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Faure, Élie
Histoire de l'art (5): L'esprit des formes — Paris: Éditions d'histoire et d'art, Librarie Plon, 1949

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https://doi.org/10.11588/diglit.71100#0016
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et ses besoins dans le sens unilatéral d'une perfection étroite
et très arrêtée à atteindre pour exprimer le moment pathétique
où sa race prétendait enfermer ces puissances dans les cadres
de la raison. Cependant, nous n'en sommes plus là. Une atti-
tude pareille, aujourd'hui, risque de rendre impuissants ceux
qui l'adoptent. Pour le moment, du moins, limiter son effort
à l'idéal historique d'une race, ou d'un peuple — idéal d'ail-
leurs transformé, ou déplacé — refuser d'apercevoir le visage
unique de l'homme sous les masques qui le couvrent, n'est plus
un signe de force, mais bien de sénilité. Il est arrivé plusieurs
fois dans l'Histoire à l'esprit critique, vers la fin du vieux
monde par exemple, ou après l' efflorescence chrétienne du moyen
âge occidental, de se trouver devant un tel amoncellement d'in-
connu après avoir inventorié ses prodigieuses connaissances,
qu'il a dû faire appel à tous les groupes d'hommes sollicités par
les mêmes problèmes, pour en chercher avec eux la solution. De
nos jours, toutefois, ce n'est plus seulement autour du bassin
de la Méditerranée orientale ou dans l'Europe de l'Ouest que
nous devons rassembler les éléments d'une mystique seule capable
de mettre fin, du moins momentanément, à l'espèce de désarroi
enivrant qui nous transporte. L'esprit critique est devenu un
poète universel. Il faut élargir démesurément, et sans cesse, le
cercle de son horizon.
Je ne dis pas que nous touchions à l'unification spirituelle
du monde. Nous en sommes encore loin, si toutefois nous la
réalisons jamais, et si même il est désirable que nous la réali-
sions. Mais si l'architecture industrielle, par exemple, qui
cherche, avant de plaire, à poursuivre ses fins, ce qui est peut-
être, après tout, le moyen de ne pas déplaire, ébauche déjà
devant nous un langage universel, je ne crois pas qu'elle puisse
jamais imprimer un accent uniforme à ce langage, et je ne le
lui souhaite pas. La mobilité de l'esprit, favorisée par les exi-
gences des milieux et le brassage des espèces, doit à mon sens
continuer à accepter toutes les variétés vivantes de ses expres-
sions figurées se prêtant d'ailleurs, par une intelligence gran-
dissante des conditions universelles de sa propre conservation,
à être comprises d'un nombre d'hommes de plus en plus étendu.
Il ne faut pas que le désir d'unité spirituelle qui croît au sein

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