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https://doi.org/10.11588/diglit.29076#0049
DES ilOIS ET DUCS DE LORRAINE. j
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
D E S
ROIS ET DUCS DE LORRAINE
ET DES COMTES, PUIS D U C S, D E B A R.
JL’an 855, Lôthaire, second fils de l’Empereur Lo- [
thaire, obtint, six jours avant la mort de son pere, !
c’est-à-direle 22 Septembre, cette partie du Royaume !
d’Austrasie qui s’étend d’un côté depuis Cologne jus- j
qu’à l’Océan, et de l’autre jusqu’au mont Jura. Ce
nouveau Royaume , qui fut appellé de son nom Lo-
thierregne, ou Lorraine, comprenoit le Valais, le Gé-
nevois , les cantons de Fribourg, de Soleure et de
Rerne , Ie diocèse de Basle, le Comté de Bourgogne,
l’Alsace, le Palatinat en-deçà du Rhin, les Electorats
de Treves et de Cologne , le Liégeois , Ies Duchés de
Lorraine, de Bar, de Luxembourg, de Limbourg, de
Juliers, de Cleves en partie, de Brabant et de Guel-
dre, les Comtés de Hainaut, de Namur, de Zéelande
et de Hollande , et le diocèse d’Utrecht, coinme nous
appellons aujourd’hui tous ces pays. L’inauguration
de Lothaire se fit à Francfort, sur la fin de l’an 805 ,
du consentement de Louis le Germanique son frere.
Ilépousa, l’an 856, Thietberge , ou. Theutberge,
fille de Théodebert, petit-fds, par Nivelon son pere ,
de Childebrand, frere de Charles Martel. Dégouté de
cette Princesse , après environ deux ans de mariage, il
la répudie pour épouser Valdrade. L’an 858, il con-
voque une Assemblée oii Thietberge, accusée par lui
d’inceste avec le Clerc Hubert son frere, se purge de
ce crime par l’épreuve de l’eau bouillante , qu’un
homme fit pour elle par ordre des Seigneurs , et dont
il sortit sain et sauf. Lothaire par là se vit obligé de la
reprendre: à quoi il consentit. Mais scs dégoûts ayant
repris le dessus, il se détermine à recommencer les
procédures contre sa femme. Ce Prince ayant rnis dans
ses intérêts Gonthier, Archevêque de Cologne , sous
la promesse d’épouser une cle ses nieces ; celui - ci
gagne Theutgaud , Archevêque de Treves , homme
siinple et facile à séduire. Les deux Prélats, de concert,
tiennent, le 9 Janvier 860 , à Aix-la-Chapelle , une
nouvelle Assetnblée où Thietberge , s’étant avouée
coupable du crirne dont 011 l’accusoit, est condamnée
1 à faire pénitence publique et à être renfermée dans un
Monastere. En étant sortie Ia même année, elle a re-
cours au Pape Nicolas I par ses Députés , et réclame
contre sa confession, disant qu’elle ne l’a faiteque pour
se soustraire aux mauvais traitemens du Roi. Thiet-
berge étoit pour lors retirée en France à la Cour de
Charles le Ghauve. Dans ces entrefaites, on tient, à
la mi-Février de la même année, à Aix-la-Chapelle,
un second Concile par ordre, dit Hincmar, des Rois
Charles, Louis et Lothaire, decernentibus gloriosis
Rsgibus Carolo, Hludovico et Hlothario, dans lequel
on confirme le jugement du preinier. II s’en assem-
bie un troisieme dans la inême ville le 29 ( et non le 8 )
Avril 862 , où le divorce de Lothaire étant approuvé,
ce Prince est autorisé à contracter un nouveau rna-
riage. En conséquence il épouse solemnellement
Valdrade , qu’il entretenoit à titre de concubine, et la
fait couronner Reine. ( AnnaL. Bertin. ) Thietberge
ayant appellé de ce jugement au Pape , deux Légats ,
Rodoalde, Evêque cle Porto, et Jean , Evêque de Fi-
cocle ( aujourd’huî Cervia ), envoyés par Nicolas I,
tiennent à Metz , dans le mois de Juin 863 , un Con-
cile où le dernier d’Aix-la-Chapelle est confirmé. Le
Pape casse les actes clu Concile de Metz, et dépose les
Légats cjui s’étoient laissé corrompre par argent, ainsi
que les Archevêques de Treves et de Cologne. ( Annal.
Bertin. ) Le Légat Arsene, envoyé en France, engage,
le 3 Août865 , Lothaire à reprendre Thietberge ; mais ,
la même année, ce Prince ayant rappellé Valdrade,
l’un et l’autre sont excommuniés par le Pape. ( Otto
Frising. Chr. 1. 6, c. 7.)
L’Abbé Hubert, frere cle Thietberge, que Lothaire
avoit fait Duc du pays situé entre le mont Jura et le
mont Joui, ne vit pas d’un œil indifférent l’outrage
fait à sa sœur. II prit les armes pour la venger, et ra-
vagea les terres de Lorraine voisines de son Duché.
Mais le Comte Conrad , envoyé contre lui, l’attaqua
etle mit à mort près d’Orbe en Suisse. Délivré de ce
rebelle , dont les courses lui avoient donné de l’in-
quiétude , Lothaire se livre avec plus de passion à sa
concubine. L’an 866, il envoie cles troupes en Italie
pour secourir l’Empereur Louis son frere, occupé à
faire la guerre aux Sarrasins : c’ëtoit l’objet apparent
de son voyage ; mais l’asfaire de son divorce en étoit le
principal motif. L’an 869 , il va trouver au Mont-
Cassin, suivant les Annales cle S. Bertin , le Pape
Adrien II, aucjuel il assure par serment, avec toute sa
suite , qu’il a fidèlement exécuté tout ce que le Pape
Nicolas lui avoit prescrit par rapport à son rnariage.
Adrien, sur cette affirmation, lui administre l’Eucha-
ristie , ainsi qu’à ceux qui l’accompagnoient. II suit
le Pape dans son retour à Rome, où il est froiclement
accueilli des Romains. S’étant rendu ensuite à Luc-
ques, il y est attaqué cle la fievre, et se fait transpor-
ter à Plaisance, où il meurt, le 8 Août, cl’une apo-
plexie qui dura cleux jours. On l’enterra dans un petit
Monaslere voisin de la ville. La plupart de ses gens
l’avoient précéclé au tombeau par une mort aussi
prompte. Thietberge, après la mort cle son époux , se
retira au Monastere de Sainte Glossinde à Metz, dont
elle fut Abbesse. ( Bouquet, T. VII, p. 332.) Elle
vivoit encore en 876. ( Pérard , Monum. Burgund.
p. 25.) Valdrade suivit l’exemple de Tliietberge en se
retirant à Remiremont. (Bouquet, ibid. p. 334-) Lo-
thaire laissa d’elle un hls nommé Flugues , à qui il
avoit donné l’Alsace dont il ne jouit pas ( Voy. les
Ducs d’Alsace) , et deux filles ; Gisle, mariée , l’an
882, à Godefroi le Danois, Duc cle Frise ; et Berthe ,
alliée, i° au Comte Thibaut, pere cle Hugues , Comte
de Provence, 20 à Acîalbert, Marquis d’Ivrèe. Lothaire
avoit hérité, l’an 863 , par la mort de Charles, Roi de
Provence, son frere, du Duché de Lyon , du \ien-
nois , du Vivarais et de l’Usége , ou pays ci’Uses.
(Bouquet, T. VIII, Préf. p. 39^ )
L’an 869, Charles le Chauve , Pcoi de France ,
s’empara clu Royaume de Lorraine , après la mort de
Lothaire , son neveu , au préjudice cle l’Empereur
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
D E S
ROIS ET DUCS DE LORRAINE
ET DES COMTES, PUIS D U C S, D E B A R.
JL’an 855, Lôthaire, second fils de l’Empereur Lo- [
thaire, obtint, six jours avant la mort de son pere, !
c’est-à-direle 22 Septembre, cette partie du Royaume !
d’Austrasie qui s’étend d’un côté depuis Cologne jus- j
qu’à l’Océan, et de l’autre jusqu’au mont Jura. Ce
nouveau Royaume , qui fut appellé de son nom Lo-
thierregne, ou Lorraine, comprenoit le Valais, le Gé-
nevois , les cantons de Fribourg, de Soleure et de
Rerne , Ie diocèse de Basle, le Comté de Bourgogne,
l’Alsace, le Palatinat en-deçà du Rhin, les Electorats
de Treves et de Cologne , le Liégeois , Ies Duchés de
Lorraine, de Bar, de Luxembourg, de Limbourg, de
Juliers, de Cleves en partie, de Brabant et de Guel-
dre, les Comtés de Hainaut, de Namur, de Zéelande
et de Hollande , et le diocèse d’Utrecht, coinme nous
appellons aujourd’hui tous ces pays. L’inauguration
de Lothaire se fit à Francfort, sur la fin de l’an 805 ,
du consentement de Louis le Germanique son frere.
Ilépousa, l’an 856, Thietberge , ou. Theutberge,
fille de Théodebert, petit-fds, par Nivelon son pere ,
de Childebrand, frere de Charles Martel. Dégouté de
cette Princesse , après environ deux ans de mariage, il
la répudie pour épouser Valdrade. L’an 858, il con-
voque une Assemblée oii Thietberge, accusée par lui
d’inceste avec le Clerc Hubert son frere, se purge de
ce crime par l’épreuve de l’eau bouillante , qu’un
homme fit pour elle par ordre des Seigneurs , et dont
il sortit sain et sauf. Lothaire par là se vit obligé de la
reprendre: à quoi il consentit. Mais scs dégoûts ayant
repris le dessus, il se détermine à recommencer les
procédures contre sa femme. Ce Prince ayant rnis dans
ses intérêts Gonthier, Archevêque de Cologne , sous
la promesse d’épouser une cle ses nieces ; celui - ci
gagne Theutgaud , Archevêque de Treves , homme
siinple et facile à séduire. Les deux Prélats, de concert,
tiennent, le 9 Janvier 860 , à Aix-la-Chapelle , une
nouvelle Assetnblée où Thietberge , s’étant avouée
coupable du crirne dont 011 l’accusoit, est condamnée
1 à faire pénitence publique et à être renfermée dans un
Monastere. En étant sortie Ia même année, elle a re-
cours au Pape Nicolas I par ses Députés , et réclame
contre sa confession, disant qu’elle ne l’a faiteque pour
se soustraire aux mauvais traitemens du Roi. Thiet-
berge étoit pour lors retirée en France à la Cour de
Charles le Ghauve. Dans ces entrefaites, on tient, à
la mi-Février de la même année, à Aix-la-Chapelle,
un second Concile par ordre, dit Hincmar, des Rois
Charles, Louis et Lothaire, decernentibus gloriosis
Rsgibus Carolo, Hludovico et Hlothario, dans lequel
on confirme le jugement du preinier. II s’en assem-
bie un troisieme dans la inême ville le 29 ( et non le 8 )
Avril 862 , où le divorce de Lothaire étant approuvé,
ce Prince est autorisé à contracter un nouveau rna-
riage. En conséquence il épouse solemnellement
Valdrade , qu’il entretenoit à titre de concubine, et la
fait couronner Reine. ( AnnaL. Bertin. ) Thietberge
ayant appellé de ce jugement au Pape , deux Légats ,
Rodoalde, Evêque cle Porto, et Jean , Evêque de Fi-
cocle ( aujourd’huî Cervia ), envoyés par Nicolas I,
tiennent à Metz , dans le mois de Juin 863 , un Con-
cile où le dernier d’Aix-la-Chapelle est confirmé. Le
Pape casse les actes clu Concile de Metz, et dépose les
Légats cjui s’étoient laissé corrompre par argent, ainsi
que les Archevêques de Treves et de Cologne. ( Annal.
Bertin. ) Le Légat Arsene, envoyé en France, engage,
le 3 Août865 , Lothaire à reprendre Thietberge ; mais ,
la même année, ce Prince ayant rappellé Valdrade,
l’un et l’autre sont excommuniés par le Pape. ( Otto
Frising. Chr. 1. 6, c. 7.)
L’Abbé Hubert, frere cle Thietberge, que Lothaire
avoit fait Duc du pays situé entre le mont Jura et le
mont Joui, ne vit pas d’un œil indifférent l’outrage
fait à sa sœur. II prit les armes pour la venger, et ra-
vagea les terres de Lorraine voisines de son Duché.
Mais le Comte Conrad , envoyé contre lui, l’attaqua
etle mit à mort près d’Orbe en Suisse. Délivré de ce
rebelle , dont les courses lui avoient donné de l’in-
quiétude , Lothaire se livre avec plus de passion à sa
concubine. L’an 866, il envoie cles troupes en Italie
pour secourir l’Empereur Louis son frere, occupé à
faire la guerre aux Sarrasins : c’ëtoit l’objet apparent
de son voyage ; mais l’asfaire de son divorce en étoit le
principal motif. L’an 869 , il va trouver au Mont-
Cassin, suivant les Annales cle S. Bertin , le Pape
Adrien II, aucjuel il assure par serment, avec toute sa
suite , qu’il a fidèlement exécuté tout ce que le Pape
Nicolas lui avoit prescrit par rapport à son rnariage.
Adrien, sur cette affirmation, lui administre l’Eucha-
ristie , ainsi qu’à ceux qui l’accompagnoient. II suit
le Pape dans son retour à Rome, où il est froiclement
accueilli des Romains. S’étant rendu ensuite à Luc-
ques, il y est attaqué cle la fievre, et se fait transpor-
ter à Plaisance, où il meurt, le 8 Août, cl’une apo-
plexie qui dura cleux jours. On l’enterra dans un petit
Monaslere voisin de la ville. La plupart de ses gens
l’avoient précéclé au tombeau par une mort aussi
prompte. Thietberge, après la mort cle son époux , se
retira au Monastere de Sainte Glossinde à Metz, dont
elle fut Abbesse. ( Bouquet, T. VII, p. 332.) Elle
vivoit encore en 876. ( Pérard , Monum. Burgund.
p. 25.) Valdrade suivit l’exemple de Tliietberge en se
retirant à Remiremont. (Bouquet, ibid. p. 334-) Lo-
thaire laissa d’elle un hls nommé Flugues , à qui il
avoit donné l’Alsace dont il ne jouit pas ( Voy. les
Ducs d’Alsace) , et deux filles ; Gisle, mariée , l’an
882, à Godefroi le Danois, Duc cle Frise ; et Berthe ,
alliée, i° au Comte Thibaut, pere cle Hugues , Comte
de Provence, 20 à Acîalbert, Marquis d’Ivrèe. Lothaire
avoit hérité, l’an 863 , par la mort de Charles, Roi de
Provence, son frere, du Duché de Lyon , du \ien-
nois , du Vivarais et de l’Usége , ou pays ci’Uses.
(Bouquet, T. VIII, Préf. p. 39^ )
L’an 869, Charles le Chauve , Pcoi de France ,
s’empara clu Royaume de Lorraine , après la mort de
Lothaire , son neveu , au préjudice cle l’Empereur