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Clément, François [Editor]
L' Art De Vérifier Les Dates Des Faits Historiques, Des Chartes, Des Chroniques, Et Autres Anciens Monumens, Depuis La Naissance De Notre-Seigneur: Par le moyen d'une Table Chronologique, o l'on trouve les Olympiades, les années de J.C., de l'Ere Julienne ou de Jules César, des Eres d'Alexandrie & de Constantinople, de l'Ere des Séleucides, de l'Ere Césaréenne d'Antioche, de l'Ere d'Espagne, ... ; Avec Deux Calendriers perpétuels, ... (Band 3) — Paris, 1787 [Cicognara, 2479-III-1-2]

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https://doi.org/10.11588/diglit.29076#0601

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DES SUISSES E T D E LEURS ALLIÉS.

CHRONOLOGIE HISTORIQUE

D E S

SUISSES E T D E LEURS ALLIÉS.


UiNE nation sans Chef, composée de treize corps politiques différens entre eux par la forme du Gouvernement,
démocratique chez les uns, aristocratique chez les autres , également divisés par le culte religieux, ici Ca-
tholiques , là Zuingliens ou Calvinistes, mais réunis par un amour égal de la liberté , telle est en précis la
République des Suisses. Celtes , ou Gàulois d’origine, ils avoient sousfertque des Colonies de Ciinbres et
de Sueves vinssent s’établir parmi eux, et leur avoient abandonné la partie septentrionale de l’Helvétie. C’est
par là qu’on peut expliquer ce qui a donné naissance à la diversité de langage qui subsiste encore entre cette
parlie et le reste de la Suisse. Le nom d’Helvétiens fut commun à tous jusqu’à la grande conféclération
qu’ils firent au xiv e siécle, et depuis laquelle ils ne sont plus connus que sous le nom de Suisses. Lorsque
Jules-César entra dans les Gaules, ils étoient partagés en quatre Cantons dont la position et l’étendue ne sont j
pas faciles à déterminer. La population de ce pays étoit telle alors, qu’on y comptoit douze villes et quatre
cens villages *, mais le produit du sol foiblement cultivé, ne fournissoit que disficilement à la subsistance de
ses nombreux habitans (1). Orgetorix, le plus opulent et le plus accrédité d’entre eux, les voyant murmurer
de leur sort, proposa une invasion dans les Gaules pour se faire donner le commandement. Ses desseins
ambitieux furent découverts. La mort qu’il se donna prévint la vengeance que ses compatriotes se proposoient
d’exercer sur lui. Cependant les esprits conserverent l’impulsion qu’il leur avoit donnée, et l’entreprise fut
également résolue. Pour rendre irrévocable le parti qu’ils avoient pris, ils commencerent à mettre le feu
à leurs habitations; après quoi, le 26 Mars de l’an 6$5 de Rome, ils s’acheminerent au nombre de 92 rnille
hommes, sans compter les femmes , les enfans et les vieillards, vers le Pdiône, où étoit marqué le rendez-
vous général de la nation. César, alors Proconsul des Gaules, apprenant leur émigration , vole à leur ren-
contre pour Ies empêcher de pénétrer sur les terres des Romains. Ils étoient près alors d’entrer dans les
gorges qui séparent le lac Leman clu Mont-Jura. Le Général romain leur barre le chemin par un retran-
chement qu’il fait élever à l’ouverture de ce défilé, après avoir fait rompre le pont de Geneve qui commu-
niquoit avec leur pays. Obligés par-là de revenir sur leurs pas, les Helvétiens s’adressent aux Séquanois,
qui leur accordent le passage sur leurs terres , d’où ils arrivent sur les bords de la Saône dans le pays des
Eduens. Les deux tiers de leur armée avoient déja traversé la riviere sur des traîneaux et desoutres , lorsque
César atteignitleur arriere-garde , composée de Tigurins, qu’il déht. Ayant fait ensuite construire un pont
sur la Saône , il livre aux Plelvétiens divers petits combats qui aboutirent à une asfaire générale, où il rem-
porta une victoire complete près d’Autun, nommé alors Bibracte. Ceux qui échapperent au carnage
étant retournés dans leur patrie , s’occuperent à y réparer leurs foyers.

L’Helvétie, depuis ce teins, demeura soumise aux Romains l’espace d’environ quatre siécles. Les Bour-
guignons l’ayant conquise l’an 407 > elle resta sous leur domination jusqu’à la destruction de leur Royaume,
opérée par les armes des enfans de Clovis en 532 ou 534* Dans les divers partages que les successeurs de
ces Princes firent entre eux de la Monarchie françoise, l’Helvétie tomba tantôt dans le lot des Rois de
Bourgogne, tantôt dans celui des Rois d’Austrasie. Sur le déclin cle la race carlovingienne, Rodolfe, fds
de Conrad et Cornte d’Auxerre, ayant assemblé, l’an 88S, les Evêques et les Grands de la Bourgogne, dont
il étoit Gouverneur, les engagea à lui déférer le titre de Roi. Son petit-fds, Rodolfe III, n’ayant point d’en-
fans, transmitses Etats par son testament, l’an 1002, à l’Empereur Conrad le .Salique. Ce fut alors que
les Prélats et les Seigneurs du pays profiterent de l’éloignement de ce nouveau maître pour s’approprier et éri-
ger en souverainetés les terres dont ils avoient le commandement. Une partie de l’Helvétie demeura néan-
moins sous l’autorité immédiate de l’Empereur j mais ce ne fut pas la plus heureuse. Des étrangers envoyés
pour la gouverner la traiterent en pays de conquête, et ne travaillerent qu’à s’enrichir de ses dépouilles. Le
mal fut porté à son comble pendant l’espece d’anarchie qui régna dans l’Ernpire depuis la déposition de
Frédéric II, prononcée, en 1246, au Concile de Lyon, jusqu’à l’élection, faite en 1273, de Rodolphe de
Habsbourg, pour remplir le trône impérial. Dans cet intervalle de 28 ans, la loi du plus fort fut presque la
seule qu’on respectât dans l’Empire. Les villes helvétiques, pour se mettre à l’abri de l’oppression, commen-
cerent à faire enlre elles des confédérations ; mais, voyant que cet expédient ne sufhsoit pas pour défendre

(1 ) Voici quelies étoient aiors l’étendue et les bornes de l’Hel-
vétie. César , dans ses Commentaires, sépare les Helvétiens des
Germains par le I\hin , des Séquanois par le Mont-Jura, et des
j Allubroges par ie lac Lemaxi et le Rhône, par où il paroît que ces

peuples occupoient, outre ce qu’on appelle anjourd’hui la Suisse
allemande, tout le pays de Waud, le Vaiais et le pays de Gex, le
long du iac Leman et du Rhône d’un côté, et duMont-Jura de
l’autre*. >|
 
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