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La chronique des arts et de la curiosité — 1907

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Nr. 32 (19 Octobre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19764#0315
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ET DE LA CURIOSITE

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d'une lettre, puis d’un mémoire de M. Chavannes,
qui fait actuellement un voyage d’études en Chine
et a adressé à l’Académie une relation de ses re-
cherches et des découvertes archéologiques qu’elles
lui ont values.

Séance du J octobre

Portraits historiques. — M. Henri Omont fait
une communication sur les portraits des rois de
France peints dans le recueil historique de Jean
du Tillet. Il démontre que les portraits qui ornent
le manuscrit original, dédié à Charles IX et conservé
aujourd’hui à la Bibliothèque Nationale, ne sont
pas des figures de fantaisie, mais la reproduction
fidèle de monuments iconographiques anciens :
statues funéraires ou sceaux des rois de France.

Bibliographie. — M. Maspero présente avec
éloge l’ouvrage de M. Émile Vernier, graveur en
médailles, sur l’orfèvrerie et la bijouterie égyp-
tiennes. Chargé d’une mission au Caire à cet effet,
M. Vernier s’est acquitté de sa tâche de la façon la
plus brillante, en technicien et en artiste.

Séance du ii octobre

Nécrologie. — M. Edmond Pottier annonce la
mort du célèbre archéologue Furtwaengler, dont
nous résumons plus loin la vie et les travaux.

Les travaux archéologiques en Égypte. —
M. Maspero, directeur du Service des antiquités
d’Égypte, rend compte des travaux exécutés sous
ses ordres pendant l’année courante, notamment
à Philæ et dans d'autres temples de la Nubie.
Grâce à l’appui du conseiller des Travaux publics,
sir William Garstien, le Service a obtenu un crédit
de seize cent mille francs, dont moitié sera con-
sacrée à l’exploration systématique des ruines ou
des cimetières et dont le reste sera employé à la
consolidation de monuments. Le concours du
gouvernement égyptien est formellement promis à
M. Maspero pour cette oeuvre si considérable, à.
laquelle trois ans au moins de travaux suffii’ont à
peine.

Communication. — M. Babclon continue la lec-
ture de son mémoire sur « La Théorie féodale de
la monnaie ».

Société des Antiquaires de France

Séance du Si juillet 1907

M. Pallu de Lessert communique l’estampage,
pris par M. Joly, architecte à Guelrna, d’une
inscription de l’ancienne Madauros qui indique des
restaurations faites au monument. On y relève le
mot suspcnsura, qui paraît nouveau clans l’épi-
graphie africaine et désigne, d’après Vitruve, la
plate-forme sous laquelle passait l’air destiné à
chauffer la pièce.

M. Poinssot complète une communication précé-
dente sur la Rose des vents de Dougga.

M. le baron du Teil entretient la Société de deux
tableaux de la collection Ghaix cl’Est-Ange : le
Portrait de Michel-Ange provenant de la collection
Alquior, et une réplique de la Vierge aux Rochers de
Léonard de Vinci.

Romain-Vincent Jeuffroy

Il n’y a guère d’exemple dans l'histoire de l’art
moderne qu’un artiste renommé de son temps soit
tombé aussi complètement dans l’oubli que le gra-
veur en pierres fines et médailles Romain-Vincent
Jeuffroy. Quelques notices biographiques sur la der-
nière période de sa carrière, alors qu’il était
directeur de l’École de gravure en pierres fines de
Paris, quelques œuvres dispersées dans les musées
publics, voilà tout ce qu’on connaît de cet artiste.
Avec lui, cependant, disparut un art aussi délicat
que difficile, aristocratique, parce qu’il est très
coûteux : la glyptique. Cet art fut très florissant
dans l’antiquité, chez les Grecs ; il se réveilla au
xvx6 siècle ; il brilla enfin une dernière fois à Vienne
et à Rome, avec la dynastie Pichler, — et à Paris,
avec Jeuffroy.

Au cours de mes recherches aux Archives de
Vienne, j’ai trouvé sur Jeuffroy, sur sa vie et sur
ses œuvres des documents curieux et inédits rela-
tifs à une affaire politique et aux démêlés que l’ar-
tiste eut avec la police autrichienne: le dossœr est
encore aujourd’hui au ministère de l’Intérieur à
Vienne.

La pièce la plus curieuse du dossier est une let-
tre de la main de Jeuffroy adressée à la princesse
Isabelle Lubomirska; à Vienne, lettre qui contient
toute sa biographie, et révèle ses sentiments poli-
tiques et artistiques. Voici cette lettre in extenso;
je me suis borné à en corriger les nombreuses fau-
tes d’orthographe :

« Opole, le 8 mars 1197.

« Princesse ! Je me trouve dans la situation la
plus malheureuse. L’on vient de me dire que dans
peu de jours l’on me signifierait l’ordre de sortir
des États de Sa Majesté Impériale, parce que je
suis Français. Je ne me suis jamais mêlé d’affaires
politiques, mon talent seul est mon unique occu-
pation.

« Je vous supplie, Princesse, de faire révoquer
l’ordre. Sa Majesté, voudra bien distinguer un ar-
tiste tranquille qui n’aime que la paix, et ne cesse
de faire des vœux pour elle. Mes sentiments sont
connus.

« Le prince de Hesse Hombourg, que j’ai eu
l’honneur de connaître pendant un an qu’il est
resté avec son régiment à Opole, pourrait rendre
témoignage et de ma conduite et de mes senti-
ments. Je n’ai jamais approuvé ce que les Fran-
çais ont fait, je le jure devant JDieu. L’équité de Sa
Majesté doit distinguer l’innocent du coupable.

« La Commission qui est à Jozefow m’a demandé
me3 passeports; je les ai portés moi-même il y a
environ cinq semaines.

« Le commissaire m’a dit que mon passeport
était très bon, que je n’étais pas dans le cas de la
loi, que le passeport de ma femme étant de la
chancelliriss [sic) de Sa Majesté Impériale, je
devais rester tranquille, qu’il ne m’arriverait rien.

« Je laissai mes passeports pour qu’il en prenne
copie, et I’od ne me les a pas encore rendus.

« L’on vient de me dire qu’ils étaient à Cracovie.
Si j’avais eu de l’argent pour faire le voyage, j’au-
rais été me jeter aux pieds de l’Empereur, et lui
demander grâce. Que vais-je devenir! Que va
devenir ma chère petite Rosalie! Elle n’a que
nous !
 
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