DES COMTES ET DUCS D E HOLSTEIN.
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CHRON OLOGIE HISTORIQUE
D E S
COMTES E T DUCS D E HOLSTEIN.
Le Holsteim (en latin Ilolsatia), anciennement appellé la Chersonese cimbriqne, parcequ’il ètoit la patrie
cîes Cimbres, depuis nommés Nordalbiugiens, à cause de la position du Holstein au norcl de l’Elbe , com-
prend dans sa plus grande étendue, du Levatit au Couchant, 17^19 milles géographiciues, et, du Nord au
Midi, 12 à i3 milles. (Busching.) Ce pays est aujourd’hui divisé en quatre cantons, qui sont le Holstein
propre auNord, le Dithmarse à l’Occident, la Stormarie au Sucl, et la Wagrie à l’Orient. Ses limites sout
à l’Orient la mer Baltique, à l’Occident la mer du Norcl, le SleswicK au Nord, le Lawenbourg, le Meciden-
bourg et l’Elbe au Midi. Charlemagne ayant subjugué les Nordalbingiens, en transporta plus de dix milîe
familles en-deçà du Rhin, en Flandre, en Brabant et en Flollande. Dans le Traité de paix qu’il fit en 811
avec le R.oi de DanemarcK, il fut convenu que la riviere d’Eyder feroit la séparation entre ce Royaume et
l’Empire. Depuis cette époque, Ia contrée qui borde cette riviere du côté de lWllemagne est appellée la
Marche , et fut gouvernée par un Margrave chargé d’en défendre les limites. Les Ducs de Saxe de la Maison
de Billingen, ou de Billüng, posséderent ce pays aux x et xx e siécles, et, à l’extinction de cette Maison , les
Empereurs le conférerent, par inféodation, à divers Seigneurs. Àdolphe cle Salingsleben , premier Comte
de Schauenbourg, enfut investi, l’an 1000 , par l’Empereur Conrad II. Etant mort en io55 , il le laissa à
son fils , de même nom que lui, et de celui-ci il passa à son hls , qui suit.
A D O L P FI E I.
Adolphe de Salingsleben, Comte de Schauenbourg
en Westphalie, sur les bords du Wéser-, obtint, i’an
1106, ou , selon d’autres , l’an 1110, de Lothaire ,
Comte de Supplenbourg et Duc de Saxe , le Holstein,
qui dépendoit alors de ce Duché. II fut aussi pourvu
de la Stormarie, vacante par la mort du Cornte Gode-
froi; et le tout fut érigé eu Comté. Âdolphe pour re-
peupler le Holstein y appella des Flamands, des Fri-
sons, des Westphaliens, des Venedes, tous peuples
très laborieux, qui mirent en valeur ce pays naturel-
lement fertile. Adolphe mourut en 1133, laissant de
N. son épouse un fils, qui suit.
A D O L P H E II.
1133. AdolpheII, successeur d’AdoIphe I son pere
dans les Comtés cle Holstein et de Schauenbourg , fut
chassé du premier de ces deux héritages, l’an 1109,
par Albert l’Ours, Margrave de Brandebourg; mais il
fut presque aussitôt rétabli par Henri le Superbe, Duc
de Saxe. II obiint ensuite la Wagrie , qu’il réunit au
Holstein. L’an 1140, ou 1144, suivant M. Busching,
il bâtit la vilie de LubecK dans la Wagrie , sur les
ruines de celle cle Buen , près clu confluent de Ia
Trave, de la WacKeniiz et de la StecKenilz , dans le
voisinage de la mer Baltique. Cette ville devint flo-
rissante. Les Marchands de BardewicK , attirés par
Adolphe, s’empresserent de venir la peupler. Mais sa
prospérité excita la jalousie du Suzerain , Flenri le
Lion, Duc de Saxe , au point qu’il défendit d’y ven-
dre autre chose que des comestibies. ( Helmolcl. Chr.
Slav. c. 76. ) Un incendie ayant consumé Lubecic en
1156, le Duc profita cle cet événement, l’an 1158 ,
pour engager Adolphe à lui en faire cession sous la
promesse de la rebâtir. Flenri tint parole ; et ayant
sait de Lubecx une nouvelle vilîe , il y appella des
peuples du Nord , en leur promettant toute liberté
de commerce. ( Helrnold. c. 86.) (>e fut alors qu’il
y établit ces fameux statuts qui eurent pour base ceux
de la ville de Soest en Westphalie ; statuts qui, cou-
firmés par les Empereurs Frédéric I, Frédéric II , et
leurs successeurs, furent adoptés, avec leur permis-
sion, par un grand nombre des villes voisines de la
mer Baltique.
Les Sclaves, ou Vandales, ayant secoué le joug que
Henri le Lion leur avoit imposé , Adolphe joignit ses
armes , l’an 1163 , à celles de ce Prince pour les faire
rentrer dans le devoir. Cette expédition lui clevint
funeste. L’an 1164, il fut tué, près de Demmin en
Poméranie , dans un combat contre les Sclaves.
( Helmold. Chr. Slav., L. 2, c. 4. ) II avoit épousé
Mathilde, Comtesse de Querfurt, dont il laissa un
fils , de même nom que lui, en bas âge. Mathilde s’é-
tantremariée à Henri, Cornte d’Orlamunde, ils gou,-
vernerent ensemble le Flolstein à titre de tuteurs du
jeune Adolphe.
ADOLPHE III.
1164. Àdolphe III, fils d’AdoIphe II, lui succécla
en bas age dans les Comtés cle Flolstein ct de Sehauen-
bourg sous la tutele cle Mathikle sa mere et de Henri
son beau-pere. Etant devenu majeur, il prit Ie parti
cle l’Empereur Frédéric I contre Henri le Liort, Duc
de Saxe , et contribua à chasser ce clernier de ses
Etats. L’Empereur en reconnoissance déclara Fiefim-
rnédiat de l’Empire le Flolstein , qui jusqu’alors avoit
relevé clu Duché de Saxe. Adolphe , l’an 1192 , s’é-
tant déclaré pour Waldemar, Evêcjue de Sleswicx, ré-
volté contre Canut VI, R.oi de DanemarcK, lui mena
cles secours que la pruclence du Monarque rendit
inutiles. Canut étant revenu l’année suivante dans le
Holstein avec des forces considérables , obligea le
Comte d’acheter la paix aux conditions qu’il voulut
y mettre , c’est-à-clire par une grancle somme d’ar-
gent. Résolu de se venger du Roi de DanemarcK ,
^- w v/w. . r~* >
cjue cle Iloschild , et Thorbern son frere, pour fane
têle aux Confédérés. Bataille cntre ies deux arrnées.
Thorbern est tué dans l’action et l’Evêque fait pri-
sonnier. Mais celui-ci trompe la vigiîance cîe ses
garcles, et s’échappe. Canut, dans Ies années sui-
Tome III.
D G
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CHRON OLOGIE HISTORIQUE
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COMTES E T DUCS D E HOLSTEIN.
Le Holsteim (en latin Ilolsatia), anciennement appellé la Chersonese cimbriqne, parcequ’il ètoit la patrie
cîes Cimbres, depuis nommés Nordalbiugiens, à cause de la position du Holstein au norcl de l’Elbe , com-
prend dans sa plus grande étendue, du Levatit au Couchant, 17^19 milles géographiciues, et, du Nord au
Midi, 12 à i3 milles. (Busching.) Ce pays est aujourd’hui divisé en quatre cantons, qui sont le Holstein
propre auNord, le Dithmarse à l’Occident, la Stormarie au Sucl, et la Wagrie à l’Orient. Ses limites sout
à l’Orient la mer Baltique, à l’Occident la mer du Norcl, le SleswicK au Nord, le Lawenbourg, le Meciden-
bourg et l’Elbe au Midi. Charlemagne ayant subjugué les Nordalbingiens, en transporta plus de dix milîe
familles en-deçà du Rhin, en Flandre, en Brabant et en Flollande. Dans le Traité de paix qu’il fit en 811
avec le R.oi de DanemarcK, il fut convenu que la riviere d’Eyder feroit la séparation entre ce Royaume et
l’Empire. Depuis cette époque, Ia contrée qui borde cette riviere du côté de lWllemagne est appellée la
Marche , et fut gouvernée par un Margrave chargé d’en défendre les limites. Les Ducs de Saxe de la Maison
de Billingen, ou de Billüng, posséderent ce pays aux x et xx e siécles, et, à l’extinction de cette Maison , les
Empereurs le conférerent, par inféodation, à divers Seigneurs. Àdolphe cle Salingsleben , premier Comte
de Schauenbourg, enfut investi, l’an 1000 , par l’Empereur Conrad II. Etant mort en io55 , il le laissa à
son fils , de même nom que lui, et de celui-ci il passa à son hls , qui suit.
A D O L P FI E I.
Adolphe de Salingsleben, Comte de Schauenbourg
en Westphalie, sur les bords du Wéser-, obtint, i’an
1106, ou , selon d’autres , l’an 1110, de Lothaire ,
Comte de Supplenbourg et Duc de Saxe , le Holstein,
qui dépendoit alors de ce Duché. II fut aussi pourvu
de la Stormarie, vacante par la mort du Cornte Gode-
froi; et le tout fut érigé eu Comté. Âdolphe pour re-
peupler le Holstein y appella des Flamands, des Fri-
sons, des Westphaliens, des Venedes, tous peuples
très laborieux, qui mirent en valeur ce pays naturel-
lement fertile. Adolphe mourut en 1133, laissant de
N. son épouse un fils, qui suit.
A D O L P H E II.
1133. AdolpheII, successeur d’AdoIphe I son pere
dans les Comtés cle Holstein et de Schauenbourg , fut
chassé du premier de ces deux héritages, l’an 1109,
par Albert l’Ours, Margrave de Brandebourg; mais il
fut presque aussitôt rétabli par Henri le Superbe, Duc
de Saxe. II obiint ensuite la Wagrie , qu’il réunit au
Holstein. L’an 1140, ou 1144, suivant M. Busching,
il bâtit la vilie de LubecK dans la Wagrie , sur les
ruines de celle cle Buen , près clu confluent de Ia
Trave, de la WacKeniiz et de la StecKenilz , dans le
voisinage de la mer Baltique. Cette ville devint flo-
rissante. Les Marchands de BardewicK , attirés par
Adolphe, s’empresserent de venir la peupler. Mais sa
prospérité excita la jalousie du Suzerain , Flenri le
Lion, Duc de Saxe , au point qu’il défendit d’y ven-
dre autre chose que des comestibies. ( Helmolcl. Chr.
Slav. c. 76. ) Un incendie ayant consumé Lubecic en
1156, le Duc profita cle cet événement, l’an 1158 ,
pour engager Adolphe à lui en faire cession sous la
promesse de la rebâtir. Flenri tint parole ; et ayant
sait de Lubecx une nouvelle vilîe , il y appella des
peuples du Nord , en leur promettant toute liberté
de commerce. ( Helrnold. c. 86.) (>e fut alors qu’il
y établit ces fameux statuts qui eurent pour base ceux
de la ville de Soest en Westphalie ; statuts qui, cou-
firmés par les Empereurs Frédéric I, Frédéric II , et
leurs successeurs, furent adoptés, avec leur permis-
sion, par un grand nombre des villes voisines de la
mer Baltique.
Les Sclaves, ou Vandales, ayant secoué le joug que
Henri le Lion leur avoit imposé , Adolphe joignit ses
armes , l’an 1163 , à celles de ce Prince pour les faire
rentrer dans le devoir. Cette expédition lui clevint
funeste. L’an 1164, il fut tué, près de Demmin en
Poméranie , dans un combat contre les Sclaves.
( Helmold. Chr. Slav., L. 2, c. 4. ) II avoit épousé
Mathilde, Comtesse de Querfurt, dont il laissa un
fils , de même nom que lui, en bas âge. Mathilde s’é-
tantremariée à Henri, Cornte d’Orlamunde, ils gou,-
vernerent ensemble le Flolstein à titre de tuteurs du
jeune Adolphe.
ADOLPHE III.
1164. Àdolphe III, fils d’AdoIphe II, lui succécla
en bas age dans les Comtés cle Flolstein ct de Sehauen-
bourg sous la tutele cle Mathikle sa mere et de Henri
son beau-pere. Etant devenu majeur, il prit Ie parti
cle l’Empereur Frédéric I contre Henri le Liort, Duc
de Saxe , et contribua à chasser ce clernier de ses
Etats. L’Empereur en reconnoissance déclara Fiefim-
rnédiat de l’Empire le Flolstein , qui jusqu’alors avoit
relevé clu Duché de Saxe. Adolphe , l’an 1192 , s’é-
tant déclaré pour Waldemar, Evêcjue de Sleswicx, ré-
volté contre Canut VI, R.oi de DanemarcK, lui mena
cles secours que la pruclence du Monarque rendit
inutiles. Canut étant revenu l’année suivante dans le
Holstein avec des forces considérables , obligea le
Comte d’acheter la paix aux conditions qu’il voulut
y mettre , c’est-à-clire par une grancle somme d’ar-
gent. Résolu de se venger du Roi de DanemarcK ,
^- w v/w. . r~* >
cjue cle Iloschild , et Thorbern son frere, pour fane
têle aux Confédérés. Bataille cntre ies deux arrnées.
Thorbern est tué dans l’action et l’Evêque fait pri-
sonnier. Mais celui-ci trompe la vigiîance cîe ses
garcles, et s’échappe. Canut, dans Ies années sui-
Tome III.
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