D £ S COMTES ET PRINCES D’OST-FRISE,
XXIlj
ranisme dans ses Etats , et dès l’an 1619, il
l’embrassa lui-même : sa mort arriva le i5 Février
i528. II avoit épousé l’an 1498, Elisabeth , fille de
Conrad, Comte de Rittberg, morte en i5i2, dont
il eut sept enfans, trois fils et quatre filles ; Ulric , de-
venu iinbécille*, Ennon qui suit ; Jean, marié en
i539, avec Dorothée, fille naturelle de i’Empereur
Maximilien I. Après être retourné ausein de FEglise
Calholique l’an 1540 , ii rënonça à ses prétentions sur
la succession de son pere, et fut apanagé par une
somme d’argent dont il acheta des biens au Du-
ché de Limbourg et dans le Majorat de iiois-le-
Duc; il fut Gouverneur de la Provincè de Liinbourg
depuis i5i2, et mourut en 1572: les fiiles sont
Théda ; Anne , femine ou fiancée ( sponsa ) d’An-
toine , Comte d’Oldeinbourg , mort en i53o ; Er-
mengarde , qui perdit en i538, son mari ou fiancé
(sponsum) Baithasar , Seigneur d’Esen, et mourut
en 1589; et Marguerite, mariée en io23 , avec
Philippe j Cortite de Waldecs.
ENNON II ou IV.
i528. Ennôn II ou IV, fds pnîné d’Edzard, suc-
céda à son pere en vertu de sa disposition testamen-
taire, par laquelle Edzard établit le droit de primogé-
niture, dévoiu à Ennon par l’imbécillité de son aîné :
sujets r
avec Christophe , Archevêque de Brêine et de Ver-
den. Les dissensions entre sa Maison et les Comtes
d’Oidembourg furent appaisées par la promesse d’un
doubie mariage entre Antoine, Cointe d’Oldenl-
bourg , èt Anne, sœur d’Ennon d’un côté, et entre
Enuon et Anne, soeur dudit Comte de l’autre côté.
Ce dernier eut effectivement lieu en i53o. Chris-
tiern II, Roi de DanemarcK, qui avoit ménagé cet
accommodement avec Florent d’Egmond, Comte de
Ruren, réconcilia encore Ennon ayec Balthasar, Sei-
gneur d’Esen, avec lequel ii étoit en guerre, et Cliris-
tiern prit à sa solde les troupes qu’Ennon avoit fait ie-
ver. (Beninga , pp. 6^5, 65j , 659.) Peu de tems
après la guerre se renouvella entre Ennon et Baltiia-
sar, Chef d’Esen, homme inquiet. Celui-ci eut re-
cours à Charles, Duc de Gueldre, qui fit avancer des
troupes contre Ennon. Le Comte fut battu près de
Jengum l’an i533, et fut forcé à demander Ja paix ,
qui se fit à son désavantage en i535. Les iiiimitiés
entre lui et Balthasar ne laisserent pas de persévérer
depuis. Ennon continua dlntroduire le Luthéranisme
dans le pays, et mourut le 24 Septembre 1540. Anne
sonépouse, morte le 10 Novembre 157Ô, lui donna
trois fds et trois filles ; Edzard , qui suit; Christophe ,
suivant Beninga , Chanoine de l’Eglise de Brême,
mortàComorreen Hongrte, l’an i566 ; Jean, qui em-
brassale Calvinisme, et mourut le 29 Septembre 1591
à Lehrort, sans avoirété marié. 11 htdes disficultés à
son frere touchant la succession et contre le droit de
primogéniture établi par son aieul, etfut soutenu par
sa mere et les Etats : de sorte qu’en vertu d une Or-
donnance de l’Empereur, les Baiiliages de SticKhau-
sen, Lehrort et Gretsyhl iui furent cédés en 1589, les-
quels retournerent après sa mort à son frere. Les hlles
d’Ennon sont Elisabeth , mariée , en i555 , à Jean ,
Comte de Schauenbourg, morte en i558; Hehvige
ou Hedwige , mariée , en i562, à Otton, Duc de
BrunswicK-Lunebourg , morte en 1616 ; et Anne,
morte à la Cour palatine sans avoir été mariée.
EDZARD III ou V.
1540. Edzabb III ouV succéda à son pere Ennon,
sous la tutele d’Anne sa mere. Elle fut reconnue par
les Etats, le 22 Octobre i5^, pour Régenta du pays
pendant la minorité de son fils. Cette Princesse avoit,
dès ia mort de son époux , pris les rênes drt Gouvei-
nernent, et fit, en 1641 , un accommodement avec
la ville de Hambourg, qui renonça, en i5/±5 , à toutes
ses prétentions sur Emden. Quoique la Comtesse
n’eût point pris part à la confédération de SmalKaide
en 1546, quelques troupes impériaies rte iaisserent
pas de se jeter dans ses Etats. L’an i55j, elle fit un
Traité de commerce avec Gustave, Roi de Süede.
Son his aîné devoit alors prendre seuJ le Gouverne-
ment ; mais la Régente, qui avoit une prédilection
lour son fils cadet , continua de se mêier du gouver-
nement. L’an i558 , le 14 Janvier, l’Empereur
Ferdinand donna aux trois jeunes Comtes lïnvestiture
du Comté, quoique, suivant la disposition de Ieur
grand-pere, Faîné seul auroit dû la recevoir. ( 11s sem-
bient avoir gouverné, oudu moins n’avoir fait certaines
choses que d’un commun concert. C’est ainsi qu’iis
accorderent, le i5 Mars i564 , un vidimus à un
acte de l’an 1827, cpmmele remarque M. HarKenroh,
dans une note sur Beninga , p. 833. Ii observe encore
qu’ils hrent, conjointernent, battre des inonnoies ,
ainsi tjue ie témoignent ieurs noms qu’on y voit mar-
qués.) Dans le conttat de mariage fait cette inêrne
année entre Edzard et Catherine, fille de Gustave,
Roi de Suede, ii fut stipulé qu’après la mort d’Ed-
zard, son aîné lui succéderoit seul, ce que les deux
freres ratifierent. Edzard III chercha en vain d’impé-
trer de l’Emperéur Ie jus no/i evocandi. 11 fit , i’an
i572, une convention avec l’Evêché de Munster
pour arranger divers diffèrends ; ce qui fut ratifié i’an
i5y5. Voyant le commerce angiois interdit aux Pays-
Bas, il chercha à l’attirer à Emden. Ce fut aiors que
commencerent les troubles de l’Ost-Frise, qui dure-
rent presque jusqu’à Pextinction de la JVlaison ré-
gnante. Plusieurs clioses les occasionnerent. Jean,
Irere d’Edzard, ayoit, comine on Fa dit, obteiiu
trois bailiiages du pays pour sa part. Ceci donua
naissance à Férection d’un nouveau tribunal de jus-
tice commun aux sujets des deux freres ; tous les
deux devoient mettre garnison à StileKhausen et dé-
fendre le pays, convoquer les Dietes, quoique l’aîné
seulendût hxerlejour. 11 Falioitaussiétablirunecaisse
connmme pour y verser les contributions dues à
l’Empire : tout cela par ordre de i’Empereur , qui vou-
lut qu’après la mort du rnêine Jean ces arrangemens
subsistassent ; ce qui porta atteinte à l’autorité du
Prince régnant. Dans ie même teins le pays souffrit
beaucoup à l’occasion des guerres civiies des Pays-
Bas : les troupes des deuxpartisséjournerent soLivent
dans l’Ost-Frise. Entre autres maux qui de là résui-
terent, i’esprit d’indépendance ne fut pas le moindre ;
ii s’introduisit insensibiement dans ce pays par le
moyen des prétendus Réformés qui s’y réfugierent,
soutenus par Jean , frere du Cointe, rigide Caivi-
niste. La vilie d’Emden embrassa quelque tems après
sa mort leurs erreurs. Edzard s’y opposa inutile-
ment: eile leva l’étendard de la révolte, et le Comte
fut obligé de s’accommoder avec elle à Delfsyhl,
le i5 Juiliet 15g5 , en lui accordant plusieurs
changemens considérables dans sa constitution tant
au spirituel qu’au civil. Les Etats - Généraux des
Provinces - Unies garantirent cette convenlion. M.
Dujardin (Tom. VI, pag. 290) dit que ce fut prin-
cipalement sa femme qui porta le Cointe à mettre
des impôts sur les marchandises, et à faire eritrer une
forte garnison dans le château qui joignoit la viile
d’Emden; ce qui iit éclater la révolte. Mais l’Ernpe-
reur déclara, le 6 Novembre iô^5 , cette garanlie
nulle, et commanda à ceux d’Emden, sous peine
d’être mis au ban de l’Empire, de mettre bas les ar-
mes. L’an 1698, il Jes fit citer devant le tribunal de la
paix publique pour satisfaire aux nouvelles plaintes
formées contre eux par Je Comte d’Üst-Frise. L’exem
ple de la ville d’Emden fut contagieux, et porta d’au-
XXIlj
ranisme dans ses Etats , et dès l’an 1619, il
l’embrassa lui-même : sa mort arriva le i5 Février
i528. II avoit épousé l’an 1498, Elisabeth , fille de
Conrad, Comte de Rittberg, morte en i5i2, dont
il eut sept enfans, trois fils et quatre filles ; Ulric , de-
venu iinbécille*, Ennon qui suit ; Jean, marié en
i539, avec Dorothée, fille naturelle de i’Empereur
Maximilien I. Après être retourné ausein de FEglise
Calholique l’an 1540 , ii rënonça à ses prétentions sur
la succession de son pere, et fut apanagé par une
somme d’argent dont il acheta des biens au Du-
ché de Limbourg et dans le Majorat de iiois-le-
Duc; il fut Gouverneur de la Provincè de Liinbourg
depuis i5i2, et mourut en 1572: les fiiles sont
Théda ; Anne , femine ou fiancée ( sponsa ) d’An-
toine , Comte d’Oldeinbourg , mort en i53o ; Er-
mengarde , qui perdit en i538, son mari ou fiancé
(sponsum) Baithasar , Seigneur d’Esen, et mourut
en 1589; et Marguerite, mariée en io23 , avec
Philippe j Cortite de Waldecs.
ENNON II ou IV.
i528. Ennôn II ou IV, fds pnîné d’Edzard, suc-
céda à son pere en vertu de sa disposition testamen-
taire, par laquelle Edzard établit le droit de primogé-
niture, dévoiu à Ennon par l’imbécillité de son aîné :
sujets r
avec Christophe , Archevêque de Brêine et de Ver-
den. Les dissensions entre sa Maison et les Comtes
d’Oidembourg furent appaisées par la promesse d’un
doubie mariage entre Antoine, Cointe d’Oldenl-
bourg , èt Anne, sœur d’Ennon d’un côté, et entre
Enuon et Anne, soeur dudit Comte de l’autre côté.
Ce dernier eut effectivement lieu en i53o. Chris-
tiern II, Roi de DanemarcK, qui avoit ménagé cet
accommodement avec Florent d’Egmond, Comte de
Ruren, réconcilia encore Ennon ayec Balthasar, Sei-
gneur d’Esen, avec lequel ii étoit en guerre, et Cliris-
tiern prit à sa solde les troupes qu’Ennon avoit fait ie-
ver. (Beninga , pp. 6^5, 65j , 659.) Peu de tems
après la guerre se renouvella entre Ennon et Baltiia-
sar, Chef d’Esen, homme inquiet. Celui-ci eut re-
cours à Charles, Duc de Gueldre, qui fit avancer des
troupes contre Ennon. Le Comte fut battu près de
Jengum l’an i533, et fut forcé à demander Ja paix ,
qui se fit à son désavantage en i535. Les iiiimitiés
entre lui et Balthasar ne laisserent pas de persévérer
depuis. Ennon continua dlntroduire le Luthéranisme
dans le pays, et mourut le 24 Septembre 1540. Anne
sonépouse, morte le 10 Novembre 157Ô, lui donna
trois fds et trois filles ; Edzard , qui suit; Christophe ,
suivant Beninga , Chanoine de l’Eglise de Brême,
mortàComorreen Hongrte, l’an i566 ; Jean, qui em-
brassale Calvinisme, et mourut le 29 Septembre 1591
à Lehrort, sans avoirété marié. 11 htdes disficultés à
son frere touchant la succession et contre le droit de
primogéniture établi par son aieul, etfut soutenu par
sa mere et les Etats : de sorte qu’en vertu d une Or-
donnance de l’Empereur, les Baiiliages de SticKhau-
sen, Lehrort et Gretsyhl iui furent cédés en 1589, les-
quels retournerent après sa mort à son frere. Les hlles
d’Ennon sont Elisabeth , mariée , en i555 , à Jean ,
Comte de Schauenbourg, morte en i558; Hehvige
ou Hedwige , mariée , en i562, à Otton, Duc de
BrunswicK-Lunebourg , morte en 1616 ; et Anne,
morte à la Cour palatine sans avoir été mariée.
EDZARD III ou V.
1540. Edzabb III ouV succéda à son pere Ennon,
sous la tutele d’Anne sa mere. Elle fut reconnue par
les Etats, le 22 Octobre i5^, pour Régenta du pays
pendant la minorité de son fils. Cette Princesse avoit,
dès ia mort de son époux , pris les rênes drt Gouvei-
nernent, et fit, en 1641 , un accommodement avec
la ville de Hambourg, qui renonça, en i5/±5 , à toutes
ses prétentions sur Emden. Quoique la Comtesse
n’eût point pris part à la confédération de SmalKaide
en 1546, quelques troupes impériaies rte iaisserent
pas de se jeter dans ses Etats. L’an i55j, elle fit un
Traité de commerce avec Gustave, Roi de Süede.
Son his aîné devoit alors prendre seuJ le Gouverne-
ment ; mais la Régente, qui avoit une prédilection
lour son fils cadet , continua de se mêier du gouver-
nement. L’an i558 , le 14 Janvier, l’Empereur
Ferdinand donna aux trois jeunes Comtes lïnvestiture
du Comté, quoique, suivant la disposition de Ieur
grand-pere, Faîné seul auroit dû la recevoir. ( 11s sem-
bient avoir gouverné, oudu moins n’avoir fait certaines
choses que d’un commun concert. C’est ainsi qu’iis
accorderent, le i5 Mars i564 , un vidimus à un
acte de l’an 1827, cpmmele remarque M. HarKenroh,
dans une note sur Beninga , p. 833. Ii observe encore
qu’ils hrent, conjointernent, battre des inonnoies ,
ainsi tjue ie témoignent ieurs noms qu’on y voit mar-
qués.) Dans le conttat de mariage fait cette inêrne
année entre Edzard et Catherine, fille de Gustave,
Roi de Suede, ii fut stipulé qu’après la mort d’Ed-
zard, son aîné lui succéderoit seul, ce que les deux
freres ratifierent. Edzard III chercha en vain d’impé-
trer de l’Emperéur Ie jus no/i evocandi. 11 fit , i’an
i572, une convention avec l’Evêché de Munster
pour arranger divers diffèrends ; ce qui fut ratifié i’an
i5y5. Voyant le commerce angiois interdit aux Pays-
Bas, il chercha à l’attirer à Emden. Ce fut aiors que
commencerent les troubles de l’Ost-Frise, qui dure-
rent presque jusqu’à Pextinction de la JVlaison ré-
gnante. Plusieurs clioses les occasionnerent. Jean,
Irere d’Edzard, ayoit, comine on Fa dit, obteiiu
trois bailiiages du pays pour sa part. Ceci donua
naissance à Férection d’un nouveau tribunal de jus-
tice commun aux sujets des deux freres ; tous les
deux devoient mettre garnison à StileKhausen et dé-
fendre le pays, convoquer les Dietes, quoique l’aîné
seulendût hxerlejour. 11 Falioitaussiétablirunecaisse
connmme pour y verser les contributions dues à
l’Empire : tout cela par ordre de i’Empereur , qui vou-
lut qu’après la mort du rnêine Jean ces arrangemens
subsistassent ; ce qui porta atteinte à l’autorité du
Prince régnant. Dans ie même teins le pays souffrit
beaucoup à l’occasion des guerres civiies des Pays-
Bas : les troupes des deuxpartisséjournerent soLivent
dans l’Ost-Frise. Entre autres maux qui de là résui-
terent, i’esprit d’indépendance ne fut pas le moindre ;
ii s’introduisit insensibiement dans ce pays par le
moyen des prétendus Réformés qui s’y réfugierent,
soutenus par Jean , frere du Cointe, rigide Caivi-
niste. La vilie d’Emden embrassa quelque tems après
sa mort leurs erreurs. Edzard s’y opposa inutile-
ment: eile leva l’étendard de la révolte, et le Comte
fut obligé de s’accommoder avec elle à Delfsyhl,
le i5 Juiliet 15g5 , en lui accordant plusieurs
changemens considérables dans sa constitution tant
au spirituel qu’au civil. Les Etats - Généraux des
Provinces - Unies garantirent cette convenlion. M.
Dujardin (Tom. VI, pag. 290) dit que ce fut prin-
cipalement sa femme qui porta le Cointe à mettre
des impôts sur les marchandises, et à faire eritrer une
forte garnison dans le château qui joignoit la viile
d’Emden; ce qui iit éclater la révolte. Mais l’Ernpe-
reur déclara, le 6 Novembre iô^5 , cette garanlie
nulle, et commanda à ceux d’Emden, sous peine
d’être mis au ban de l’Empire, de mettre bas les ar-
mes. L’an 1698, il Jes fit citer devant le tribunal de la
paix publique pour satisfaire aux nouvelles plaintes
formées contre eux par Je Comte d’Üst-Frise. L’exem
ple de la ville d’Emden fut contagieux, et porta d’au-