DES DUCS D E VURTEMBERG.
395
éblouissans. En voici la preuve. « En 1778, ce digne
« Prince, dit le Baron de RisbecK (Voy. cL’Allem. T. I,
» pp. 16-17), choisit le jour de sa naissance pour pu-
33 blier un manifeste dont voici la substance: Je suis
homme, et par conséquent fort éloigné de la perfec-
» tion : je n’espere pas même l’acquérir ; la foiblesse
3> qui accompagne la nature humaine m’empêche d’y
3) prétendre. Si je suis parvenu au rang où vous me
33 voyez, c’est moins par ma capacité que par un esfet
33 de la bonté divine, qui regle toutes nos destinées.
33 Je fais librement cet aveu, comme doit le faire tout
33 liomme qui pense bien ; et cette considération me
33 rappelle mes obligations envers tous les hommes, et
33 encore davantage mes devoirs envers le souverain
33 Seigneur de l’univers. Je considere ce jour, qui com-
» mence ma cinquantieme année , comme le com-
33 mencement de la seconde période de mon existence.
33 J’assure mes très chers sujets, que toutes les années
33 qu’il plaira à la divine Providence de m’accorder,
33 seront consacrées à leur bonheur.
33 On Yerra dans la suite que la prospérité de Wir-
33 temberg sera un effet de Paniour du Souverain pour
33 son peuple, et de la confiance du peuple envers son
33 Souverain. Un snjet qui a de bons sentimens, sait
33 qu’en plusieurs circonstances le bien pubhc doit être
33 préféré à Pavantage particulier , et il 11e inurmure
33 point si tout 11e réussit pas selon ses vues et sa fan-
33 taisie. Nous espérons que chacun de nos sujets vivra
33 désormais dans Pespoir de trouver en son Prince un
33 pere soigneux et tendre. Plaise à Dieu que Pon 11e
33 se dispute plus entre nous que Phonneur de rendre
33 service à son pays 33 !
Le Duc Charles s’est marié deux fois. Sa premiere
femme a été Elisabeth-Frederique-Sophie , fille
unique de Frédéric, Margravede Brandebourg-Bareith.
Ce mariage accompli le 26 Septembre 1748 , fut
rompu par la mort de la Duchesse le 6 Avril 1780.
Le Duc s’est remarié, le 2 Février 1786, à Françoise ,
Comtesse de Flohenheim , qui mérite Pattachement
que lui a voué son auguste époux, autant par les qua-
lités éminentes du cœur que par celles de l’esprit. Ce
double mariage n’a produit encore aucune lignée.
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
D E S
DUCS D E BAYIERE.
Là Baviere, en latin Bojaria ou Bajoaria, en Allemand Bayer ou Bayerland, d’où vint ensuite le terme
corrompu de Bamria, doit sa premiere dénomination aux Boiens, ancien peuple de la Gaule Celtique,
qui, l’an 689 avant J. C., ayant quitté leur demeure pour passer le Rhin, vinrent s’ëtablir en Bohême,
d’où ayant été chassés par les Marcomans sous le régne d’Auguste, ils se retirerent dans le Norique,
qui prit alors le nom de pays des Boiens. Les quatre fils de Clovis ayant fait, au vi e siécle de l’Eglise , le par-
tage du vaste royaume des Francs, la Baviere passa sous la domination des Rois d’Austrasie, et fut gouver-
née par des Ducs. Le premier d’entre eux dont les Auteurs parlent avec certitude, est Gerbaud I, qui
vécut sous Clotairel, Roi d’Austrasie, et eutpour successeurs Tassillon I, Gerbaud II, Tiiéodon I et Théo-
donII. Ce dernier divisa la Baviêre en quatre parties, se réservant Ratisbonne, lacapitale, et le pays qui s’é-
tendoit vers le Levant. Avec le Norique proprement dit, il donna à son fils aîné Théodebert la partie
qui comprenoit la Pvhétie, dont le chef-lieu fut Bozen (Bauzamnn). Grimoald, second fils de Théodon II,
obtint le Sundgau ou la partie méridionale de la Baviere avec la ville de Frisingue. Le Nordgavv ou la par-
tie septentrionale de la Baviere, qui renfermoit ci-devant la ville de Nuremberg, et dont le haut Palatinat
fait aujourd’hui partie, échut à Tiiibaut, ou Théodebald, son troisieme fils. Après la mort de Théodon
le pere et de son fils, Thibaut, la province de Baviere demeura aux deux freres survivans. Théode-
bert en gouverna la partie septentrionale avec le Norique, et Grimoald la partie méridionale et la Pvhétie.
Théodebert eut pour successeur sonfils FIugbert, suivi d’OTTiLON, ou Odilon , que remplaça Tassil-
lon II, dernier Duc de Baviere, de l’ancienne famille des Agilolfmgiens. Celui-ci, l’an 788 , convaincu de
rebellion dans ia Diete d’Ingelheim, fut relégué par Charlemagne dans le Monastere de S. Gower ou Goar,
où il fut tondu, et de là transféré au Monastere de Lorch, tandis que Théodon son fils étoit pour lemême
crime enfermé à S. Maximin de Treves. L’un et l’autre fmirent leurs jours dans l’état monastique après le
Concile de Francfort tenu l’an 794*
DUCS DE BAVIERE depuis le rétablissement des Duchù.
Après la déposition et l’abdication de Tassillonll, la Baviere, comme les autres provinces frontieres de PEm-
pire françois, fut gouvernée par des Légats qui étoient à la fois Cominandans des frontieres et Chefs de la
justice, de la police et des fmances , conjointement avec des Archevêques, Evêques ou Abbés. On nomma
aussices Légats Comtes Terminaux, Marquis et Ducs, et ils gouvernerent si bien avec un pouvoir qui 11e
fut pas celui des autres Comtes, que, vers le déclin de la seconde race, le titre de Marquis fut donne a des
Comtes majeurs, dont les provinces n’étoient rien moins que des provinces frontieres. LaBaviere eut plu-
395
éblouissans. En voici la preuve. « En 1778, ce digne
« Prince, dit le Baron de RisbecK (Voy. cL’Allem. T. I,
» pp. 16-17), choisit le jour de sa naissance pour pu-
33 blier un manifeste dont voici la substance: Je suis
homme, et par conséquent fort éloigné de la perfec-
» tion : je n’espere pas même l’acquérir ; la foiblesse
3> qui accompagne la nature humaine m’empêche d’y
3) prétendre. Si je suis parvenu au rang où vous me
33 voyez, c’est moins par ma capacité que par un esfet
33 de la bonté divine, qui regle toutes nos destinées.
33 Je fais librement cet aveu, comme doit le faire tout
33 liomme qui pense bien ; et cette considération me
33 rappelle mes obligations envers tous les hommes, et
33 encore davantage mes devoirs envers le souverain
33 Seigneur de l’univers. Je considere ce jour, qui com-
» mence ma cinquantieme année , comme le com-
33 mencement de la seconde période de mon existence.
33 J’assure mes très chers sujets, que toutes les années
33 qu’il plaira à la divine Providence de m’accorder,
33 seront consacrées à leur bonheur.
33 On Yerra dans la suite que la prospérité de Wir-
33 temberg sera un effet de Paniour du Souverain pour
33 son peuple, et de la confiance du peuple envers son
33 Souverain. Un snjet qui a de bons sentimens, sait
33 qu’en plusieurs circonstances le bien pubhc doit être
33 préféré à Pavantage particulier , et il 11e inurmure
33 point si tout 11e réussit pas selon ses vues et sa fan-
33 taisie. Nous espérons que chacun de nos sujets vivra
33 désormais dans Pespoir de trouver en son Prince un
33 pere soigneux et tendre. Plaise à Dieu que Pon 11e
33 se dispute plus entre nous que Phonneur de rendre
33 service à son pays 33 !
Le Duc Charles s’est marié deux fois. Sa premiere
femme a été Elisabeth-Frederique-Sophie , fille
unique de Frédéric, Margravede Brandebourg-Bareith.
Ce mariage accompli le 26 Septembre 1748 , fut
rompu par la mort de la Duchesse le 6 Avril 1780.
Le Duc s’est remarié, le 2 Février 1786, à Françoise ,
Comtesse de Flohenheim , qui mérite Pattachement
que lui a voué son auguste époux, autant par les qua-
lités éminentes du cœur que par celles de l’esprit. Ce
double mariage n’a produit encore aucune lignée.
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
D E S
DUCS D E BAYIERE.
Là Baviere, en latin Bojaria ou Bajoaria, en Allemand Bayer ou Bayerland, d’où vint ensuite le terme
corrompu de Bamria, doit sa premiere dénomination aux Boiens, ancien peuple de la Gaule Celtique,
qui, l’an 689 avant J. C., ayant quitté leur demeure pour passer le Rhin, vinrent s’ëtablir en Bohême,
d’où ayant été chassés par les Marcomans sous le régne d’Auguste, ils se retirerent dans le Norique,
qui prit alors le nom de pays des Boiens. Les quatre fils de Clovis ayant fait, au vi e siécle de l’Eglise , le par-
tage du vaste royaume des Francs, la Baviere passa sous la domination des Rois d’Austrasie, et fut gouver-
née par des Ducs. Le premier d’entre eux dont les Auteurs parlent avec certitude, est Gerbaud I, qui
vécut sous Clotairel, Roi d’Austrasie, et eutpour successeurs Tassillon I, Gerbaud II, Tiiéodon I et Théo-
donII. Ce dernier divisa la Baviêre en quatre parties, se réservant Ratisbonne, lacapitale, et le pays qui s’é-
tendoit vers le Levant. Avec le Norique proprement dit, il donna à son fils aîné Théodebert la partie
qui comprenoit la Pvhétie, dont le chef-lieu fut Bozen (Bauzamnn). Grimoald, second fils de Théodon II,
obtint le Sundgau ou la partie méridionale de la Baviere avec la ville de Frisingue. Le Nordgavv ou la par-
tie septentrionale de la Baviere, qui renfermoit ci-devant la ville de Nuremberg, et dont le haut Palatinat
fait aujourd’hui partie, échut à Tiiibaut, ou Théodebald, son troisieme fils. Après la mort de Théodon
le pere et de son fils, Thibaut, la province de Baviere demeura aux deux freres survivans. Théode-
bert en gouverna la partie septentrionale avec le Norique, et Grimoald la partie méridionale et la Pvhétie.
Théodebert eut pour successeur sonfils FIugbert, suivi d’OTTiLON, ou Odilon , que remplaça Tassil-
lon II, dernier Duc de Baviere, de l’ancienne famille des Agilolfmgiens. Celui-ci, l’an 788 , convaincu de
rebellion dans ia Diete d’Ingelheim, fut relégué par Charlemagne dans le Monastere de S. Gower ou Goar,
où il fut tondu, et de là transféré au Monastere de Lorch, tandis que Théodon son fils étoit pour lemême
crime enfermé à S. Maximin de Treves. L’un et l’autre fmirent leurs jours dans l’état monastique après le
Concile de Francfort tenu l’an 794*
DUCS DE BAVIERE depuis le rétablissement des Duchù.
Après la déposition et l’abdication de Tassillonll, la Baviere, comme les autres provinces frontieres de PEm-
pire françois, fut gouvernée par des Légats qui étoient à la fois Cominandans des frontieres et Chefs de la
justice, de la police et des fmances , conjointement avec des Archevêques, Evêques ou Abbés. On nomma
aussices Légats Comtes Terminaux, Marquis et Ducs, et ils gouvernerent si bien avec un pouvoir qui 11e
fut pas celui des autres Comtes, que, vers le déclin de la seconde race, le titre de Marquis fut donne a des
Comtes majeurs, dont les provinces n’étoient rien moins que des provinces frontieres. LaBaviere eut plu-