DES SEIGNEURS, PUIS DUCS DE LA MIRANDOLE. 705
eil fireîit racquisition, avec celle cle la Motte Papazoni, pour la sorame de viugt mille liyres , et en rase-
rent ensuite les fortiEcatiôns , qui leur faisoient ombrage.
L’empereur Henri VII étant venu , l’an 13 r i ,en Italie , Frariçois Pic , Èls de Barthelemi, fut un des Am-
bassadeurs que la Commune de Moclene députa à Brescia pour lui faire liominage. II sut tellement captiver
la bienveillance du Prince qu’il en obtiiit le titre cle Vicaire de l’Empire dans ie Modénois. Henri, !ans
le même tems lui accorda , pour lui et ses çousins , Zappin , fils de Nicolas , et un autre Nicob , sur-
nommé le Grand, fils cle Jean, l’investiture de Quareniola aVec ses dépendances , au nombre de^quellés
étoit la Mirandole. Le Diplôme expédié à ce sujet est du 25 Janvier 1311. ( Archiv. Estense. ) Francois
étant revenu à Modene pour exercer sa nouvelle charge, donna, peu de teins après, une de ses filles en mariage
à un des fils de Jean Boschetti. ( Chron. Ms. di Carpi. ) Ce degré d’honneur et de pouvoir excita l’envie
contre lui. Elle alla si loin , que , le 27 Novcinbre 1021 , François Bonacossi, fils de Passerin, ayant prîs
en trahison François Pic avec ses deux hls , Prendiparte et Thomas , les Et jeter clans le fond dTne tour , où
ils moururent de faiin , après s’être niutuellement dévorés. ( Murat. Rerum Ital. T. XI , col. io5 , et
T. XV, col. 583. ) Le lieu de cette horrible scene , appellé Castellarium , est placé dans le Modénois par
l’auteur des Annales de Modene , et dans le Mantouan par Jean Bazzano dans sa Chronique. La justice
divine ne laissa pas impunie dans ce monde une telle atrocité. Ce fut Louis de Gonzague qui se rendit l’exé-
cuteur de sa vengeance. Après avoir tué Passerin dans Mantoue, il se saisit des Els de celui-ci, Frar cois
et l’Abbé de S.-André, ensemble de ses petits-fils, Gui et Pinnainonte) puis les remit entre les mains des
Pics, qui, les ayant conduits dans la prison où François Pic étoit mort avec ses fils , les firent explrer dans
Ics aiipplices. (Murat. ibid. T. XI, col. 116, êt T. XIII, col. 662. ) Villani, auteur contemporain, parlant
de ce fait, dit que les sils de Passerin furono consegnati al figliuolo di M. Francesco della Mirandola,
Ce fils, dont il parle sans le nommer, étoit petit-fils de Nicolas , surnommé le Grand. Ce fut par lui,
et par Paul, fils unique du malheureux Prendiparte, que se propagea la lignée des Pics. Paul n’eut pas un
meilleur sort que son pere, ayant été tué, l’an 1355 , dans une sédition qui s’étoit élevée à Vérone dont
il étoit Podestat.
La même année , l’Empereur Charles IV ètant desceildu en îtâîie, François, Prendiparte, Thomassin
et Spineta, fïls de Paul, avec Jean, Francesquin et Prendiparte, fils de Nicolas, vinrent se présenter àlui
dans Mantoue, et en obtinrent une nouvelle investiture de Quarentola et de la Mirandole. Mais quoique
cette investiture fut commune à tous, la propriété de la Mirandole resta aux seuls descendans de Paul.
L’an 1482 (et non 1414? comme le marque Chazot), Jean et François , fds de Paul, obtinrent de l’Ein-
pereur Sigismond un Diplôme par lequel il érigeoit en Comté là terre de Concordia qui leur appartenoit
François épousa Pierrette, fille de Marc Pio, dont il eut Taddée , qui fut mariée au Marquis Jacques
Malaspina, et deux fils qui moururent sans postérité; ce qui rendit Jean son frere, qui lui survécut,
seul maitre de Concordia. Jean Pic épousa > l’an i/+i6, Calherine, fille de Guillaume Bevilacqua , clont il
eut Jean-François, qui suit, etNicolas, mort dans l’état ecclésiastique en 1448*
Jean-François Pic , successeur de Jean son pere ,
ëpousa Julie , fille de Feltrin Bojardo , qui le fit pere
de Galeotto Pic, d’Antoine Marie et de Jean dont il
sera parlé ci-après; plus de deux filles , Catherine ,
fennne , i° de Lionel Pio , 2» de llodolfe Gonzague ;
et Constance, marièe à Pino des Ordelasfi, Seigneur
de Forli, puis au Comte de Montegnana. L’ainé de
ces enfans avoit déja quatorze ans , iorsqu’en 452 il
vint avec son pere à Ferrare pour rendre honunage à
l’Empereur Frédéric III, qui l’arma solemnellement
Chevalier. Jean-François , suivant Manfredi, termina
scs jours ie 8 Novembre 1487.
GALEo rToPrc,successeurde Jean-François sonpere,
épousa , Pan 3468, Blanche, fdle légitiine de NF
colas III, Marquis d’Est. Fier de cette alliauce , il prë-
tendit avoir seul toute Ia succession paternelle ; et pour
l’envahir il prit prétexte de l’accusation d’un crirne de
lese-majestéimpériale, qu’on n’explique pas , formée
contre Antoine-Marie son frere. L’ayant en consé-
quence fait arrêter, ii i’enferma chargé de fers au fond
d’nne tour. 11 fit à-peu-près le mcms traiteinent à
Julie, leur mere commune , qu’il retint prisonniere
dans sa chambre , parcequ’elle avoit pris le parti
d’Antoine-Marie. Celui-ci, rernis en liberté au bout
de deux ans , Vécut quelque tems en paix avec sôn
frere ; et pendant cet intervalle il épousa Constance,
fille de Sante-Bentivoglio. ( Murat. Rer. ital. T. XXIII,
col. 900.) La guerre s’étant renouvellée entre eux, il
n’y eu tplus moyen de les amener à un accoinmodement.
Jean Pic, leur frere , cependant éloigrté de sa pa-
trie, cultiVoit tranquillement les Iettres avec une ar-
deur incroyable. Les progrès qu’il y fit surpassent
toute croy rance , s’il est vrai qu’à l’age de dix-bui ans
il savoit vingt-deux langues, ce qui seroit en< ore dif-
ficile à croire en ne l’entendant que des élémens de
chacune de ces langues. Quoi qu’ilen soit, à l’âgede
vingt-quatre ans, il osa faire afficher à Ilonie et sou-
tenir publiqueiiient des theses sur tous les objets des
sciences, sans en-excepter aucune, De re omni scibili,
coinprises en 1400 conclusions , lesijueües , à l’ex-
ception d’une légere teinture de géoinétrie qu’on y
voit répandue , prouvent mieux le mauvais gout de
son siécle que l’étendue des connoissances utiles qu’il
avoit acquises. Ges theses furent déférées par les en-
vieux de la gloire de l’auteur au Pape Innoceiit VIII ,
qui ne put s’empêcher d’en censurer plusienrs arti-
cles. Pic se défendit par une apologie, ct à la fin se
souinit au Pape Aloxandre VI, qui lui accorda , l’an
4q3 , son absolution (1). llmourut à l’âge de trente-
si) 3) Je ne sais, dit l’Abbé de Longuerue, si Pic de la Mirandole
y> fit autant de bruit dans son siéclc qu’on Ie dit; mais il 11e le mé-
33 rita guere. Ce que nous avons de lui est peu de chose. C’é-
33 toit un homme à qui la lecture des Scholastiques, et peut-être
33 aussi les louanges des flatteurs qui ne manquent jamais aux
33 Grands , avoient gâté l’esprit. II croyoit savoir et pouvoir ré-
» pondre dc omni re scibiii. II ne fant point d’autre titre pour
33 avoir droit: d’être logé aux Petites-Maisons. II vouloit réfuter I
Tome III.
Q 8
eil fireîit racquisition, avec celle cle la Motte Papazoni, pour la sorame de viugt mille liyres , et en rase-
rent ensuite les fortiEcatiôns , qui leur faisoient ombrage.
L’empereur Henri VII étant venu , l’an 13 r i ,en Italie , Frariçois Pic , Èls de Barthelemi, fut un des Am-
bassadeurs que la Commune de Moclene députa à Brescia pour lui faire liominage. II sut tellement captiver
la bienveillance du Prince qu’il en obtiiit le titre cle Vicaire de l’Empire dans ie Modénois. Henri, !ans
le même tems lui accorda , pour lui et ses çousins , Zappin , fils de Nicolas , et un autre Nicob , sur-
nommé le Grand, fils cle Jean, l’investiture de Quareniola aVec ses dépendances , au nombre de^quellés
étoit la Mirandole. Le Diplôme expédié à ce sujet est du 25 Janvier 1311. ( Archiv. Estense. ) Francois
étant revenu à Modene pour exercer sa nouvelle charge, donna, peu de teins après, une de ses filles en mariage
à un des fils de Jean Boschetti. ( Chron. Ms. di Carpi. ) Ce degré d’honneur et de pouvoir excita l’envie
contre lui. Elle alla si loin , que , le 27 Novcinbre 1021 , François Bonacossi, fils de Passerin, ayant prîs
en trahison François Pic avec ses deux hls , Prendiparte et Thomas , les Et jeter clans le fond dTne tour , où
ils moururent de faiin , après s’être niutuellement dévorés. ( Murat. Rerum Ital. T. XI , col. io5 , et
T. XV, col. 583. ) Le lieu de cette horrible scene , appellé Castellarium , est placé dans le Modénois par
l’auteur des Annales de Modene , et dans le Mantouan par Jean Bazzano dans sa Chronique. La justice
divine ne laissa pas impunie dans ce monde une telle atrocité. Ce fut Louis de Gonzague qui se rendit l’exé-
cuteur de sa vengeance. Après avoir tué Passerin dans Mantoue, il se saisit des Els de celui-ci, Frar cois
et l’Abbé de S.-André, ensemble de ses petits-fils, Gui et Pinnainonte) puis les remit entre les mains des
Pics, qui, les ayant conduits dans la prison où François Pic étoit mort avec ses fils , les firent explrer dans
Ics aiipplices. (Murat. ibid. T. XI, col. 116, êt T. XIII, col. 662. ) Villani, auteur contemporain, parlant
de ce fait, dit que les sils de Passerin furono consegnati al figliuolo di M. Francesco della Mirandola,
Ce fils, dont il parle sans le nommer, étoit petit-fils de Nicolas , surnommé le Grand. Ce fut par lui,
et par Paul, fils unique du malheureux Prendiparte, que se propagea la lignée des Pics. Paul n’eut pas un
meilleur sort que son pere, ayant été tué, l’an 1355 , dans une sédition qui s’étoit élevée à Vérone dont
il étoit Podestat.
La même année , l’Empereur Charles IV ètant desceildu en îtâîie, François, Prendiparte, Thomassin
et Spineta, fïls de Paul, avec Jean, Francesquin et Prendiparte, fils de Nicolas, vinrent se présenter àlui
dans Mantoue, et en obtinrent une nouvelle investiture de Quarentola et de la Mirandole. Mais quoique
cette investiture fut commune à tous, la propriété de la Mirandole resta aux seuls descendans de Paul.
L’an 1482 (et non 1414? comme le marque Chazot), Jean et François , fds de Paul, obtinrent de l’Ein-
pereur Sigismond un Diplôme par lequel il érigeoit en Comté là terre de Concordia qui leur appartenoit
François épousa Pierrette, fille de Marc Pio, dont il eut Taddée , qui fut mariée au Marquis Jacques
Malaspina, et deux fils qui moururent sans postérité; ce qui rendit Jean son frere, qui lui survécut,
seul maitre de Concordia. Jean Pic épousa > l’an i/+i6, Calherine, fille de Guillaume Bevilacqua , clont il
eut Jean-François, qui suit, etNicolas, mort dans l’état ecclésiastique en 1448*
Jean-François Pic , successeur de Jean son pere ,
ëpousa Julie , fille de Feltrin Bojardo , qui le fit pere
de Galeotto Pic, d’Antoine Marie et de Jean dont il
sera parlé ci-après; plus de deux filles , Catherine ,
fennne , i° de Lionel Pio , 2» de llodolfe Gonzague ;
et Constance, marièe à Pino des Ordelasfi, Seigneur
de Forli, puis au Comte de Montegnana. L’ainé de
ces enfans avoit déja quatorze ans , iorsqu’en 452 il
vint avec son pere à Ferrare pour rendre honunage à
l’Empereur Frédéric III, qui l’arma solemnellement
Chevalier. Jean-François , suivant Manfredi, termina
scs jours ie 8 Novembre 1487.
GALEo rToPrc,successeurde Jean-François sonpere,
épousa , Pan 3468, Blanche, fdle légitiine de NF
colas III, Marquis d’Est. Fier de cette alliauce , il prë-
tendit avoir seul toute Ia succession paternelle ; et pour
l’envahir il prit prétexte de l’accusation d’un crirne de
lese-majestéimpériale, qu’on n’explique pas , formée
contre Antoine-Marie son frere. L’ayant en consé-
quence fait arrêter, ii i’enferma chargé de fers au fond
d’nne tour. 11 fit à-peu-près le mcms traiteinent à
Julie, leur mere commune , qu’il retint prisonniere
dans sa chambre , parcequ’elle avoit pris le parti
d’Antoine-Marie. Celui-ci, rernis en liberté au bout
de deux ans , Vécut quelque tems en paix avec sôn
frere ; et pendant cet intervalle il épousa Constance,
fille de Sante-Bentivoglio. ( Murat. Rer. ital. T. XXIII,
col. 900.) La guerre s’étant renouvellée entre eux, il
n’y eu tplus moyen de les amener à un accoinmodement.
Jean Pic, leur frere , cependant éloigrté de sa pa-
trie, cultiVoit tranquillement les Iettres avec une ar-
deur incroyable. Les progrès qu’il y fit surpassent
toute croy rance , s’il est vrai qu’à l’age de dix-bui ans
il savoit vingt-deux langues, ce qui seroit en< ore dif-
ficile à croire en ne l’entendant que des élémens de
chacune de ces langues. Quoi qu’ilen soit, à l’âgede
vingt-quatre ans, il osa faire afficher à Ilonie et sou-
tenir publiqueiiient des theses sur tous les objets des
sciences, sans en-excepter aucune, De re omni scibili,
coinprises en 1400 conclusions , lesijueües , à l’ex-
ception d’une légere teinture de géoinétrie qu’on y
voit répandue , prouvent mieux le mauvais gout de
son siécle que l’étendue des connoissances utiles qu’il
avoit acquises. Ges theses furent déférées par les en-
vieux de la gloire de l’auteur au Pape Innoceiit VIII ,
qui ne put s’empêcher d’en censurer plusienrs arti-
cles. Pic se défendit par une apologie, ct à la fin se
souinit au Pape Aloxandre VI, qui lui accorda , l’an
4q3 , son absolution (1). llmourut à l’âge de trente-
si) 3) Je ne sais, dit l’Abbé de Longuerue, si Pic de la Mirandole
y> fit autant de bruit dans son siéclc qu’on Ie dit; mais il 11e le mé-
33 rita guere. Ce que nous avons de lui est peu de chose. C’é-
33 toit un homme à qui la lecture des Scholastiques, et peut-être
33 aussi les louanges des flatteurs qui ne manquent jamais aux
33 Grands , avoient gâté l’esprit. II croyoit savoir et pouvoir ré-
» pondre dc omni re scibiii. II ne fant point d’autre titre pour
33 avoir droit: d’être logé aux Petites-Maisons. II vouloit réfuter I
Tome III.
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