DES COMTES, PUIS DUCS DE GUASTALLE. (,S9 |
que quatre canons dans la place, dépourvue d’ailleurs
de fortifications intérieures et de palissades. Le Roi
d’Espagne, Don Philippe, qui étoit en Italie, déclara,
dans le niois suivant, le Duc Charles IV réintégré
dans ses droits sur Guastalie, oii ii se ht prêter un nou-
! veau serment de hdélitë. Les Irnpériaux ayant repris
| cette ville le 5 Décembre 1706 , y rétablirent le
Duc Vincent , qui s’y rendit de Venise avec son
épouse le 8 Juillet 1707. Mais les Guastallois 11e
jouirent pas long-temsde cette Princesse , que la mort
! enleva le 4 Sept. de ia mêrne année. Le Duc Ferdi-
nand-CIiarles l’avoit devancée au tombeau le 5 Juillet
précédent. Sa succession ht le sujet d’une contestation
entre leDuc Vincent et Léopold , Duc de Lorraine,
petit-lils d’Eléouorè de Gonzague. Mais l’Einpereur
Josepli n’eut point d’égard au droit de Vincent, qui
étoit le mieux fondé, et lui donna seuleinent l’inves- 1
titure des Duchés de Sabionetta et de Bozzolo, du
Marquisat d’Ostiano et du Comté de Pomponesco.
1 Le Duc de Lorraine eut aussi le Duclié de Teschen en
! Silésie. Vincent mourut le 28 Avril 1714- II avoit
épousé en premieres noces Téodora da Bagno, dont
il n’eut point d’enfans. De Ma-rie-Victoire Gon-
z ygue , sa seconde femine , il eut Antoine-Ferdinand,
qui sirit ; Joseph , qui lui succéda ; Alarie-Isabelle ,
morte en 1726 ; et Eléonore-Louise , femme de Fran-
cois-Marie deMédicis, décédée en Déc. 1721.
ANTOINÈ-FERDINAND.
1714- Antoine-Ferdinand , successeur deVincent
son pere , débuta par le don c|u’il fit d’un apanage à
son frere Joseph , avec lequel ii vécut d’abord dans
la plus étroite union ; mais un courtisan les ayànt en-
suite broaiilés, Joseph prit le parti de se retirer à Ve-
nise. 11 étoit en rôute pour s’y rendre lorscju’il fut ar-
rêté par ordre d’Antoine-Ferdinand quile fit enfermer.
Sa prison lui dérangea lc cerveau. Cependant le Duc
f'aisoit valoir à la Cour de Vienne ses droits sur le
Mantouan. L’Empereur lui ayant fait offre de la pai'-
tie de cet Etat c]ui est entre l’Oglio et le Pô , il n’en
fut point content, et persista à demander la totalité.
11 fit cSe vains eflorts pour l’obtenir, en 1725, au
Congrès de Cambrai. Pomponio Spilimberg, son Mi-
nistre, qui avoit échoué dans la poursuite cle cette af-
faire , réussit mieux à négocier le mariage du Duc avec
la Princesse Théodore , hlle de Philippe , Landgrave
de Flesse-Darmstadt, Gouverneur de Mantoue , qu’il
I épousa esfectivement au mois de Février 1727. Cette
| alliance néanmoins fut malheureuse par la mauvaise
conduite du Duc,qui négligea sa femrne et l’abandon-
nasans en avoireu d’enfans. Antoine-Ferdinand mou-
rut le 19 Avril 1729. Le feu ayant pris à des liqueurs
spiritueuses dont il se faisoit frotter au retour cle 1a
chasse , qu’il aimoit passionnément, il fut dévorépar
la flamme, etpérit ainsi dans des douleurs cruelles.
J O S E P IT.
1729.J0SEPH, frere du Duc Antoine-Ferdinand,
fut tiré de sa captivité pour lui succéder. Eléonore ,
sa sœur, Grancie-Duchesse-Douairiere de Toscane,
sachant que sa tête n’étoit point rétablie , vint à Guas-
talle, sous prétexte d’une visite d’amitié, mais dans
l’intention de se faire adjuger l’administradon du
Duché. Le Comte de Spilimberg vint à bout de h
supplanter, et obtint du Conseii aulique un Décre
cpii le déclaroit administrateur du Duché jusqu’ar
rétablissement du Duc Joseph. On lui reproche cle.
| manœuvres odieuses qu’il employa pour maintenir sor
I autorité. L’adresse qu’il eut cle cacher l’état du Duc
|j et de ne le montrer au public que dans des momen
|: lucicles, en imposa tellement, cju’il lui obtintla maii
! *
le IaPrincesse Marie-Eleonore, hlle du Duc de Sles-
vicK-FIolstein. Cefutle 29Avril 1781 qu’il l’épousa ,
m nom de son maître , à Lilienfeldt en Autriche.
_,a Princesse , amenée par ce Ministre à Guastalîe le
17 Maisuivànt, ne tarda pas à s’appercevoir du véri-
table état de son époux, et dès iors elle ne voulut
rlus avoir de commerce avec lui.
La guerre s’étant rallumée en Italie , l’an iy33,
rntre l’Empereur d’une part, et les Rois de France, i
d’Espagne et de Sardaigne cle l’autre , le Duc et la I
Duchesse de Guastalle, à i’approche des armées en- I
nemies, se virent contraints d’aller chercher , avec |
;eur Cour, une retraite à Venise. Pendant leur ab- |
sence, le Comte de Spilimberg ouvrit les portes de j
Guastalle,le îqMai^S^, au Général Merci; inais, le
4 Juillet suivant, après le départ des Impériaux, il 1
fut obligé de rendre la place au Roi de Sardaigne,
qui, le 19 Septembre , les défit devant Guastalle.
La paix s’étant fàite en 1706 , la Duchesse, aLi mois de
Nov., revint avec son époux dans ses Etats. Dès lors
elle commença à faire éclaler la jalousie que lui cau-
soit la trop grande autorité dont jouissoit le Comte de
Spilimberg. Ayant obtenu de l’Empereur , le 18 Oc-
tobre 1787 , un Décret qui la nommoit Administra-
trice de l’Etat de Guastalle , pour en hâter plus sûre-
ment Texécution , elle entreprît, arr mois d’Août |
1708, un voyage en Allemagne , sous prétexte de
voir sa famille. De retour dans ses Etats , en 1741 ,
elle nomma , l’année suivante , pour son premier
Ministïe le Marquis Valenti avec l’agrément de l’Em-
pereur Charles VII. Mais , en 1745 , le Génëral
Ca'stellar prit possession de Guastalle au nom d’Eli-
sabeth, Reine d’Espagne, en même tems qu’il s’em-
paroit pour elle desDuchés de Parme et de Plaisance.
Les clroses changerent bientôt de face aprèsla inort de
Charles VII et l’élection du norLvel EmpereLir François
de Lorraine, dont les troupes entrerent dans Guastalle
le Dimanche des Rameaux 5 Avril 1746. Le Duc
Joseph étant mort le 16 Août suivant, la Duchesse
son épouse, dont il ne laissoit point de postérité, se
retira dans les terres qu’elle avoit en Moravie. L’Iin-
pératrice- ileine , Marie-Thërese, regardant le Guas- ,
tallois coinme un démembreme.nt du Milanez , en-
voya sur les lieux le Marquis de Castiglione, qui lui ht
prêter serment, le 4 Septeinbre 174b, par les habi-
tans de Guastalle, dont elle conserva le IJomaine jus-
qu’à la paix d’Aix-la-Chapelle , conclue en 174S.
Ce fut alors que, par le Traité déhnitif signé le 18
Octobre, Tlmpératrice-Reine , en compensation des |
Pays-Bas que la France Iui cédoit , abandonna les |
Duchés de Parme, Plaisance et Guastalle à Don Phi- i
lippe, Infant d’Espagne, pour lui et ses descendans : 8
les allodiaux en furent réservés au Duc de Aiodene, 1
qui se chargea de Tapanage des Duchesses-Douai- |
rieres, Théodore de Darmstadt, et Marie-Eléonore de |
SleswicK , pendant leurs vies. C’est ainsi que ces trois 1
Duchés sont tombés dans la Maison de Bourbon.
DON PFIILIPPE.
1749. Don Philippe, Infant d’Espagne, htprendre |
possession par le Duc d’Aumade , qui reçut le ser- i
ment des vassaux et du peuple le 22 Février de cette |
année. (Voyez la suite aux JDucs deParmc eb PLai- 1
sance, pag. 662. )
L’Etat de Guastalle nous seroit très peu comni I
sans le soin qu’a ptis le P. lrenée Asfo , B'ibliothécàire |
du Duc de J-’arme régnant, de nous en tlonuer récein- 1
ment une histoire complete en quatre volumes in-4 0. 1
1 Cet OLivrage et les .Antichitci e Pregi della Chtesa §
, Guastallese du mêirie auteur, sont tous denx remplis I
s de recherches savantes, et dirigées suivant les régles !|
a de la plus saine critique. g
M o
Tome 111,
que quatre canons dans la place, dépourvue d’ailleurs
de fortifications intérieures et de palissades. Le Roi
d’Espagne, Don Philippe, qui étoit en Italie, déclara,
dans le niois suivant, le Duc Charles IV réintégré
dans ses droits sur Guastalie, oii ii se ht prêter un nou-
! veau serment de hdélitë. Les Irnpériaux ayant repris
| cette ville le 5 Décembre 1706 , y rétablirent le
Duc Vincent , qui s’y rendit de Venise avec son
épouse le 8 Juillet 1707. Mais les Guastallois 11e
jouirent pas long-temsde cette Princesse , que la mort
! enleva le 4 Sept. de ia mêrne année. Le Duc Ferdi-
nand-CIiarles l’avoit devancée au tombeau le 5 Juillet
précédent. Sa succession ht le sujet d’une contestation
entre leDuc Vincent et Léopold , Duc de Lorraine,
petit-lils d’Eléouorè de Gonzague. Mais l’Einpereur
Josepli n’eut point d’égard au droit de Vincent, qui
étoit le mieux fondé, et lui donna seuleinent l’inves- 1
titure des Duchés de Sabionetta et de Bozzolo, du
Marquisat d’Ostiano et du Comté de Pomponesco.
1 Le Duc de Lorraine eut aussi le Duclié de Teschen en
! Silésie. Vincent mourut le 28 Avril 1714- II avoit
épousé en premieres noces Téodora da Bagno, dont
il n’eut point d’enfans. De Ma-rie-Victoire Gon-
z ygue , sa seconde femine , il eut Antoine-Ferdinand,
qui sirit ; Joseph , qui lui succéda ; Alarie-Isabelle ,
morte en 1726 ; et Eléonore-Louise , femme de Fran-
cois-Marie deMédicis, décédée en Déc. 1721.
ANTOINÈ-FERDINAND.
1714- Antoine-Ferdinand , successeur deVincent
son pere , débuta par le don c|u’il fit d’un apanage à
son frere Joseph , avec lequel ii vécut d’abord dans
la plus étroite union ; mais un courtisan les ayànt en-
suite broaiilés, Joseph prit le parti de se retirer à Ve-
nise. 11 étoit en rôute pour s’y rendre lorscju’il fut ar-
rêté par ordre d’Antoine-Ferdinand quile fit enfermer.
Sa prison lui dérangea lc cerveau. Cependant le Duc
f'aisoit valoir à la Cour de Vienne ses droits sur le
Mantouan. L’Empereur lui ayant fait offre de la pai'-
tie de cet Etat c]ui est entre l’Oglio et le Pô , il n’en
fut point content, et persista à demander la totalité.
11 fit cSe vains eflorts pour l’obtenir, en 1725, au
Congrès de Cambrai. Pomponio Spilimberg, son Mi-
nistre, qui avoit échoué dans la poursuite cle cette af-
faire , réussit mieux à négocier le mariage du Duc avec
la Princesse Théodore , hlle de Philippe , Landgrave
de Flesse-Darmstadt, Gouverneur de Mantoue , qu’il
I épousa esfectivement au mois de Février 1727. Cette
| alliance néanmoins fut malheureuse par la mauvaise
conduite du Duc,qui négligea sa femrne et l’abandon-
nasans en avoireu d’enfans. Antoine-Ferdinand mou-
rut le 19 Avril 1729. Le feu ayant pris à des liqueurs
spiritueuses dont il se faisoit frotter au retour cle 1a
chasse , qu’il aimoit passionnément, il fut dévorépar
la flamme, etpérit ainsi dans des douleurs cruelles.
J O S E P IT.
1729.J0SEPH, frere du Duc Antoine-Ferdinand,
fut tiré de sa captivité pour lui succéder. Eléonore ,
sa sœur, Grancie-Duchesse-Douairiere de Toscane,
sachant que sa tête n’étoit point rétablie , vint à Guas-
talle, sous prétexte d’une visite d’amitié, mais dans
l’intention de se faire adjuger l’administradon du
Duché. Le Comte de Spilimberg vint à bout de h
supplanter, et obtint du Conseii aulique un Décre
cpii le déclaroit administrateur du Duché jusqu’ar
rétablissement du Duc Joseph. On lui reproche cle.
| manœuvres odieuses qu’il employa pour maintenir sor
I autorité. L’adresse qu’il eut cle cacher l’état du Duc
|j et de ne le montrer au public que dans des momen
|: lucicles, en imposa tellement, cju’il lui obtintla maii
! *
le IaPrincesse Marie-Eleonore, hlle du Duc de Sles-
vicK-FIolstein. Cefutle 29Avril 1781 qu’il l’épousa ,
m nom de son maître , à Lilienfeldt en Autriche.
_,a Princesse , amenée par ce Ministre à Guastalîe le
17 Maisuivànt, ne tarda pas à s’appercevoir du véri-
table état de son époux, et dès iors elle ne voulut
rlus avoir de commerce avec lui.
La guerre s’étant rallumée en Italie , l’an iy33,
rntre l’Empereur d’une part, et les Rois de France, i
d’Espagne et de Sardaigne cle l’autre , le Duc et la I
Duchesse de Guastalle, à i’approche des armées en- I
nemies, se virent contraints d’aller chercher , avec |
;eur Cour, une retraite à Venise. Pendant leur ab- |
sence, le Comte de Spilimberg ouvrit les portes de j
Guastalle,le îqMai^S^, au Général Merci; inais, le
4 Juillet suivant, après le départ des Impériaux, il 1
fut obligé de rendre la place au Roi de Sardaigne,
qui, le 19 Septembre , les défit devant Guastalle.
La paix s’étant fàite en 1706 , la Duchesse, aLi mois de
Nov., revint avec son époux dans ses Etats. Dès lors
elle commença à faire éclaler la jalousie que lui cau-
soit la trop grande autorité dont jouissoit le Comte de
Spilimberg. Ayant obtenu de l’Empereur , le 18 Oc-
tobre 1787 , un Décret qui la nommoit Administra-
trice de l’Etat de Guastalle , pour en hâter plus sûre-
ment Texécution , elle entreprît, arr mois d’Août |
1708, un voyage en Allemagne , sous prétexte de
voir sa famille. De retour dans ses Etats , en 1741 ,
elle nomma , l’année suivante , pour son premier
Ministïe le Marquis Valenti avec l’agrément de l’Em-
pereur Charles VII. Mais , en 1745 , le Génëral
Ca'stellar prit possession de Guastalle au nom d’Eli-
sabeth, Reine d’Espagne, en même tems qu’il s’em-
paroit pour elle desDuchés de Parme et de Plaisance.
Les clroses changerent bientôt de face aprèsla inort de
Charles VII et l’élection du norLvel EmpereLir François
de Lorraine, dont les troupes entrerent dans Guastalle
le Dimanche des Rameaux 5 Avril 1746. Le Duc
Joseph étant mort le 16 Août suivant, la Duchesse
son épouse, dont il ne laissoit point de postérité, se
retira dans les terres qu’elle avoit en Moravie. L’Iin-
pératrice- ileine , Marie-Thërese, regardant le Guas- ,
tallois coinme un démembreme.nt du Milanez , en-
voya sur les lieux le Marquis de Castiglione, qui lui ht
prêter serment, le 4 Septeinbre 174b, par les habi-
tans de Guastalle, dont elle conserva le IJomaine jus-
qu’à la paix d’Aix-la-Chapelle , conclue en 174S.
Ce fut alors que, par le Traité déhnitif signé le 18
Octobre, Tlmpératrice-Reine , en compensation des |
Pays-Bas que la France Iui cédoit , abandonna les |
Duchés de Parme, Plaisance et Guastalle à Don Phi- i
lippe, Infant d’Espagne, pour lui et ses descendans : 8
les allodiaux en furent réservés au Duc de Aiodene, 1
qui se chargea de Tapanage des Duchesses-Douai- |
rieres, Théodore de Darmstadt, et Marie-Eléonore de |
SleswicK , pendant leurs vies. C’est ainsi que ces trois 1
Duchés sont tombés dans la Maison de Bourbon.
DON PFIILIPPE.
1749. Don Philippe, Infant d’Espagne, htprendre |
possession par le Duc d’Aumade , qui reçut le ser- i
ment des vassaux et du peuple le 22 Février de cette |
année. (Voyez la suite aux JDucs deParmc eb PLai- 1
sance, pag. 662. )
L’Etat de Guastalle nous seroit très peu comni I
sans le soin qu’a ptis le P. lrenée Asfo , B'ibliothécàire |
du Duc de J-’arme régnant, de nous en tlonuer récein- 1
ment une histoire complete en quatre volumes in-4 0. 1
1 Cet OLivrage et les .Antichitci e Pregi della Chtesa §
, Guastallese du mêirie auteur, sont tous denx remplis I
s de recherches savantes, et dirigées suivant les régles !|
a de la plus saine critique. g
M o
Tome 111,