DES DOGES D E VENISE.
Is
7 19 "
né le 2.5 Décerabre i653, est élevé, le 2 Juin, à la di-
|| gnilé dticale. Le 6 Janvier xy35 fut le terme de sa
vie-o
Louis Pisani succéde au Doge Ruzzîni ie
17 janvier. L’Empereur ayant accordé la franchise au
port de Trieste, et ie Pape en ayant fait de même pour
eelui d’Ancone , le Sénat, à la demande des mar-
chands vénitiens, rend un Décret,l’an 1736, qui ëta~
blit aussi la Iranchise du port de Venise. L’an 1737,
l’Einperenr sollicite eu vaîn les Vénitiens de se joindre
à lui contre les Turcs. 11s gardent constaminent ia
neutralité dans la guerre que ces deux Puissances se
font. L’an 1740, ie Pape Oléraent Xil ayant excité la
jalousie des Vénitiens par Pétablissement d’une foire
franche à Sinigaglia, le Sc-nat rend un Décret portant
défeuse aux sujets de la Répubiique d’aller à cette foirc\
Clément XII, par représailles, interdit tout comraerce
aux sujets de l’Eglise avec ies Vénitiens. Cette affaire,
qui pouvoit avoir des suites, demeura suspendue par
ia mort dece Pontife, et fuî entièreraent assoupie sous
Benoît XiV r, successeur de Cléraent XII. L’an 174.r,
îe Doge Louis Pisani meurt le 17 Juin, dans la soi-
Nante-dix-liuitieine année de sou âge.
1741. Pieîire Grimani est élu Doge le 29 .Tuin.
L’Italie étant devenue l’un des théâtres de la guerre
occasionnée pour la successiou de la Maison d’Au-
triche, le Séuat, après avoir einbrassé le parli de la
neutralité , prit des mesures pour se mettre à l’abri
des hostilités des deux partis. li euvoya sur les bords
de l’Adige une arinte de 24 mille hoimnes , dont on
distribua quelques détachemens dans les principaux
postes sur ia tronliere du Mantouau, depuis Valeg-
gio jusqu’à Ponté-Molino. Cette précaution n’empê-
ciia pas néanraoins que i’Etat de Venise nèprouvât,
corarae les autres Etats neutres d’Itaiie, l’incoraino-
dité du passage des troupes. Mais elie eut l’effet de
les contenir dans les bornes de la raodération. L’an
1745 , le Sénat résiste aux sollicitations que lui faisoit
ie Comte d’Holderness pour se déclarer en faveur de
ia Reine de Hongrie. L’an 1749? I e Sénat tennirie
amiàblement les contestations qu’il avoit depuis long
tenis avec ie S. Siége touchant les lhnites du Duché
de Ferrare. La mêine année, Ügue conclue entre le
Pape, ies Vénitiens, le Roi des Deux-Siciles et la Ré-
publique de (jènes, contre les Corsaires d’Alger et de
Tunis, qui infestoient toutes les cùtes de ia Médi-
terranée.
Le Sénat, l’an 1760, se brouiîle avec le S. Siège à
l’occasion du Patriarchat d’Aquilée. Par une ancienne
convenlion entre les Archiduci d’Autriche et les Vcni-
tiens, il avoit éié réglé que les deux Puissances joui-
roient alternativement du droit de nonnner à ce Pa-
triarchat. Mais ies Archiducs n’avoient jamais joui de
ce droit, par le soin que les Patriarches d’Aquiiée
vénitieris avoïent toujours eu depùis ce tems-ià de
se ciioisir des Coadjuteurs, agréés par le Sénat et mn-
nis de Builes du S. Sic'ge, pour leur succéder. L’ini-
pératrice-Reine réciarna contre cet usage. Le Pape
Benoit XIV, cîioisi pour arbitre de ia contestation ,
rendit un jugement en forme de Bref le 19 Novembre
1749, par lequel, en maintenant le Sénat cJans la
possession où ii étoit de norniner seul îe Patriarche
d’Aquilée, il établissoit en rnênie terns dans Ja partie
autrichienne de ce Patriarchat un Vicaire apostoiique
pour soustraire les sujets de l’impératrice-Reine a la
jurisdiction cl’une Puissance étrangere. Ce terapéra-
inent déplut au Sénat qui en téraoigna son mécon-
tentement au S. Pere. Mais , sans égard pour ses
plaintes , Benoît XIV, par un autre Bref du 27 Juin
1760, créa Evêque in partibus et Vicaire apostoliique
d’Aquilée le Comte d’Artimis, Chanoine de Basle. Le
Sénat fit alors éclater sou ressentiment : il rappela cle
Rome son Ambassadeur, signiha au Nonce, cjui rési-
doit à Venise, de sortir des terres de la Rcpublique,
ei résolu de soutenir sa prétention, il fit artner ses
vaisseaux et ses galeres , recruta et augmenta ses
troupes de terre. A cet appareii menaçant, Benoît XIV
n’opposa qu’une déclaration pleine cse inodération et
de sugesse, qui mit le S. Siége hors de cause, et laissa
le diffërend à vuider entre l’Irnpératrice-Reine et ia
République. Les Rois de France et cie Sardaigne esi-
ployerent leur médiation pour terminer cette afïaire,
qui fuî. enfm accommodée, l’an 1761 , de la maniere
suivante. On èteignit le Palriarchat d’Aquilée, clont
on partagea le diocese en deux Archevêcliés , l’un à
la nomination du Scnat, pour la partie du J rioal vë-
nitien , l’autre pour le Frioul autrichien, à la nomi-
nation des Archiducs. Udine fut le Siége du premier,
et Gorice le fut du second. L’an 1752, le Doge Gri-
mani descend au tombeau dans les premiers jours de
Mars.
1752. FRANçors LoRÉDANoestélu Doge le iS Mars ,
et termine sa carriere la nuit du ig au 20 Mai 1762.
1762. Marc Foscarini, Chevaîier de l’Etole d’or
et Procurateur de S. Marc, proclamé Doge le 31 Mai,
finit ses jours le 3o Mars 1760, à l’âge de 67 ans.
1760. Alvisio Mocénigo, Clievalier de l’Etole
cl’or, Procurateur de S. Marc et ci-devant Ambas-
sadeur en plusieurs Cours, né le 19 Mai 1701, est
élevé au Dogat ie 19 Av-ri-1 1763.
Iléglement du Crand Conseil, en date du 10 Oc-
tobre 1767 , poitant défense d’aliéner aucun. fonds
en faveur des corps ecclésiastiques. Le 20 Novembre
suivant, Décret du Sénat, par lequel il est défendu
à toutes les Coramunautés Rëgulieres de i’Etat de
recevoir des Novices jusqu’à nouvel ordre.
L’an 1768, Ordonnance par laquelle, entre autres
articles, i°. l’on soustrait les Règuiiers à la juris<iic-
tion de leurs Supérieurs-Généraux pour les sou-
raettre à celle des Evêques Diocèsaius; 2°. I 011 con-
hrrae la suspension des prises d’habits à Lègard des
Religieux Mendians ; 3°. par rapport aux autres lleli-
gieux, l’on statue que personne ne pourra être admis
à prendre i’habit parmi eux avant i’âge de 21 ans
accomplis. Le 8 Octobre suivant, le Pape adresse au
Sénat un Bref pour se plaindre de cette Ordon-
nance ou Dëcret, coinuie d’une eutreprise sur les
droits de ia puissance spirituelse, Sa Sainteté, dans
le même tems, écrit des lettres circulaires aux Pa-
triarche et Evêques de ia iiépublique, pour leur
dèfendre de se couformer à ce Décret. Quelques
Prélats déserent à la défense du S. Pere. Néanmoins
Ies Réguiiers prennent le parti de reconnoître le
Patriarche pour ieur Supèrieur. Le 19 Novembre
suivant, réponse du Sénat au Pape, pour justifier son
Ordonnance du 7 Septembre dernier. Le 17 Dé-
cembre suivant, nouveau Bref du Pape au Sènat,
poursoutenir celui du 8 Octobre. lièponse du Sénat
pour appuyer celle du 19 Novembre. Le Patriarche
de Venise commence ses visites dans les Monasteres.
D’autres Préiats de ia Rèpubiique imitent son exemple.
Le 18 Août 1769, ie tonnerre tombe sur le maga-
sin à poudre de Brescia , ville dépendante de la
République, ce qui occasionne une explosion si vio-
lente , que toute la viiie en est ébranlée et la 6 e partie
de ses édifices renversée de fond en corabie. Plus de
deux mille personnes périssent de cet accident. L’an
1778, le Doge Mocénigo meurt le 3i Décembre,
à Lage de 77 ans et un mois.
Paul Renier , né à Venise îe 21 Novembre 1710 ,
est élu Doge le 14 Janvier 1779 , et couronné le len-
demain. li meurt la nuit du 14 Fèvrier 1789, et a
pour successeur Louis Manin , nè à Venise ie 23 Juil-
îet 1726, élu Doge le 9 Mars 1789, et couromié le
lendemain.
Tome III,
Is
7 19 "
né le 2.5 Décerabre i653, est élevé, le 2 Juin, à la di-
|| gnilé dticale. Le 6 Janvier xy35 fut le terme de sa
vie-o
Louis Pisani succéde au Doge Ruzzîni ie
17 janvier. L’Empereur ayant accordé la franchise au
port de Trieste, et ie Pape en ayant fait de même pour
eelui d’Ancone , le Sénat, à la demande des mar-
chands vénitiens, rend un Décret,l’an 1736, qui ëta~
blit aussi la Iranchise du port de Venise. L’an 1737,
l’Einperenr sollicite eu vaîn les Vénitiens de se joindre
à lui contre les Turcs. 11s gardent constaminent ia
neutralité dans la guerre que ces deux Puissances se
font. L’an 1740, ie Pape Oléraent Xil ayant excité la
jalousie des Vénitiens par Pétablissement d’une foire
franche à Sinigaglia, le Sc-nat rend un Décret portant
défeuse aux sujets de la Répubiique d’aller à cette foirc\
Clément XII, par représailles, interdit tout comraerce
aux sujets de l’Eglise avec ies Vénitiens. Cette affaire,
qui pouvoit avoir des suites, demeura suspendue par
ia mort dece Pontife, et fuî entièreraent assoupie sous
Benoît XiV r, successeur de Cléraent XII. L’an 174.r,
îe Doge Louis Pisani meurt le 17 Juin, dans la soi-
Nante-dix-liuitieine année de sou âge.
1741. Pieîire Grimani est élu Doge le 29 .Tuin.
L’Italie étant devenue l’un des théâtres de la guerre
occasionnée pour la successiou de la Maison d’Au-
triche, le Séuat, après avoir einbrassé le parli de la
neutralité , prit des mesures pour se mettre à l’abri
des hostilités des deux partis. li euvoya sur les bords
de l’Adige une arinte de 24 mille hoimnes , dont on
distribua quelques détachemens dans les principaux
postes sur ia tronliere du Mantouau, depuis Valeg-
gio jusqu’à Ponté-Molino. Cette précaution n’empê-
ciia pas néanraoins que i’Etat de Venise nèprouvât,
corarae les autres Etats neutres d’Itaiie, l’incoraino-
dité du passage des troupes. Mais elie eut l’effet de
les contenir dans les bornes de la raodération. L’an
1745 , le Sénat résiste aux sollicitations que lui faisoit
ie Comte d’Holderness pour se déclarer en faveur de
ia Reine de Hongrie. L’an 1749? I e Sénat tennirie
amiàblement les contestations qu’il avoit depuis long
tenis avec ie S. Siége touchant les lhnites du Duché
de Ferrare. La mêine année, Ügue conclue entre le
Pape, ies Vénitiens, le Roi des Deux-Siciles et la Ré-
publique de (jènes, contre les Corsaires d’Alger et de
Tunis, qui infestoient toutes les cùtes de ia Médi-
terranée.
Le Sénat, l’an 1760, se brouiîle avec le S. Siège à
l’occasion du Patriarchat d’Aquilée. Par une ancienne
convenlion entre les Archiduci d’Autriche et les Vcni-
tiens, il avoit éié réglé que les deux Puissances joui-
roient alternativement du droit de nonnner à ce Pa-
triarchat. Mais ies Archiducs n’avoient jamais joui de
ce droit, par le soin que les Patriarches d’Aquiiée
vénitieris avoïent toujours eu depùis ce tems-ià de
se ciioisir des Coadjuteurs, agréés par le Sénat et mn-
nis de Builes du S. Sic'ge, pour leur succéder. L’ini-
pératrice-Reine réciarna contre cet usage. Le Pape
Benoit XIV, cîioisi pour arbitre de ia contestation ,
rendit un jugement en forme de Bref le 19 Novembre
1749, par lequel, en maintenant le Sénat cJans la
possession où ii étoit de norniner seul îe Patriarche
d’Aquilée, il établissoit en rnênie terns dans Ja partie
autrichienne de ce Patriarchat un Vicaire apostoiique
pour soustraire les sujets de l’impératrice-Reine a la
jurisdiction cl’une Puissance étrangere. Ce terapéra-
inent déplut au Sénat qui en téraoigna son mécon-
tentement au S. Pere. Mais , sans égard pour ses
plaintes , Benoît XIV, par un autre Bref du 27 Juin
1760, créa Evêque in partibus et Vicaire apostoliique
d’Aquilée le Comte d’Artimis, Chanoine de Basle. Le
Sénat fit alors éclater sou ressentiment : il rappela cle
Rome son Ambassadeur, signiha au Nonce, cjui rési-
doit à Venise, de sortir des terres de la Rcpublique,
ei résolu de soutenir sa prétention, il fit artner ses
vaisseaux et ses galeres , recruta et augmenta ses
troupes de terre. A cet appareii menaçant, Benoît XIV
n’opposa qu’une déclaration pleine cse inodération et
de sugesse, qui mit le S. Siége hors de cause, et laissa
le diffërend à vuider entre l’Irnpératrice-Reine et ia
République. Les Rois de France et cie Sardaigne esi-
ployerent leur médiation pour terminer cette afïaire,
qui fuî. enfm accommodée, l’an 1761 , de la maniere
suivante. On èteignit le Palriarchat d’Aquilée, clont
on partagea le diocese en deux Archevêcliés , l’un à
la nomination du Scnat, pour la partie du J rioal vë-
nitien , l’autre pour le Frioul autrichien, à la nomi-
nation des Archiducs. Udine fut le Siége du premier,
et Gorice le fut du second. L’an 1752, le Doge Gri-
mani descend au tombeau dans les premiers jours de
Mars.
1752. FRANçors LoRÉDANoestélu Doge le iS Mars ,
et termine sa carriere la nuit du ig au 20 Mai 1762.
1762. Marc Foscarini, Chevaîier de l’Etole d’or
et Procurateur de S. Marc, proclamé Doge le 31 Mai,
finit ses jours le 3o Mars 1760, à l’âge de 67 ans.
1760. Alvisio Mocénigo, Clievalier de l’Etole
cl’or, Procurateur de S. Marc et ci-devant Ambas-
sadeur en plusieurs Cours, né le 19 Mai 1701, est
élevé au Dogat ie 19 Av-ri-1 1763.
Iléglement du Crand Conseil, en date du 10 Oc-
tobre 1767 , poitant défense d’aliéner aucun. fonds
en faveur des corps ecclésiastiques. Le 20 Novembre
suivant, Décret du Sénat, par lequel il est défendu
à toutes les Coramunautés Rëgulieres de i’Etat de
recevoir des Novices jusqu’à nouvel ordre.
L’an 1768, Ordonnance par laquelle, entre autres
articles, i°. l’on soustrait les Règuiiers à la juris<iic-
tion de leurs Supérieurs-Généraux pour les sou-
raettre à celle des Evêques Diocèsaius; 2°. I 011 con-
hrrae la suspension des prises d’habits à Lègard des
Religieux Mendians ; 3°. par rapport aux autres lleli-
gieux, l’on statue que personne ne pourra être admis
à prendre i’habit parmi eux avant i’âge de 21 ans
accomplis. Le 8 Octobre suivant, le Pape adresse au
Sénat un Bref pour se plaindre de cette Ordon-
nance ou Dëcret, coinuie d’une eutreprise sur les
droits de ia puissance spirituelse, Sa Sainteté, dans
le même tems, écrit des lettres circulaires aux Pa-
triarche et Evêques de ia iiépublique, pour leur
dèfendre de se couformer à ce Décret. Quelques
Prélats déserent à la défense du S. Pere. Néanmoins
Ies Réguiiers prennent le parti de reconnoître le
Patriarche pour ieur Supèrieur. Le 19 Novembre
suivant, réponse du Sénat au Pape, pour justifier son
Ordonnance du 7 Septembre dernier. Le 17 Dé-
cembre suivant, nouveau Bref du Pape au Sènat,
poursoutenir celui du 8 Octobre. lièponse du Sénat
pour appuyer celle du 19 Novembre. Le Patriarche
de Venise commence ses visites dans les Monasteres.
D’autres Préiats de ia Rèpubiique imitent son exemple.
Le 18 Août 1769, ie tonnerre tombe sur le maga-
sin à poudre de Brescia , ville dépendante de la
République, ce qui occasionne une explosion si vio-
lente , que toute la viiie en est ébranlée et la 6 e partie
de ses édifices renversée de fond en corabie. Plus de
deux mille personnes périssent de cet accident. L’an
1778, le Doge Mocénigo meurt le 3i Décembre,
à Lage de 77 ans et un mois.
Paul Renier , né à Venise îe 21 Novembre 1710 ,
est élu Doge le 14 Janvier 1779 , et couronné le len-
demain. li meurt la nuit du 14 Fèvrier 1789, et a
pour successeur Louis Manin , nè à Venise ie 23 Juil-
îet 1726, élu Doge le 9 Mars 1789, et couromié le
lendemain.
Tome III,