’y trouvent et de les transporter dans la Pina-
cothèque. Enfin, les tableaux anciens, qui for-
ment aujourd’hui la galerie latérale, seront
déménagés dans la galerie Vaticane, les pein-
tures cfart moderne restant seules dans la
première de ces deux galeries. L’entrée de la
nouvelle Pinacothèque sera dans la grande
rue qui mène de la Monnaie aux musées.
*** Un journal de Grenade, le Defensor,
ayant démontré techniquement que l Alham-
bra de Grenade croulerait avant peu si des
mesures immédiates n’étaient prises, le gou-
vernement espagnol s’est ému de ces déclara-
tions et a convoqué une réunion d’architectes
pour délibérer sur les moyens à employer
pour la préservation de l’édifice.
Peintures et Sculptures japonaises
AU MUSÉE DU LOUVRE
L’accroissement des collections japonaises du
musée du Louvre se fait lentement, mais vient de
subin une remarquable accélération du fait de la
mission que le Ministère des Beaux-Arts voulut
bien accorder au conservateur, M. Gaston Migeon,
qui passa au Japon les mois de septembre, octobre
et novembre 1906.
Après une courte visite des grandes collections
publiques et privées des États-Unis, M. Migeon se
rendit compte de la grande avance qu’avait su
prendre l’Amérique dans la sélection des peintures
bouddhiques que le Japon considéra toujours
comme une des formes les plus nobles de son
grand art. Et c’est pour parer à l’extrême pauvreté
du musée du Louvre à cet égard que le conserva-
teur des objets d’art se renferma presque exclusi-
vement dans le choix de sculptures et peintures
religieuses des grandes époques antérieures au
xve siècle.
Ce sont, d’abord, deux sculptures en bois peint,
dont une surtout est remarquable, et sans doute la
plus belle qui ait été apportée en Europe : un
Bouddha assis, dont le geste de bénédiction et la
belle expression de méditati >n intérieure sont pro-
fondément émouvants.
Vingt œuvres de peinture surtout bouddhiques,
révèlent, ensuite, la noblesse d’attitudes et la beauté
de couleur do ces œuvres calmes et sereines, em-
preintes d’un si beau sentiment mystique.