DES COMTES E T PRINCES D’ANHALT.
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ONOLOGÏE HISTORIQUE
D E S
COMTES E T PRINCES D’ANHALT.
Le Comté d’Anhalt, érigé depuis en Principauté, traversé par l’Elbe et situé dans la haute Saxe, entre le Du-
ché de Saxe, laMarche de Brandebourg, le Duché de Brunswicx etle Comté de Mansfeld,contientenviron,
clans l’état où il est réduit présentement, 18 lieues de longueur sur 4 à 5 de largeur. » Une chose re-
marquable, dit M. Busching, T. X, p. 164 , est que dans le canton nommé Haderholz , près de Hei-
» delberg, à peu de distanee de Gunsterberg, le pays de BrunswicK, celui d’Anhalt et celui de Stolberg, s’y
» terminent tellement en pointe l’un vers l’autre , que chacun des Seigneurs Souverains peut être assis à la
» même table et néanmoins se trouver sur son territoire ». Ce pays, qui comprend 20 villeset2 bourgs sans les
villages, fut anciennement possédé par la Maison d’Ascanie, qui jouissoit outre cela du Comté de Ballens-
tedt etdu Margraviat de Saltzwedeb ou de Soltzwedel. Otton le Riche, fils d’Esicon V, Comte d’Ascanie,
mort en 1120, laissa d’Elixa, fille de Magnus, dernier Duc de Saxe de la Maison de Billiing, Albert,
surnommé l’Ours, qui devint Marquis de Brandebourg en 1142, et mourut en 1169. Bernard , fils puîné
de ce dernier, eut dans son partage le Comté d’Anhalt, auquel il joignit, l’an 1180, par la nomination de
l’Empereur Frédéric I, le Duché de Saxe, après la proscription de Henri le Lion. Etanf mort l’an 1212, il
laissa de son premier mariage deux fils, Albert, son successeur en Saxe , et Idenri, qui suiL
H enri , dit le ViEux et le Gras , second fds de
Bernard et de Jutte de DanemarcK, fut déclaré, vers
l’an 1218, Prince d’Anhalt et Comte d’Ascanie par
l’Empereur Frédéric II, dont il avoit embrassé le parti
après avoir quitté celui d’Otton IV , son compétiteur,
qu’il avoit d’abord suivi ». Jusqu’alors, dit M. Pfef-
» fel, il 11’y avoit point eu d’exemple que le titre de
» Prince eut servi à désigner une dignité particuliere,
» distincte et personnelle ». L’an 1238, il prit la dé-
fense de Ludolfe , Evêque d’Halberstadt, contre les
Margraves de Brandebourg, Jean et Otton, auxquels
il enleva la ville d’Hamersleben. L’histoire ne nous a
point conservé d’autre trait mémorable de sa régence,
qui fmit par sa mort, arrivée, suivant Imhoff, l’an
ia52. En mourant , il laissa cinqfds, Henri, Sige-
froi, Bernard , Herman et Magnus, dont les deux der-
niers, ayant embrassé l’état ecclésiastique , devinrent
Prévôts , celui-là d’Halberstadt , celui-ci de Lebus.
Les trois autres partagerent entre eux la Principauté
d’Anhalt et ses dépendances, de maniere que l’aîné
eut le Comté d’Ascanie, la ville d’Aschersleben et le
Vogtei, avec tous les châteaux nobles de sa Maison ;
le second , la Principauté de Bernbourg avec le Comté
de Ballenstedt ; le troisieme, les Principautés de Des-
sau , de Zerbst et de Koethen. Dans ce partage il fut
convenu que non seulement les titres et marques
d’honneur, mais le droit d’investiture simultanée, de-
meureroient communs entre les trois branches.
1202. Henri, dit le Jeune , fds aîné de Henri le
Vieux , gouverna paisibleraent, à ce qu’il paroît, les
Domaines qui lui étoient échus, jusqu’à sa mort ar-
rivée l’an 1267. De Mathilde son épouse , fdle d'Ot-
ton l’Ensant, Duc de Brunswicx, iî iaissa deux fds ,
Henri eyOtton, dont le premier , étant entré dansle
Clergé, devint Archevêque de Magdebourg, et le se-
cond recueillit toute l’hérédité paternelle ; mais il ne
la transmit point à ses descendans. II n’avoit qu’un
fds , nommé comme lui , que la mort enleva l’an
i3o5. Etant décédé lui-même en 1315, il eut pour
héritier Albert I, dit l'Ancien , son cousin , fils de
Sigefroi, lequel ayant peu survécu à son pere sans
laisser d’autre enfant qu’un fds en bas âge, toute la
succession d’Otton fut dévolue à Bernard II, hls de
Bernard I, comme à l’Administrateur naturel des Fiefs
communs à toute sa Maison en qualité deplus proche
agnat. Bernard, en vertu de ce droit, se mit en pos-
session de la ville d’Aschersleben et cle toute la Prin-
cipauté d’Anhalt, dont il obtint l’investiture de l’Em-
pereur Louis de Baviere pour lui-même et pour son
pupille. Mais Otton ayant donné le château d’As-
chersleben avec les autres Domaines de l’Ascanie à sa
femme Elisabeth pour lui tenir lieu de douaire, Ber-
nard lui permit de jouir de ses droits. Albert, frere de
ce dernier, élevé, l’an i3o4, à l’Evêché d’Halbers-
tadt, n’imita point cette générosité : il prétendit avoir
droit au Comté d’Ascanie, eten vint au point d’obli-
ger la veuve d’Ütton à concourir avec lui pour faire
réunir son douaire à l’Eglise d’Halberstadt. Mais ce
projet ayant échoué par l’opposition de Bernard , il
prit les armes pour le faire réussir de force. Bernard
se mit en état de défense, et, après des hostilités réci-
proques,on tintà Quedlimbourg, l’an i3i6, des Gon-
férences, où l’Evêque d’Llalberstadt offrit de rendre ce
qu’il avoit usurpé, à condition que Bernard reconnoî-
troit le tenir en mouvance de son Eglise. Mais celui-
ci protestant qu’il ne feroit jamais rien qui fût con-
traire aux droits de l’Empire, dont l’Ascanie étoit un
Fief de banniere , ou préjudiciable aux intérêts de ses
pupilles ( son propre îils et celui d’Albert l’Ancien) ,
on se sépara sans rien conclure. Bernard ayant par-là
gagné l’estime de l’Empereur, reçut de sa main , l’an
i3i8 , l’investiture de l’Ascanie. Mais la mort l’em
porta, la même année. Son fils, Bernard III, héritier
de ses dispositions, ne tarda guere à se brouiller avec
l’Evêque Albert son oncle. La guerre se renouvella
pour îa succession litigieuse ; et ce fut la veuve d’Ot-
ton , remariée à Frédëric , Comte d’Orlamunde , qui
en ralluma le flambeau par la nouvelle cession qu’eile
fit, en 1322 , de son douaire à l’Evêque et au Cha
pitre d’Halberstadt. Bernard , ayant assigné l’Evêque
en expoliation d’hoirie au Tribunal de l’Empereur ,
se fit investir, l’an i323 , à Nuremberg, des Domaines
qu’il revendiquoit et de tout le Comté d’Ascanie. 11
obtint de plus un Edit impérial par lequel il etoit
enjoint à tous les vassaux du Comte d Anhalt de s a-
dresser au seul Bernard. pour avoir l’investiture de
leurs Fiefs, avee défense de la recevoir de l’Evêque
Tomc llLn
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ONOLOGÏE HISTORIQUE
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COMTES E T PRINCES D’ANHALT.
Le Comté d’Anhalt, érigé depuis en Principauté, traversé par l’Elbe et situé dans la haute Saxe, entre le Du-
ché de Saxe, laMarche de Brandebourg, le Duché de Brunswicx etle Comté de Mansfeld,contientenviron,
clans l’état où il est réduit présentement, 18 lieues de longueur sur 4 à 5 de largeur. » Une chose re-
marquable, dit M. Busching, T. X, p. 164 , est que dans le canton nommé Haderholz , près de Hei-
» delberg, à peu de distanee de Gunsterberg, le pays de BrunswicK, celui d’Anhalt et celui de Stolberg, s’y
» terminent tellement en pointe l’un vers l’autre , que chacun des Seigneurs Souverains peut être assis à la
» même table et néanmoins se trouver sur son territoire ». Ce pays, qui comprend 20 villeset2 bourgs sans les
villages, fut anciennement possédé par la Maison d’Ascanie, qui jouissoit outre cela du Comté de Ballens-
tedt etdu Margraviat de Saltzwedeb ou de Soltzwedel. Otton le Riche, fils d’Esicon V, Comte d’Ascanie,
mort en 1120, laissa d’Elixa, fille de Magnus, dernier Duc de Saxe de la Maison de Billiing, Albert,
surnommé l’Ours, qui devint Marquis de Brandebourg en 1142, et mourut en 1169. Bernard , fils puîné
de ce dernier, eut dans son partage le Comté d’Anhalt, auquel il joignit, l’an 1180, par la nomination de
l’Empereur Frédéric I, le Duché de Saxe, après la proscription de Henri le Lion. Etanf mort l’an 1212, il
laissa de son premier mariage deux fils, Albert, son successeur en Saxe , et Idenri, qui suiL
H enri , dit le ViEux et le Gras , second fds de
Bernard et de Jutte de DanemarcK, fut déclaré, vers
l’an 1218, Prince d’Anhalt et Comte d’Ascanie par
l’Empereur Frédéric II, dont il avoit embrassé le parti
après avoir quitté celui d’Otton IV , son compétiteur,
qu’il avoit d’abord suivi ». Jusqu’alors, dit M. Pfef-
» fel, il 11’y avoit point eu d’exemple que le titre de
» Prince eut servi à désigner une dignité particuliere,
» distincte et personnelle ». L’an 1238, il prit la dé-
fense de Ludolfe , Evêque d’Halberstadt, contre les
Margraves de Brandebourg, Jean et Otton, auxquels
il enleva la ville d’Hamersleben. L’histoire ne nous a
point conservé d’autre trait mémorable de sa régence,
qui fmit par sa mort, arrivée, suivant Imhoff, l’an
ia52. En mourant , il laissa cinqfds, Henri, Sige-
froi, Bernard , Herman et Magnus, dont les deux der-
niers, ayant embrassé l’état ecclésiastique , devinrent
Prévôts , celui-là d’Halberstadt , celui-ci de Lebus.
Les trois autres partagerent entre eux la Principauté
d’Anhalt et ses dépendances, de maniere que l’aîné
eut le Comté d’Ascanie, la ville d’Aschersleben et le
Vogtei, avec tous les châteaux nobles de sa Maison ;
le second , la Principauté de Bernbourg avec le Comté
de Ballenstedt ; le troisieme, les Principautés de Des-
sau , de Zerbst et de Koethen. Dans ce partage il fut
convenu que non seulement les titres et marques
d’honneur, mais le droit d’investiture simultanée, de-
meureroient communs entre les trois branches.
1202. Henri, dit le Jeune , fds aîné de Henri le
Vieux , gouverna paisibleraent, à ce qu’il paroît, les
Domaines qui lui étoient échus, jusqu’à sa mort ar-
rivée l’an 1267. De Mathilde son épouse , fdle d'Ot-
ton l’Ensant, Duc de Brunswicx, iî iaissa deux fds ,
Henri eyOtton, dont le premier , étant entré dansle
Clergé, devint Archevêque de Magdebourg, et le se-
cond recueillit toute l’hérédité paternelle ; mais il ne
la transmit point à ses descendans. II n’avoit qu’un
fds , nommé comme lui , que la mort enleva l’an
i3o5. Etant décédé lui-même en 1315, il eut pour
héritier Albert I, dit l'Ancien , son cousin , fils de
Sigefroi, lequel ayant peu survécu à son pere sans
laisser d’autre enfant qu’un fds en bas âge, toute la
succession d’Otton fut dévolue à Bernard II, hls de
Bernard I, comme à l’Administrateur naturel des Fiefs
communs à toute sa Maison en qualité deplus proche
agnat. Bernard, en vertu de ce droit, se mit en pos-
session de la ville d’Aschersleben et cle toute la Prin-
cipauté d’Anhalt, dont il obtint l’investiture de l’Em-
pereur Louis de Baviere pour lui-même et pour son
pupille. Mais Otton ayant donné le château d’As-
chersleben avec les autres Domaines de l’Ascanie à sa
femme Elisabeth pour lui tenir lieu de douaire, Ber-
nard lui permit de jouir de ses droits. Albert, frere de
ce dernier, élevé, l’an i3o4, à l’Evêché d’Halbers-
tadt, n’imita point cette générosité : il prétendit avoir
droit au Comté d’Ascanie, eten vint au point d’obli-
ger la veuve d’Ütton à concourir avec lui pour faire
réunir son douaire à l’Eglise d’Halberstadt. Mais ce
projet ayant échoué par l’opposition de Bernard , il
prit les armes pour le faire réussir de force. Bernard
se mit en état de défense, et, après des hostilités réci-
proques,on tintà Quedlimbourg, l’an i3i6, des Gon-
férences, où l’Evêque d’Llalberstadt offrit de rendre ce
qu’il avoit usurpé, à condition que Bernard reconnoî-
troit le tenir en mouvance de son Eglise. Mais celui-
ci protestant qu’il ne feroit jamais rien qui fût con-
traire aux droits de l’Empire, dont l’Ascanie étoit un
Fief de banniere , ou préjudiciable aux intérêts de ses
pupilles ( son propre îils et celui d’Albert l’Ancien) ,
on se sépara sans rien conclure. Bernard ayant par-là
gagné l’estime de l’Empereur, reçut de sa main , l’an
i3i8 , l’investiture de l’Ascanie. Mais la mort l’em
porta, la même année. Son fils, Bernard III, héritier
de ses dispositions, ne tarda guere à se brouiller avec
l’Evêque Albert son oncle. La guerre se renouvella
pour îa succession litigieuse ; et ce fut la veuve d’Ot-
ton , remariée à Frédëric , Comte d’Orlamunde , qui
en ralluma le flambeau par la nouvelle cession qu’eile
fit, en 1322 , de son douaire à l’Evêque et au Cha
pitre d’Halberstadt. Bernard , ayant assigné l’Evêque
en expoliation d’hoirie au Tribunal de l’Empereur ,
se fit investir, l’an i323 , à Nuremberg, des Domaines
qu’il revendiquoit et de tout le Comté d’Ascanie. 11
obtint de plus un Edit impérial par lequel il etoit
enjoint à tous les vassaux du Comte d Anhalt de s a-
dresser au seul Bernard. pour avoir l’investiture de
leurs Fiefs, avee défense de la recevoir de l’Evêque
Tomc llLn
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