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https://doi.org/10.11588/diglit.29076#0626
6 I 2.
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
manche de la Passion , le Grand-Prévôt de l’Hôtel
du Duc lui fait trancher la tête. II subit ce supplice
avec une grandeur d’ame qui fera éternellement l’ad-
miration de la postérité. Le Duc , n’ayant plus un ad-
versaire si redoutable à Geneve, crut pouvoir y exercer
désormais impunément sa tyrannie. Elle fut telie que
plusieurs citoyens, ayarit pris la fuite , se rendirent en
Suisse, où, de l’aveu de leurs compatriotes, ils con-
clurent, le 20 Février \5i6 , un Traité de combour-
geoisie entre les villes de Berne , de Pribourg et de
Geneve. Ce fut alors qu’à l’imitation des deux pre-
miers on établit dans la derniere deux nouveaux Con-
seils , celui des Soixante et celui des Deux cens , en
laissant subsister celui des Vingt-cinqj et par là il
y eut à Geneve trois Conseils, dont le dernier, su-
périeur en autorité comme en nombre , s’appella le
Grand-Conseil.
L’Evêque , voyant les troubles qui agitoient Ge-
neve, s’étoit retiré dans son Abbaye de S. Claude en
Franche-Comté , d’où il entretenoit des correspon-
dances secretes avec le Duc de Savoie. Pendant son
absence les nouvelles opinions s’introduisirent sans
obstacle à Geneve et y hrent de grands progrès. Le
Prélat v étant revenu le 1 Juillet i533 , fut reçu
avec les honneurs dus à son rang. Après une Messe
du S. Esprit et une procession solemnelle , il assista à
un Conseil général, où il exhorta le peuple à la paix ,
à l’union et à la persévérance dans la religion de ses
peres , sans se laisser séduire par la doctrine des no-
vateurs. Mais , au grand étonncment et au grand re-
gret de ses ouailles , et malgré leurs représentations,
on le vit partir ,1e 14 du même mois, pour ne plus
revenir. Dès lors le parti des prétendus réformateurs
ayant le champ libre, prit un ascendant si considé-
rable, qu’il entraîna tous ceux qui composoient le
Grand-Conseil. Ce tribunal , par un jugement du
27 Août 1535 , proscrivit la religion catholique dans
la ville , avec ordre à tous les citoyens de professer
la nouvelle religion , qu’on appella réformée ou pro-
testante. Le Chapitre de la Catîiédrale se retira alors à
Annecy, où il réside encore actuellement. A l’égardde
Pierre de la Baume , après avoir été nommé Cardinal
en i539, il fut élevé , l’an 1542, sur le Siége de Be-
sançon , après la mort de l’Archevêque Antoine de
Vergi, dont il étoit Coadjuteur depuis 1629. Le Siége
épiscopal de Geneve n’a point été supprimé , mais
seulement transféré à Annecy, où il subsiste jusqu’à
nos jours.
N. B. Parmi les Evêques de Geneve on n’a point mis Diogene,
quiassista, l’an 38i , au Concile d’Aquilée, parcequ’il est douteux
s’il fut Evêque de Geneve ou de Gênes. On en a supprimé plusieurs
autres mentionnés dans les anciens Catalogues, par la raison que
ces Catalogues n’ont point paru munis d’une assez grande authen-
ticité.
CHRON OLOGIE HISTORIQUE
D £ S
COMTES D E MAURIENNE,
ENSUITE COMTES, PUIS DUCS, DE SAVOIE,
E T ENFIN ROIS DE SARDAIGNE.
La Savoie, pays aujourd’hui renfermé entre le Piëmont, le Valais , la Suisse , le Rhône , le Dauphiné et la
Provence, mais autrefois beaucoup plus étendu, étoit anciennement habitée par les Centrons , les Bra.
novices, les Antuates ouNantuates, les Latobriges et les Allobroges, tous peuples subjugués par Jules-
César. Elle est aujourd’hui divisée en sixparties, qui sontla Savoie propre , le Génevois , la Maurienne,
la Tarentaise , le Faucigni et le Chablais. Le nom de Savoie (en latin Sapaudia , et depuis Sabaudia) n’est
point connu avant Ie IV e siécle. Ammien Marcellin est le premier auteur où il se rencontre. La Savoie passa
de la domination des Romains sous celle des Bourguignons en 4^3; et après l’extinction du Royaume de
ces derniers, elle devint, en 56i , une Province de la France , jusqu’à l’érection du nouveau Royaume de
la Bourgogne supérieure, en 888 , dans lequel elle se trouva comprise. Ce Royaume ayant été réuni à celui
de Germanie dans le X e siécle , la Savoie devint une portion de l’Empire , et ses différentes parties furent
gouvernées par différens Comtes, que les Empereurs y nommerent. Les Comtes de Maurienne , ancienne
patrie des Branovices , sont connus avant ceux de la Savoie proprement dite ; et ces derniers ne se montrent
dans l’Histoire que lorsque ces deux cantons furent réunis.
L’origine de l’auguste Maison de Savoie est depuis long-tems une matiere de contestation parmi les Gé-
néalogistes. Les uns la font sortir de celle de Habsbourg. C’est l’opiniondu P.jVignier, de D. Hergott, de
M. Schœpssin , et en dernier lieu de feu M. Rivaz , Ecrivain suisse, qui a tâché de l’établir dans une Dis-
sertation qui n’a pas encore yu le jour, et dont un Littérateur des plus respectables à tous égards a bien
youIu 11011s donner le précis ( 1 ). Les autres font descendre cette Maison de celle de Saxe. C’est le sentiment
(1) Tel est ce précis : D’Albert, Puc d’Alsace , fondateur de
I’Abbaye de S. Etienne de Strasbourg, qui mourut vers l’an ,
et qui étoit fils aîné du Duc Ethico, descendoit au huitieme degré
Gontran, dit le Riche , Comte en Argeu vers l’an 9^0 , posses-
seur de terres considérables en Alsace et en Brisgaw. Rade-
boton, son petit-fils, Comte d'Aitembourg en Argeu , mort le
3o Juin 1027, avoitpour freres Werner , Evêque de Strasbourg et
fondateur de l’Abbaye de Muri et du château de Habsbourg en
Argeu , mort en 1028, et Bertilon, ou Berthold, Comte de
Brisgaw, qui fonda , en 1008, le Monastere de Sulzberg, et de qui
dérivent les Ducs de Zéringen, auteurs de la Maison des Mar-
graves de Bade-Baden et de Bade-Dourlach. Werner, dit lePieux,
premier Comte de Habsbourg en Argeu, Avoué de l’Abbaye de
Muri, mort le 11 Novembre 1096, lils du même Radeboton,
Comte d’Altembourg, et d’Ide, sœur de Thierri, Duc de Lorraine,
eut pour ûls Othon , Comte de Habsbourg, Landgrave de la
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
manche de la Passion , le Grand-Prévôt de l’Hôtel
du Duc lui fait trancher la tête. II subit ce supplice
avec une grandeur d’ame qui fera éternellement l’ad-
miration de la postérité. Le Duc , n’ayant plus un ad-
versaire si redoutable à Geneve, crut pouvoir y exercer
désormais impunément sa tyrannie. Elle fut telie que
plusieurs citoyens, ayarit pris la fuite , se rendirent en
Suisse, où, de l’aveu de leurs compatriotes, ils con-
clurent, le 20 Février \5i6 , un Traité de combour-
geoisie entre les villes de Berne , de Pribourg et de
Geneve. Ce fut alors qu’à l’imitation des deux pre-
miers on établit dans la derniere deux nouveaux Con-
seils , celui des Soixante et celui des Deux cens , en
laissant subsister celui des Vingt-cinqj et par là il
y eut à Geneve trois Conseils, dont le dernier, su-
périeur en autorité comme en nombre , s’appella le
Grand-Conseil.
L’Evêque , voyant les troubles qui agitoient Ge-
neve, s’étoit retiré dans son Abbaye de S. Claude en
Franche-Comté , d’où il entretenoit des correspon-
dances secretes avec le Duc de Savoie. Pendant son
absence les nouvelles opinions s’introduisirent sans
obstacle à Geneve et y hrent de grands progrès. Le
Prélat v étant revenu le 1 Juillet i533 , fut reçu
avec les honneurs dus à son rang. Après une Messe
du S. Esprit et une procession solemnelle , il assista à
un Conseil général, où il exhorta le peuple à la paix ,
à l’union et à la persévérance dans la religion de ses
peres , sans se laisser séduire par la doctrine des no-
vateurs. Mais , au grand étonncment et au grand re-
gret de ses ouailles , et malgré leurs représentations,
on le vit partir ,1e 14 du même mois, pour ne plus
revenir. Dès lors le parti des prétendus réformateurs
ayant le champ libre, prit un ascendant si considé-
rable, qu’il entraîna tous ceux qui composoient le
Grand-Conseil. Ce tribunal , par un jugement du
27 Août 1535 , proscrivit la religion catholique dans
la ville , avec ordre à tous les citoyens de professer
la nouvelle religion , qu’on appella réformée ou pro-
testante. Le Chapitre de la Catîiédrale se retira alors à
Annecy, où il réside encore actuellement. A l’égardde
Pierre de la Baume , après avoir été nommé Cardinal
en i539, il fut élevé , l’an 1542, sur le Siége de Be-
sançon , après la mort de l’Archevêque Antoine de
Vergi, dont il étoit Coadjuteur depuis 1629. Le Siége
épiscopal de Geneve n’a point été supprimé , mais
seulement transféré à Annecy, où il subsiste jusqu’à
nos jours.
N. B. Parmi les Evêques de Geneve on n’a point mis Diogene,
quiassista, l’an 38i , au Concile d’Aquilée, parcequ’il est douteux
s’il fut Evêque de Geneve ou de Gênes. On en a supprimé plusieurs
autres mentionnés dans les anciens Catalogues, par la raison que
ces Catalogues n’ont point paru munis d’une assez grande authen-
ticité.
CHRON OLOGIE HISTORIQUE
D £ S
COMTES D E MAURIENNE,
ENSUITE COMTES, PUIS DUCS, DE SAVOIE,
E T ENFIN ROIS DE SARDAIGNE.
La Savoie, pays aujourd’hui renfermé entre le Piëmont, le Valais , la Suisse , le Rhône , le Dauphiné et la
Provence, mais autrefois beaucoup plus étendu, étoit anciennement habitée par les Centrons , les Bra.
novices, les Antuates ouNantuates, les Latobriges et les Allobroges, tous peuples subjugués par Jules-
César. Elle est aujourd’hui divisée en sixparties, qui sontla Savoie propre , le Génevois , la Maurienne,
la Tarentaise , le Faucigni et le Chablais. Le nom de Savoie (en latin Sapaudia , et depuis Sabaudia) n’est
point connu avant Ie IV e siécle. Ammien Marcellin est le premier auteur où il se rencontre. La Savoie passa
de la domination des Romains sous celle des Bourguignons en 4^3; et après l’extinction du Royaume de
ces derniers, elle devint, en 56i , une Province de la France , jusqu’à l’érection du nouveau Royaume de
la Bourgogne supérieure, en 888 , dans lequel elle se trouva comprise. Ce Royaume ayant été réuni à celui
de Germanie dans le X e siécle , la Savoie devint une portion de l’Empire , et ses différentes parties furent
gouvernées par différens Comtes, que les Empereurs y nommerent. Les Comtes de Maurienne , ancienne
patrie des Branovices , sont connus avant ceux de la Savoie proprement dite ; et ces derniers ne se montrent
dans l’Histoire que lorsque ces deux cantons furent réunis.
L’origine de l’auguste Maison de Savoie est depuis long-tems une matiere de contestation parmi les Gé-
néalogistes. Les uns la font sortir de celle de Habsbourg. C’est l’opiniondu P.jVignier, de D. Hergott, de
M. Schœpssin , et en dernier lieu de feu M. Rivaz , Ecrivain suisse, qui a tâché de l’établir dans une Dis-
sertation qui n’a pas encore yu le jour, et dont un Littérateur des plus respectables à tous égards a bien
youIu 11011s donner le précis ( 1 ). Les autres font descendre cette Maison de celle de Saxe. C’est le sentiment
(1) Tel est ce précis : D’Albert, Puc d’Alsace , fondateur de
I’Abbaye de S. Etienne de Strasbourg, qui mourut vers l’an ,
et qui étoit fils aîné du Duc Ethico, descendoit au huitieme degré
Gontran, dit le Riche , Comte en Argeu vers l’an 9^0 , posses-
seur de terres considérables en Alsace et en Brisgaw. Rade-
boton, son petit-fils, Comte d'Aitembourg en Argeu , mort le
3o Juin 1027, avoitpour freres Werner , Evêque de Strasbourg et
fondateur de l’Abbaye de Muri et du château de Habsbourg en
Argeu , mort en 1028, et Bertilon, ou Berthold, Comte de
Brisgaw, qui fonda , en 1008, le Monastere de Sulzberg, et de qui
dérivent les Ducs de Zéringen, auteurs de la Maison des Mar-
graves de Bade-Baden et de Bade-Dourlach. Werner, dit lePieux,
premier Comte de Habsbourg en Argeu, Avoué de l’Abbaye de
Muri, mort le 11 Novembre 1096, lils du même Radeboton,
Comte d’Altembourg, et d’Ide, sœur de Thierri, Duc de Lorraine,
eut pour ûls Othon , Comte de Habsbourg, Landgrave de la