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LA CHRONIQUE DES ARTS
tané agrandi, qui tient, j’imagine, à l’extrême vrai-
semblance des physionomies et des attitudes,
l’œuvre a de quoi confirmer pleinement les espé-
rances fondées, l’an passé, sur son auteur.
Une vue des Côtes du Pas-de-Calais, mamelon-
nées de dunes, où les lierbes mettent de rares
taches vertes sur le sable clair, où les différences
entre l’ombre et la lumière sont délicatement
marquées, par M. Hughes Stanton. — Marché en
Hongrie, par M. Isaac Perlmutter. — Les pein-
tures décoratives de M. Dupuy (Le Blé) et de
M. Bonis (La Vigne). — La Dame en noir de
M. Jastrebzoff. — Au jardin, vive étude de plein
air, par M. Carrera. — Le VIIe Chant de l'Enfer,
par M. Benedito-Vives. — L'Andalousie, tripty-
que de M. Libéra. — La San Gennaro do M. Tito
Salas. — Linceul d'un héros, par M. Jacquier. —
Le Dimanche au village, par M. Troncet. — Vue
de Bretagne, par M. Rémond. — Port de mer
dans le Midi, par M. Picabia. — Le Dimanche au
bois de Vincennes, par M. Fernand Guey. — Les
nus de M. Mille, de MUo Watkins.
Salle II. — Parlons avec gravité, conseille
Goethe, des ouvrages qui n’ont de la légèreté que
les apparences. Ainsi doit-on faire pour l’art de
M. André Devambez ; il est tout à la fois très per-
sonnel et très savant; le peintre n’a pas cessé de
se complaire aux vues cavalières; celle de cette
année montre La Place Pigalle, ensoleillée et
turbulente par l’animation d’un jour de fête; les
hautes maisons aux fenêtres pavoisées forment le
décor de fond ; sur la chaussée la foule grouil-
lante guette les allées et venues des omnibus verts,
fait cercle autour des lutteurs demi-nus qui s’éver-
tuent, ou encore s’étourdit près des carrousels, à
voir tourner les bateaux et les chevaux de bois
chantés par ‘Verlaine ; on n’est guère parvenu à
donner plus intense la sensation de la gaîté et de
la vie. Et voyez les heureux privilèges de l’imagina-
tion ! Le notateur du plaisir parisien se prouve par
ailleurs, à sa manière, peintre d’histoire : au pied
de l’antique forteresse, flanquée détours, les assail-
lants, en nombre infini, s’agrippent, gravissent les
talus sous la protection des boucliers, les échelles
debout, prêtes à être hissées le long des hautes
murailles ; ici encore, c’est le même fourmillement
d’une foule qui s’agite, où chaque personnage garde
sa vie individuelle, grâce à l'unité d’action, sans
jamais se dissocier de l’ensemble.
Le Pot d'azalée, excellente nature morte, de
Mlle Jeanne Duranton. — Dans les choux, par
M. Decorcbemont. — La Rentrée des taureaux,
par M. Doigneau. — Jeune fille au corsage rose,
par M. Grandgérard. — Les portraits de Mmo Du-
breuil, de MM. Fougerat, Jordic et de Jonckheere.
— Les paysages de M. Foréau.
Salle III. — C’était sur la lagune, en vue de
Saint-Michel, à l’instant où les derniers rayons
dorent les murs de l’église rose ; la barque glissait
dans le silence du soir prêt à tomber : à peine une
onde légère ridait-elle la surface azurée; à l’écla-
tante fanfare des couleurs succédait le concert
des nuances assourdies, apaisées, et la transparence
de l’air était grande comme jamais. L’accord de
tant d’harmonies a trouvé un écho chez M. Char-
les Duvent et son trouble s’est exprimé dans un si
persuasif langage qu’on est contraint d’en subir le
délicieux partage.
Une forte image de jeune homme en tricot bleu,
assis, les mains croisées sur les genoux marque ici
l’apport du portraitiste très doué qu’est M. Deche-
naud.
Enfants des Pays-Bas, par Mme Cecil Jay. —
Le Boute-selle, par M. Darieux. — Brèhat, par
M. Dabadie. —Un coin d'orchestre,par MUo Des-
portes. — La Iielpie, par M. Millie Dow. — Le
Chemin des Chardons, par Mu° Delattre. — La
Forge abandonnée, par M. Delobre. — Bords
d'étang, paysage romantique de M. A. Dubois.
Salle IV. — Un second envoi de M. Jonas groupe
sur le banc-d’ceuvre, les Marguilliers de la pa-
roisse, vus à mi-corps et figurés grandeur nature:
l’ouvrage se rapproche plutôt cle certain tableau de
M. lierkomer que des Syndics ; malgré le profil
de femme du premier plan, inutile, anecdotique,
l’ensemble garde une belle tenue, et l’effort de pé-
nétration psychologique annonce chez le peintre,
de louables ambitions.
Le BanderiUo, par M. Gaenslen. — Les Quais
parisiens, de M. Degallaix. — L’Hiver, fine étude
de neige de M. Lepoivre. — Une rue de Mont-
martre, par M. Heyerdahl.
Salle V. — L'Étude au foyer, de M. Frison.
— Rose et La Chemise, de Mm0 Greenc-Blumen-
schein. — Hiver en Écosse, de M. James Kay. —
Tête de femme, de M. Destrem. — Étude, de M.
Lavalley. — Mélancolie, par M. Danguy. — Un
portrait de femme, de M. Ivanowitch.
Salle VI. — Avons-nous en France des édifices
qui réclament, pour être parés, un peintre possé-
dant le sens de l’histoire et l’intelligence particu-
lière des épisodes dramatiques par où se perpétue
le souvenir de telle guerre maritime, de tel combat
naval? M. Fouqueray est désigné pour tenir l’em-
ploi ; sa faculté d’évoquer le passé, de le reconsti-
tuer dans sa vraisemblance animée, l’apparente à
l’illustrateur Vierge, de glorieuse mémoire ; c’est,
par surcroît, un beau praticien, libre, ample ; un
coloriste sans brutalité, sans violence, qui aime
à faire jouer la délicate diaprurc des costumes, des
uniformes, parmi la vapeur grise des fumées de
la poudre et de l’embrun de la mer...
Le soleil de Provence répond à l’allégresse d’âme
de M. Guiilonnet. C’est un plaisir de suivre les
jeux diaprés du rayon, de montrer les taches d’or
èpandues sur les paysannes qui remontent le bois
clairsemé d’oliviers, ou sur les filles de Marie,
tout de clair vêtues, dont le cortège lentement
s’avance, en un clair après-midi, le jour de la pro-
cession de la Vierge.
II y a chez M. du Gardier un tact spontané de
l’élégance féminine qui se manifeste en toute
occurrence ; on prisera, à l’égal des plus réputés
pastels de J. de Nittis, cette Parisienne, dont la
svelte stature se silhouette, sur la pelouse verte de
l’avenue du Bois et sur l’allée que jalonne la file
des équipages, voitures ou automobiles ; le tableau
se recommande encore par un bonheur de mise en
page vraiment très particulier.
Le Jardin de Bérénice, par M. Gorguet. — Le
Miroir, par M. Gervais. — Après la revue, par
M. Ploynck van Papendrecht. — Coin d'hospice,
par M. Eyskens. — Les portraits de M1’0 Dela-
salle, de MM. P.-M. Dupuy, Garnelo, Franzini
d’Issoncourt, Deluc, Ilazera, Gorguet. — Lecture
intéressante, par M. Vicente Leon.
Salle VII. — Les deux places d’honneur sont
dévolues à M. Flameng, président du jury de pein-
ture. — Les Chiens, de Mlle Léotard. — Les
LA CHRONIQUE DES ARTS
tané agrandi, qui tient, j’imagine, à l’extrême vrai-
semblance des physionomies et des attitudes,
l’œuvre a de quoi confirmer pleinement les espé-
rances fondées, l’an passé, sur son auteur.
Une vue des Côtes du Pas-de-Calais, mamelon-
nées de dunes, où les lierbes mettent de rares
taches vertes sur le sable clair, où les différences
entre l’ombre et la lumière sont délicatement
marquées, par M. Hughes Stanton. — Marché en
Hongrie, par M. Isaac Perlmutter. — Les pein-
tures décoratives de M. Dupuy (Le Blé) et de
M. Bonis (La Vigne). — La Dame en noir de
M. Jastrebzoff. — Au jardin, vive étude de plein
air, par M. Carrera. — Le VIIe Chant de l'Enfer,
par M. Benedito-Vives. — L'Andalousie, tripty-
que de M. Libéra. — La San Gennaro do M. Tito
Salas. — Linceul d'un héros, par M. Jacquier. —
Le Dimanche au village, par M. Troncet. — Vue
de Bretagne, par M. Rémond. — Port de mer
dans le Midi, par M. Picabia. — Le Dimanche au
bois de Vincennes, par M. Fernand Guey. — Les
nus de M. Mille, de MUo Watkins.
Salle II. — Parlons avec gravité, conseille
Goethe, des ouvrages qui n’ont de la légèreté que
les apparences. Ainsi doit-on faire pour l’art de
M. André Devambez ; il est tout à la fois très per-
sonnel et très savant; le peintre n’a pas cessé de
se complaire aux vues cavalières; celle de cette
année montre La Place Pigalle, ensoleillée et
turbulente par l’animation d’un jour de fête; les
hautes maisons aux fenêtres pavoisées forment le
décor de fond ; sur la chaussée la foule grouil-
lante guette les allées et venues des omnibus verts,
fait cercle autour des lutteurs demi-nus qui s’éver-
tuent, ou encore s’étourdit près des carrousels, à
voir tourner les bateaux et les chevaux de bois
chantés par ‘Verlaine ; on n’est guère parvenu à
donner plus intense la sensation de la gaîté et de
la vie. Et voyez les heureux privilèges de l’imagina-
tion ! Le notateur du plaisir parisien se prouve par
ailleurs, à sa manière, peintre d’histoire : au pied
de l’antique forteresse, flanquée détours, les assail-
lants, en nombre infini, s’agrippent, gravissent les
talus sous la protection des boucliers, les échelles
debout, prêtes à être hissées le long des hautes
murailles ; ici encore, c’est le même fourmillement
d’une foule qui s’agite, où chaque personnage garde
sa vie individuelle, grâce à l'unité d’action, sans
jamais se dissocier de l’ensemble.
Le Pot d'azalée, excellente nature morte, de
Mlle Jeanne Duranton. — Dans les choux, par
M. Decorcbemont. — La Rentrée des taureaux,
par M. Doigneau. — Jeune fille au corsage rose,
par M. Grandgérard. — Les portraits de Mmo Du-
breuil, de MM. Fougerat, Jordic et de Jonckheere.
— Les paysages de M. Foréau.
Salle III. — C’était sur la lagune, en vue de
Saint-Michel, à l’instant où les derniers rayons
dorent les murs de l’église rose ; la barque glissait
dans le silence du soir prêt à tomber : à peine une
onde légère ridait-elle la surface azurée; à l’écla-
tante fanfare des couleurs succédait le concert
des nuances assourdies, apaisées, et la transparence
de l’air était grande comme jamais. L’accord de
tant d’harmonies a trouvé un écho chez M. Char-
les Duvent et son trouble s’est exprimé dans un si
persuasif langage qu’on est contraint d’en subir le
délicieux partage.
Une forte image de jeune homme en tricot bleu,
assis, les mains croisées sur les genoux marque ici
l’apport du portraitiste très doué qu’est M. Deche-
naud.
Enfants des Pays-Bas, par Mme Cecil Jay. —
Le Boute-selle, par M. Darieux. — Brèhat, par
M. Dabadie. —Un coin d'orchestre,par MUo Des-
portes. — La Iielpie, par M. Millie Dow. — Le
Chemin des Chardons, par Mu° Delattre. — La
Forge abandonnée, par M. Delobre. — Bords
d'étang, paysage romantique de M. A. Dubois.
Salle IV. — Un second envoi de M. Jonas groupe
sur le banc-d’ceuvre, les Marguilliers de la pa-
roisse, vus à mi-corps et figurés grandeur nature:
l’ouvrage se rapproche plutôt cle certain tableau de
M. lierkomer que des Syndics ; malgré le profil
de femme du premier plan, inutile, anecdotique,
l’ensemble garde une belle tenue, et l’effort de pé-
nétration psychologique annonce chez le peintre,
de louables ambitions.
Le BanderiUo, par M. Gaenslen. — Les Quais
parisiens, de M. Degallaix. — L’Hiver, fine étude
de neige de M. Lepoivre. — Une rue de Mont-
martre, par M. Heyerdahl.
Salle V. — L'Étude au foyer, de M. Frison.
— Rose et La Chemise, de Mm0 Greenc-Blumen-
schein. — Hiver en Écosse, de M. James Kay. —
Tête de femme, de M. Destrem. — Étude, de M.
Lavalley. — Mélancolie, par M. Danguy. — Un
portrait de femme, de M. Ivanowitch.
Salle VI. — Avons-nous en France des édifices
qui réclament, pour être parés, un peintre possé-
dant le sens de l’histoire et l’intelligence particu-
lière des épisodes dramatiques par où se perpétue
le souvenir de telle guerre maritime, de tel combat
naval? M. Fouqueray est désigné pour tenir l’em-
ploi ; sa faculté d’évoquer le passé, de le reconsti-
tuer dans sa vraisemblance animée, l’apparente à
l’illustrateur Vierge, de glorieuse mémoire ; c’est,
par surcroît, un beau praticien, libre, ample ; un
coloriste sans brutalité, sans violence, qui aime
à faire jouer la délicate diaprurc des costumes, des
uniformes, parmi la vapeur grise des fumées de
la poudre et de l’embrun de la mer...
Le soleil de Provence répond à l’allégresse d’âme
de M. Guiilonnet. C’est un plaisir de suivre les
jeux diaprés du rayon, de montrer les taches d’or
èpandues sur les paysannes qui remontent le bois
clairsemé d’oliviers, ou sur les filles de Marie,
tout de clair vêtues, dont le cortège lentement
s’avance, en un clair après-midi, le jour de la pro-
cession de la Vierge.
II y a chez M. du Gardier un tact spontané de
l’élégance féminine qui se manifeste en toute
occurrence ; on prisera, à l’égal des plus réputés
pastels de J. de Nittis, cette Parisienne, dont la
svelte stature se silhouette, sur la pelouse verte de
l’avenue du Bois et sur l’allée que jalonne la file
des équipages, voitures ou automobiles ; le tableau
se recommande encore par un bonheur de mise en
page vraiment très particulier.
Le Jardin de Bérénice, par M. Gorguet. — Le
Miroir, par M. Gervais. — Après la revue, par
M. Ploynck van Papendrecht. — Coin d'hospice,
par M. Eyskens. — Les portraits de M1’0 Dela-
salle, de MM. P.-M. Dupuy, Garnelo, Franzini
d’Issoncourt, Deluc, Ilazera, Gorguet. — Lecture
intéressante, par M. Vicente Leon.
Salle VII. — Les deux places d’honneur sont
dévolues à M. Flameng, président du jury de pein-
ture. — Les Chiens, de Mlle Léotard. — Les