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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 31 (24 Septembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0255
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ET DE LA CURIOSITÉ

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voir non pas un simple jeu ou plaisir esthétique,
mais des sortes de pratiques magiques destinées à
fixer dans la région les animaux dont vivaient ces
tribus de chasseurs, à se les rendre bienfaisants
ou à paralyser leur férocité, à moins encore que
ces dessins ne soient des sortes d’ex-voto recon-
naissants offerts aux espèces animales par leurs
chasseurs.

A Kunschronik (5 août). — Une note, signée F.
W., attribue, avec raison semble-t-il, au peintre
florentin Neri di Bicci un tableau (reproduit dans
cette note), La Madone avec l’Enfant Jésus et le
jeune saint Jean, entourée d’anges, qui figure au
musée de Narbonne sous le nom de Giotto et n’a
certainement rien à faire avec cet artiste.

BIBLIOGRAPHIE

Jules Laurens, par L.-H. Labande. — Paris,

Honoré Champion, éditeur. Un vol. in-8° illustré,

de 365 pages.

Dans la Gazette même, à maintes reprises,
Philippe Burty, dont la postérité ne cesse pas de
confirmer les jugements, Philippe Burty a reven
diqué en faveur de Jules Laurens. Combien il se
réjouirait de voir consacrer au peintre-graveur
qu’il goûtait si vivement un monument signifi-
catif et autrement durable que le bronze ou le
marbre banal dont s’encombre la place publique,
pour la plus grande gêne des vivants et sans
profit pour la mémoire que l’on entend célébrer!

Nous discernons très bien quelles raisons ont
pu conférer à cet hommage son caractère élevé et
très spécial : l’auteur s’y montre à la fois très
informé et très enthousiaste. M. Labande n’a rien
négligé de la documentation qui pouvait l’aider à
faire la pleine lumière sur son héros : il a étudié
le milieu natal (Garpentras) et les milieux d’édu-
cation et de formation du talent (Montpellier et
Paris) ; il a suivi l’artiste au cours de ses voyages
en Italie, en Turquie, en Perse ; il l’a montré dans
son atelier entouré de ses élèves et de ses amis,
littérateurs ou peintres ; il a analysé les dessins
et les aquarelles, les lithographies et les eaux-
fortes, les tableaux et jusqu’aux productions mu-
sicales et aux écrits de Jules Laurens; il a ranimé
sa pensée et jusqu’à la parole de ses entretiens. La
physionomie revit, de la sorte, intégralement évo-
quée ; mais la reconstitution n’a rien de pénible,
d’aride ou de sec; on sent à chaque page l’entrain
d’une sympathie chaleureuse et communicative :
elle anime le récit ; elle ajoute aux sentiments
d’estime dus au savoir le respect que commande
la dignité d’un beau caractère et d’une existence
noblement remplie.

Impressionnismus, Antike und Neuzeit, von
Werner Weisbach. — Berlin, G. Grote. Un vol.
in-8° illustré, de 259 pages.

Nos voisins d’outre-Rhin se préoccupent volon-
tiers de rechercher et de découvrir les origines de
l’impressionnisme. Les travaux de M. Meier-
Graefe — qui a rang d’initiateur, — ceux de M.
Richard Ilaman et Karl Scheffler ont ouvert, à cet
égard, des voies nouvelles à la critique allemande.
M. Werner Weisbach s’y engage résolument.

Depuis longtemps déjà des liens de parenté avaient
été signalés : entre Corot, Canaletto et Joseph
Yernet; entre Manet, Goya, Frans Hais, Greco
et Velâzquez; entre Degas et Vermeer de Delft ;
entre Claude Monet, Renoir et les peintres ex-
quis qui dirent chez nous, dès le xvine siècle,
les joies de la couleur et de la lumière. On n’a
pas oublié non plus par quelles preuves déci-
sives M. Signac a établi naguère que 1a. décom-
position optique du ton, préconisée par Dela-
croix, devait aboutir logiquement à l’art de Geor-
ges Seurat. M. Werner Weisbach va plus loin (1)
et date de plus haut la filiation : dans les peintres
grecs, pompéiens et coptes, il voit de lointains
ancêtres de nos impressionnistes d’aujourd’hui,
et il défend sa thèse à grand renfort d'arguments
et d’images. Certes toute erreur renferme sa part
de vérité, mais il semble bien qu’on soit en pré-
sence de conceptions, de conditions de travail et
d’états d’esprit bien dissemblables; des contrastes
si nets existent entre la quiétude de l’âme antique
et la convoitise ardente de sensation aiguë, ra-
pide où ne s’absorbe pas exclusivement l’impres-
sionnisme, mais qui constitue un de ses traits
distinctifs !

Ceci dit, des études comme celle de M. Werner
Weisbach, fortifiée par une abondante documen-
tation graphique et par des références nombreuses,
n’en reste pas moins curieuse, précieuse, par les
réflexions qu’elle suscite, par les perspectives
qu’elle ouvre. Elle atteste aussi combien sont pué-
rils l’ignorance et l’aveuglement de certains pein-
tres qui voient dans le crédit grandissant de la
nouvelle école le résultat de manœuvres déloyales,
l’œuvre d’un « syndicat de trahison », tandis qu’il
s’agit simplement d’une admiration raisonnée et
d’un sentiment historique, en vertu de quoi les
peintres impressionnistes apparaissent, aux yeux
de la critique impartiale, comme les successeurs
légitimes et les héritiers directs de la tradition
des maîtres de 1830.

NECROLOGIE
Emmanuel Frémiet

Nous avons le bien vif regret d’annoncer la
mort, survenue le 10 septembre, d’un des plus
grands artistes dont s’honorait notre école de
sculpture contemporaine : Emmanuel Frémiet.

Né à Paris en 1824, il était le neveu de Rude et
fut quelque temps son élève ; il apprit à cette
forte école le sens de la grandeur et la conscience,
auxquels s’ajoutèrent ses qualités de force, d’in-
vention, d’esprit ingénieux. Tout jeune, il avait été
employé à la clinique de l'Ecole de médecine pour
le moulage des pièces anatomiques du musée Or-
fila. et il avait fait aussi pour le Muséum des li-
thographies relatives à l’ostéologie comparée. C’est
à ce moment que Rude devina le tempérament du
jeune artiste et s’occupa de lui. Passionné pour la
nature animale, pour les belles musculatures plei-
nes de force el de souplesse, les énergies vitales des

(1) Le rapprochement avec Rembrandt nous
paraît encore plausible, surtout en ce qui concerne
les dessins, _ ces dessins sublimes « malgré la
gangue où il les a laissés » comme le signifiait
au chef de l’école hollandaise une hérésie inexpiable
contre laquelle nul pourtant n’a protesté jusqu’ici.
 
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