DES ANCIENS DUCS D’ALSACE ET DE SUABE,
7i
dit le Sage, Margrave de Misnie, laquelle épousa en-
suite Conrad , Duc de Glogau , puis Conrad I, Mar-
grave de Brandebourg. II prétendoit, ainsi que son
pere, au Royaume de Jérusalem. Nous avons plusieurs
titres des années 1269, 1260 , 1260 et 1267, où il se
qualifie Chunradus secundus, Del gratid, Jerusalem
ct Sycilice Rex , Dux Suevie,. II se noinme Conrad
second, parce qu’il occupe ce rang dans la liste des
Rois de Jérusalem et de Sicile.
Conradin avoit, dès l’an 1263, disposé de tous ses
biens en faveur de Louis le Sévere, Duc de Baviere ,
en cas qu’il mourut sans enfans : disposition qu’il
étendit, en 1266 , aux descendans de Louis et de
Llenri son frere. Mais les Duchés d’Alsace, de Suabe
et de Franconie fmirent avec Conradin pour ne jamais
être rétablis. Ce fut en vain qu’AIfonse, Roi de Cas-
tille et de Léon, élu Empereur par une partie des Sei-
gneurs allemands , prétendit à ces Duchés, en 1255,
du vivant de Conradin, comme petit-fils, par sa mere
Béatrix , de l’Empereur Philippe. Vingt ans après ,
en 1275, Alfonse renouvella ses prétentions et de-
manda l’investiture du Duché de Suabe à l’Empereur
Rodolphe. Cette investiture , malgré les instances du
Pape Grégoire X, lui fut refusée par Rodolphe, en fon-
dant les motifs de son refus sur îe droit d’Allemagne,
qui excluoit les femmes de la succession aux Duchés.
D’ailleurs,PEmpereur Rodolphen’étoitplus alors dans
le cas de conférer les Duchés d’Alsace et de Suabe,
dont les Domaines avoient été la plupart démembrés
et étoient passés dans plusieurs mains.
C’est donc une erreur dans le récit des Auteurs mo-
dernes, que le savant Obredit a suivis in prodromo
rer. Alsatic. p. 251 , qui disent que PEmpereur Rodol-
phe ht revivre en Alsace et en Suabe la dignité ducale
en faveur de Rodolphe son hls cadet, et qu’il l’en re-
vètit, en 1282, à la Diete d’Augsbourg. M. Schoepssin
et Dom Gerbert, Abbé-Prince de S. Blaise, ont soli-
dement prouvé la sausseté de ce sentiment. II est vrai
quele Dominicain, auteur des Annalesde Cohnar, en
rapportant la mort du jeune R.odolphe, l’appelle Dux
Alsatice Rudolsus, jilius Regis Rudolsi. Mais cet
Ecrivain ne lui donne ce titre qu’improprement. Ro-
dolplie 11’a jamais porté que celui de Landgrave d’Al-
sace, cornrne on le verra dans la liste chronologique
des Landgraves de la haute Alsace ; et ses successeurs
ne prirent en aucun temps la qualité de Ducs de cette
province. D’ailleurs, Rodolphe ne retira des débris de
î’ancien Domaine des Llohenstauffen que le Landgra-
viat du Turgavv et le droit de tenir en Suabe les Assises
provinciales au nom de l’Empereur. Léopold II, Duc
d’Autriche, donna inêine, en i36o, des Lettres-Pa-
tentes, par lesquelles il avoua que ni lui ni ses ancê-
tres n’avoient aucuns droits ou prétentions sur l’an-
cienDuché de Suabe. RodolphelV, frere de Léopold,
prit à la vérité, en 1^59 et i36o, dans ses Chartes la
qualité de Princeps Suevice et Alsatiœ, et dans ses
sceaux celle de Dux Austrie, Styrie, Carinthie, Sue-
vie et Alsacie : mais les Etats iinmédiats de la Suabe
et de l’Alsace le citerent, en i36i, à la Diete de Nu-
remberg où devoient se trouver i’Einpereur Charles IV
et les Electeurs, pour y rendre raison de la nouveauté
qu’il s’étoit permise. On ignore ce qui y fut décidé j
mais ii est certain que le Décret de la Diete ne lui fut
pas favorable, puisqu’il ne prit plus les titres de Prince
ou de Duc de Suabe et d’Aisace dans les Chartes pos-
térieures. Nous avons des Lettres de Pvodolphe, datées
du 5 Septembre 136o, par lesqueiles il reconnoît avoir
pris mai-à-propos les titres de Duc de Suabs et d’Al-
sace. Enfm, i’Empereur Charles IV, dans son Di-
plôme original du 1 Mars i358, scellé d’une bulle
d’or, dans lequel il reconnoît que les anciens Ducs de
Suabe étoient Camériers perpétuels et héréditaires de
l’Eglise et des Evêques de Strasbourg, ajoute enmême
tems : Dictus Ducatus Suevie et ejus utile Dominiurn
conjunctum directo a longis retroactis temporibus ad
sacrum romanum imperium devolutus noscitur.
Les terres du Duché d’Alsace, dépendantes immé-
diatement de l’Empire, furent, après l’extinction des
Ducs, administrées par les Landvogts de cette pro-
vince, c’est-à-dire par les Avoués provinciaux d’Ai-
sace, dont il ne sera pas inutile de donner ia liste à
la suite de ses anciens Ducs.
LANDVOGTS D’ ALSACE.
PIEZEL, en 1123.
RUDEGER, en n58 et 1198.
ULRIC, Comte de Ferrette, et OTTON D’OCHSENSTEIN, en
1212.
WOLFELIN, en i2i5 et 1232.
BERTHOLD DE TANNENRODE, en 1236 et 1238.
GUILLAUME DE WIMPFEN, en 1240 et 1241.
ADOLFE, Comte de Waldecx, en i255.
HENRI DEDICK, surnommé DE STAHLECK, Evêque de Stras-
bourg, nomtné Landvogt d’Alsace, en 12^9, par le Roi Richard,
mort le 2 Mars 1260.
GAUTHIER DE GEROLDSECK, Evêque de Strasbourg, mort le
14 Février i263, et HERMAN DE GEROLDSECK son frere,
tué le 8 Mars 1262.
FRÉDÉRIC DE WINSTEIN, en 1270.
CONRAD WERNHER DE HADSTATT, Landvogt de la haute
Alsace en 1274 et 1278, mort en 1283.
CUNON DE BERGHEIM, Landvogt de la basse Alsace en 1274.
FREDERIC, Comte de Linange, en 1277.
OTTON D’OCHSENSTEIN, neveu de l’Empereur Rodolphe , en
1281 et 1292.
THIBAULT, Comte de Ferrette, nommé en 1292 par l’Empereur
Adolphe jusqu’en 1298.
JEAN DE LICHTEMBERG, nommé en 1298 par l’Empereur Al-
bert, étoitencore Landvogt en 1007.
SIGEBODON DE LICHTEMBERG, frere du précédent, Evêque
de Spire, en i3o8.
JOFFRID, ou GODEFROI, Comte de Linange , en i3ioet 1313.
OTTON D’OCHSENSTEIN, en i3i5 jusqu’en i322.
ALBERT HUMEL DE LICHTEMBERG, en 1022.
ULRIC , Comte de Werd, Landgrave de la basse Alsace en i324*
LEOPOLD, Duc d’Autriche , en i325.
OTTON D’OCHSENSTEIN, pour la seconde fois en 13^6 et 1^27.
RODOLFE D’OCHSENSTEIN, Chanoine de Strasbourg, en 1028.
ALBEPiT HUMEL DE LICHTEMBERG, pour la seconde fois en
i33o.
ULRIC, Comte de Würtemberg, en i33o.
OTTON, Duc d’Autriche, en 1331.
RODOLFE, Comte de Hohenberg , en i33a.
HUGUES, Comte de Hohenberg, frere du précédent, en l336 et
1337.
ALBERT, Comte de Hohenberg, frere des deux précédens, Cha-
noine de la Cathédrale de Strasbourg et Chancelier de i’Empe-
reur Louis, en i338 et 1340.
ETIENNE, Duc de Baviere, fils de l’Empereur Louis, en 1341 -
LOUIS ET FRÉDÉRIC , Comtes d’Oetin gen, Landgraves de la
basse Alsace, en i344 et 13q5.
GERWIG GUSSE DE GUSSENBERG, en 1346.
JEAN DE LICHTEMBERG, Doyen de la Cathédrale de Strasbourg,
en 1347.
JEAN DE FENESTRANGE, eu 1349.
HUGUES, Comte de Hohenberg, en i35o et i353.
RUPEB.T, Electeur Palatin, en 1354.
BURCARD , Burgrave de Magdebourg, en i356.
RODOLFE, Archiduc d’Autriche, en i357 et i358.
BUIICARD , Burgrave de Magdebourg, pour la seconde rois en
i36o.
WENCESLAS, Duc de IjUxembourg, frere de l’Empereur Char-
les IV, en i365 et 1367.
STISLAS DE WEITENMULE, en 1070.
ULRIC DE FENESTRANGE, en 1871.
ALBERT, et LÉOPOLD son frere, Archiducs d’Autriche, en 1371,
7i
dit le Sage, Margrave de Misnie, laquelle épousa en-
suite Conrad , Duc de Glogau , puis Conrad I, Mar-
grave de Brandebourg. II prétendoit, ainsi que son
pere, au Royaume de Jérusalem. Nous avons plusieurs
titres des années 1269, 1260 , 1260 et 1267, où il se
qualifie Chunradus secundus, Del gratid, Jerusalem
ct Sycilice Rex , Dux Suevie,. II se noinme Conrad
second, parce qu’il occupe ce rang dans la liste des
Rois de Jérusalem et de Sicile.
Conradin avoit, dès l’an 1263, disposé de tous ses
biens en faveur de Louis le Sévere, Duc de Baviere ,
en cas qu’il mourut sans enfans : disposition qu’il
étendit, en 1266 , aux descendans de Louis et de
Llenri son frere. Mais les Duchés d’Alsace, de Suabe
et de Franconie fmirent avec Conradin pour ne jamais
être rétablis. Ce fut en vain qu’AIfonse, Roi de Cas-
tille et de Léon, élu Empereur par une partie des Sei-
gneurs allemands , prétendit à ces Duchés, en 1255,
du vivant de Conradin, comme petit-fils, par sa mere
Béatrix , de l’Empereur Philippe. Vingt ans après ,
en 1275, Alfonse renouvella ses prétentions et de-
manda l’investiture du Duché de Suabe à l’Empereur
Rodolphe. Cette investiture , malgré les instances du
Pape Grégoire X, lui fut refusée par Rodolphe, en fon-
dant les motifs de son refus sur îe droit d’Allemagne,
qui excluoit les femmes de la succession aux Duchés.
D’ailleurs,PEmpereur Rodolphen’étoitplus alors dans
le cas de conférer les Duchés d’Alsace et de Suabe,
dont les Domaines avoient été la plupart démembrés
et étoient passés dans plusieurs mains.
C’est donc une erreur dans le récit des Auteurs mo-
dernes, que le savant Obredit a suivis in prodromo
rer. Alsatic. p. 251 , qui disent que PEmpereur Rodol-
phe ht revivre en Alsace et en Suabe la dignité ducale
en faveur de Rodolphe son hls cadet, et qu’il l’en re-
vètit, en 1282, à la Diete d’Augsbourg. M. Schoepssin
et Dom Gerbert, Abbé-Prince de S. Blaise, ont soli-
dement prouvé la sausseté de ce sentiment. II est vrai
quele Dominicain, auteur des Annalesde Cohnar, en
rapportant la mort du jeune R.odolphe, l’appelle Dux
Alsatice Rudolsus, jilius Regis Rudolsi. Mais cet
Ecrivain ne lui donne ce titre qu’improprement. Ro-
dolplie 11’a jamais porté que celui de Landgrave d’Al-
sace, cornrne on le verra dans la liste chronologique
des Landgraves de la haute Alsace ; et ses successeurs
ne prirent en aucun temps la qualité de Ducs de cette
province. D’ailleurs, Rodolphe ne retira des débris de
î’ancien Domaine des Llohenstauffen que le Landgra-
viat du Turgavv et le droit de tenir en Suabe les Assises
provinciales au nom de l’Empereur. Léopold II, Duc
d’Autriche, donna inêine, en i36o, des Lettres-Pa-
tentes, par lesquelles il avoua que ni lui ni ses ancê-
tres n’avoient aucuns droits ou prétentions sur l’an-
cienDuché de Suabe. RodolphelV, frere de Léopold,
prit à la vérité, en 1^59 et i36o, dans ses Chartes la
qualité de Princeps Suevice et Alsatiœ, et dans ses
sceaux celle de Dux Austrie, Styrie, Carinthie, Sue-
vie et Alsacie : mais les Etats iinmédiats de la Suabe
et de l’Alsace le citerent, en i36i, à la Diete de Nu-
remberg où devoient se trouver i’Einpereur Charles IV
et les Electeurs, pour y rendre raison de la nouveauté
qu’il s’étoit permise. On ignore ce qui y fut décidé j
mais ii est certain que le Décret de la Diete ne lui fut
pas favorable, puisqu’il ne prit plus les titres de Prince
ou de Duc de Suabe et d’Aisace dans les Chartes pos-
térieures. Nous avons des Lettres de Pvodolphe, datées
du 5 Septembre 136o, par lesqueiles il reconnoît avoir
pris mai-à-propos les titres de Duc de Suabs et d’Al-
sace. Enfm, i’Empereur Charles IV, dans son Di-
plôme original du 1 Mars i358, scellé d’une bulle
d’or, dans lequel il reconnoît que les anciens Ducs de
Suabe étoient Camériers perpétuels et héréditaires de
l’Eglise et des Evêques de Strasbourg, ajoute enmême
tems : Dictus Ducatus Suevie et ejus utile Dominiurn
conjunctum directo a longis retroactis temporibus ad
sacrum romanum imperium devolutus noscitur.
Les terres du Duché d’Alsace, dépendantes immé-
diatement de l’Empire, furent, après l’extinction des
Ducs, administrées par les Landvogts de cette pro-
vince, c’est-à-dire par les Avoués provinciaux d’Ai-
sace, dont il ne sera pas inutile de donner ia liste à
la suite de ses anciens Ducs.
LANDVOGTS D’ ALSACE.
PIEZEL, en 1123.
RUDEGER, en n58 et 1198.
ULRIC, Comte de Ferrette, et OTTON D’OCHSENSTEIN, en
1212.
WOLFELIN, en i2i5 et 1232.
BERTHOLD DE TANNENRODE, en 1236 et 1238.
GUILLAUME DE WIMPFEN, en 1240 et 1241.
ADOLFE, Comte de Waldecx, en i255.
HENRI DEDICK, surnommé DE STAHLECK, Evêque de Stras-
bourg, nomtné Landvogt d’Alsace, en 12^9, par le Roi Richard,
mort le 2 Mars 1260.
GAUTHIER DE GEROLDSECK, Evêque de Strasbourg, mort le
14 Février i263, et HERMAN DE GEROLDSECK son frere,
tué le 8 Mars 1262.
FRÉDÉRIC DE WINSTEIN, en 1270.
CONRAD WERNHER DE HADSTATT, Landvogt de la haute
Alsace en 1274 et 1278, mort en 1283.
CUNON DE BERGHEIM, Landvogt de la basse Alsace en 1274.
FREDERIC, Comte de Linange, en 1277.
OTTON D’OCHSENSTEIN, neveu de l’Empereur Rodolphe , en
1281 et 1292.
THIBAULT, Comte de Ferrette, nommé en 1292 par l’Empereur
Adolphe jusqu’en 1298.
JEAN DE LICHTEMBERG, nommé en 1298 par l’Empereur Al-
bert, étoitencore Landvogt en 1007.
SIGEBODON DE LICHTEMBERG, frere du précédent, Evêque
de Spire, en i3o8.
JOFFRID, ou GODEFROI, Comte de Linange , en i3ioet 1313.
OTTON D’OCHSENSTEIN, en i3i5 jusqu’en i322.
ALBERT HUMEL DE LICHTEMBERG, en 1022.
ULRIC , Comte de Werd, Landgrave de la basse Alsace en i324*
LEOPOLD, Duc d’Autriche , en i325.
OTTON D’OCHSENSTEIN, pour la seconde fois en 13^6 et 1^27.
RODOLFE D’OCHSENSTEIN, Chanoine de Strasbourg, en 1028.
ALBEPiT HUMEL DE LICHTEMBERG, pour la seconde fois en
i33o.
ULRIC, Comte de Würtemberg, en i33o.
OTTON, Duc d’Autriche, en 1331.
RODOLFE, Comte de Hohenberg , en i33a.
HUGUES, Comte de Hohenberg, frere du précédent, en l336 et
1337.
ALBERT, Comte de Hohenberg, frere des deux précédens, Cha-
noine de la Cathédrale de Strasbourg et Chancelier de i’Empe-
reur Louis, en i338 et 1340.
ETIENNE, Duc de Baviere, fils de l’Empereur Louis, en 1341 -
LOUIS ET FRÉDÉRIC , Comtes d’Oetin gen, Landgraves de la
basse Alsace, en i344 et 13q5.
GERWIG GUSSE DE GUSSENBERG, en 1346.
JEAN DE LICHTEMBERG, Doyen de la Cathédrale de Strasbourg,
en 1347.
JEAN DE FENESTRANGE, eu 1349.
HUGUES, Comte de Hohenberg, en i35o et i353.
RUPEB.T, Electeur Palatin, en 1354.
BURCARD , Burgrave de Magdebourg, en i356.
RODOLFE, Archiduc d’Autriche, en i357 et i358.
BUIICARD , Burgrave de Magdebourg, pour la seconde rois en
i36o.
WENCESLAS, Duc de IjUxembourg, frere de l’Empereur Char-
les IV, en i365 et 1367.
STISLAS DE WEITENMULE, en 1070.
ULRIC DE FENESTRANGE, en 1871.
ALBERT, et LÉOPOLD son frere, Archiducs d’Autriche, en 1371,