Clément, François [Hrsg.]: L' Art De Vérifier Les Dates Des Faits Historiques, Des Chartes, Des Chroniques, Et Autres Anciens Monumens, Depuis La Naissance De Notre-Seigneur: Par le moyen d'une Table Chronologique, o l'on trouve les Olympiades, les années de J.C., de l'Ere Julienne ou de Jules César, des Eres d'Alexandrie & de Constantinople, de l'Ere des Séleucides, de l'Ere Césaréenne d'Antioche, de l'Ere d'Espagne, ... ; Avec Deux Calendriers perpétuels, ... (Band 3) (Paris, 1787) [Cicognara, 2479-III-1-2]

DES EVEQUES E T PRINCES D E GENEVE.

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CHRONOLOGIE HISTORIQUE

D E S

EYÊQUES E T PRINCES D E GENEYE,

E T DES COMTESDE GÉNEVOIS.

Geneve (en latin Genevci, Genava, Janoba, Gennæ, et Gebenna), ville ancienne du pays des Allobroges (1),
située surle Rhône , à l’endroit où il sort du lac Leman, ou de Geneve. Deux parties inégales la divisent,
dont la moindre, assise sur une montagne, et nommée la vieille ville, renferme l’ancienne cathédrale, dédiée
à S. Fierre ; l’autre , plus nouvelle , s’étend dans la plaine des deux côtés du Ileuve. Après avoir été sou-
mise , pendant environ cinq siécles , aux Romains , Geneve , avec son territoire , tomba , vers l’an 413 ,
sous la puissance des Bourguignons. Chilpéric, leur troisieme Roi, fils de Gondioc, y établit sa demeure. 11
paroît que Geneve recut la lumiere de l’Evangile vers la Jfin clu 11 e siécle de l’Eglise , et que dans le v e, au
phis tard , elle devint un Siége épiscopal : mais de donner une suite chronologique de ses Evêques jusqu’au
xm e siécle, c’est ce que le défaut de monumens authentiques ne permet pas. Son Eglise , étant devenue
la proie des flammes , fut rebâtie au commencement du vi e siécle , et consacrée , par S. Avit, Evêque de
Vienne , son Métropolitain, qui, dans cette occasion, prononça unehomélie, où, parlant aux Génevois,
il appelle S. Pierre leur patron , patrono vestro. C’est sur l’emplacement de cet édifice, et sous le même
titre , que fut élevée, dans le xi e siécle , la nouvelie cathédrale telle qu’on la voit aujourd’hui. Clotilde,
fille de Chilpéric, étoit à Geneve lorsqu’Aurélien, Ambassadeur de Clovis, vint, au nom de son maître,
en faire la demande au Iloi Gondebaud, oncle de la Princesse et meurtrier de son pere. Sédéleube, dite aussi
Chrone , sœur de Clotilde , avoit fait bâtir , vers l’an 5o2 , avant de prendre le voile , une Eglise, au faux-
bourg de Geneve, en l’honneur de S. Victor , l’un des martyrs de la lcgion thébéenne , dont elle fit ap-
porter le corps de Soleure, compris en ce tems-là dans le diocèse de Geneve. L’Evêque, qui siégeoit alors
dans cette ville, est appellé Donatien par MM. de S te Marthe, et par d’autres Domitien. Geneve suivit le
sort du Royaume de Bourgogne, lorsqu’en 534, ^ eut ete conquis par les enfans de Clovis.

A-ppellin gouvernoit PEglise de Geneve en 622, ou
624 au plus tard, et fit, cette derniere année, un
mauvais personnage au troisieme Concile de Mâcon ,
en prenant contre S. Eustase , Abbé de Luxeu , le
parti du Moine Agrestin, qui osoit décrier la Regle de
S. Colomban.

Eginhard, dans ses annales, nous aprend que, l’an
770, Charlemagne , allant combattre Didier, Roi
des Loinbards, pour venger l’Eglise romaine qu’il op-
primoit, s’arrêta à Geneve , et que la, dans un Con-
seil qu’il y tint, il partagea son armée en deux divi-
sions, dont il confia la premiere à Bernard son oncle,
pour la conduire en Itaiie par le Mont-Jura, et se mit à
la tête de la seconde, pour la mener parle Mont-Cenis.

Rodolphe , fils de Conrad , ayant fondé, l’an 888,
le nouveau Royaume de Bourgogne, y comprit la ville
de Ceneve et son territoire. 11 y avoit aiors , sous
la dépendance , à ce qu’il paroît, de l’Evêque de Ge-
neve, un Comté de Génevois, dans lequel étoit ren-
fermé le Prieuré (depuis Abbaye) de Talloire , près
du lac d’Anneci, où ia crainte des barbares avoit fait
transporter de Tournus le corps de S. Philibert. C’est
ce que déclaroit Boson, Iloi de Provence, dans un Di-
plôme de l’an 879 , par loquel ii donnoit, en l’hon-

neur de ce Saint, plusieurs terres, dans lesquelles
étoit compris Talloire, à l’Abbaye de Tournus. (Chif-
siet, Hist. de Tournus, pr. p. 202.)

L’an 881, l’Eglisede Geneve étant dépourvue dePas-
teur, le Clergé fit choix d’un Clerc, nommé Optan-
dus , pour remplir le Siége vacant. Otran , Arche-
vêque de Vienne, de concert avec Boson, lloi de Pro-
vence , s’opposa à cette élection, et nomma d’autorité,
comme Métropolitain , un autre Evêque de Geneve ,
qu’il consacra. Optandus, s’étant rendu à Rome, fit
confirmer son élection par Ie Pape Jean VIII, qui le
renvoya après l’avoir de même consacré. Mais Otran
le fit enfermer, à son retour, dans une étroile prison,
après l’avoir dépouillé de tout. Le Pape , informé de
cet excès de vioîence, écrivit à l’Archevêque une lettre
pleine de menaces , dans laquelle il le somme de re-
mettre en liberté son prisonnier dans huitaine, sous
peine d’excommunication. Otran , pour se justifier,
répondit au Pape qu’Optandus ëtoit un étranger et un
intrus , qui s’étoit emparé du Siége de Geneve sans
avoir reçu dans cette Eglise ni le baptéme, ni l’ordina-
tion cléricale, ni son éducation. Le Pape , dans sa
réplique , lémoigne son étonnement de ce que l’Ar-
clievêque feint d’ignorer ce qui est connu cle tout l’Oc-

(1) Le pays des Allobroges s’étendoit depuis l’Isere, du côté du
Midi, jusqu’à Geneve. Le llhône le bornoit du côté du Couchant:
il comprenoit la partie du Dauphiné qui est cntre ce fleuve et l’Isere,
la Savoie propreinent dite , le Génevois , Geneve et ses environs,
qui sont à l’Orient du lac Lcman , ct au Midi de cette ville. Le

Rhône séparoit les Allobroges des Sébusiens et des Séquanois. Ce
même sseuve, depuis Geneve jusqu au pays de la Cluse, les séparoit
des Helvétiens. 11s avoient au Levant les Nantuates, qui occupoient
une partie du Chablais, et les Centrons, qui tenoient la Tarentaise.
Vienne en Daupliiné étoit la capitale des Allobroges.