des élites, devienne, dans les multitudes, un besoin d'unifor-
mité. Ceux qui ne sont pas capables de saisir les balbutiements
de cette unité dans les idoles innombrables dont toutes les races
de la terre ont jalonné leur chemin, sont aussi les moins capables
d'apporter à leur propre race une contribution assez puissante
pour lui permettre de marquer encore l'avenir.
Quand vous avez compris les mobiles profonds d'une tendance
opposée à la vôtre — ou paraissant opposée à la vôtre — vous
êtes pris pour elle d'une tendresse étrange, qui vient de ce que
vous y retrouvez vos doutes et vos combats. Vous choisissez dès
lors la route qui était instinctivement et devient logiquement la
vôtre, avec d'autant plus de décision et d'allégresse que vous
vous savez moins compris des hommes qui ont traversé les mêmes
luttes que vous. Le jour où ceux qui aiment la paix comprendront
la grandeur que peut revêtir la guerre, peut-être seront-ils plus
près de la paix universelle dont ils veulent nous dotër. Le jour
où telle religion pénétrera les symboles ésotériques de telle autre,
elle ne sera pas loin d'admettre les rites les plus éloignés des
siens. L'académicien que révolte une idole hindoue sera plus
près de Raphaël le jour où il sentira la puissance spirituelle que
l'idole hindoue représente. Qu'on le sente ou non, qu'on le veuille
ou non, une solidarité universelle unit tous les gestes et toutes
les images des hommes, non seulement dans l'espace, mais aussi
et surtout dans le temps. La notion intuitive, intime, toujours
vivante et présente du temps, est d'ailleurs le meilleur moyen
dont nous disposions pour saisir le sens intérieur de toutes les
figures de l'espace, qu'il a déposées sur sa route comme un
fleuve ses allumions. On comprend tout, dès qu'on remonte aux
sources. Un bois nègre et un marbre grec ne sont pas si loin
qu'on le pense. Qu'on regarde une œuvre pure du moyen empire
égyptien si l'on tient à saisir, dans l'équilibre rythmique de
ses surfaces ondulantes, le passage des plans ingénus et frustes
du premier aux mouvements libres, mais concentriques du second.
En fait, l'affirmation de cette solidarité n'est point le fruit
d'une intuition mystique. Cette solidarité existe réellement.
Elle appartient au développement de l'histoire universelle dont
elle fut l'un des ressorts, peut-être le plus dense et le plus souple
de tous. L'art de tout temps, l'art de tout lieu se pénètre de proche
œ
mité. Ceux qui ne sont pas capables de saisir les balbutiements
de cette unité dans les idoles innombrables dont toutes les races
de la terre ont jalonné leur chemin, sont aussi les moins capables
d'apporter à leur propre race une contribution assez puissante
pour lui permettre de marquer encore l'avenir.
Quand vous avez compris les mobiles profonds d'une tendance
opposée à la vôtre — ou paraissant opposée à la vôtre — vous
êtes pris pour elle d'une tendresse étrange, qui vient de ce que
vous y retrouvez vos doutes et vos combats. Vous choisissez dès
lors la route qui était instinctivement et devient logiquement la
vôtre, avec d'autant plus de décision et d'allégresse que vous
vous savez moins compris des hommes qui ont traversé les mêmes
luttes que vous. Le jour où ceux qui aiment la paix comprendront
la grandeur que peut revêtir la guerre, peut-être seront-ils plus
près de la paix universelle dont ils veulent nous dotër. Le jour
où telle religion pénétrera les symboles ésotériques de telle autre,
elle ne sera pas loin d'admettre les rites les plus éloignés des
siens. L'académicien que révolte une idole hindoue sera plus
près de Raphaël le jour où il sentira la puissance spirituelle que
l'idole hindoue représente. Qu'on le sente ou non, qu'on le veuille
ou non, une solidarité universelle unit tous les gestes et toutes
les images des hommes, non seulement dans l'espace, mais aussi
et surtout dans le temps. La notion intuitive, intime, toujours
vivante et présente du temps, est d'ailleurs le meilleur moyen
dont nous disposions pour saisir le sens intérieur de toutes les
figures de l'espace, qu'il a déposées sur sa route comme un
fleuve ses allumions. On comprend tout, dès qu'on remonte aux
sources. Un bois nègre et un marbre grec ne sont pas si loin
qu'on le pense. Qu'on regarde une œuvre pure du moyen empire
égyptien si l'on tient à saisir, dans l'équilibre rythmique de
ses surfaces ondulantes, le passage des plans ingénus et frustes
du premier aux mouvements libres, mais concentriques du second.
En fait, l'affirmation de cette solidarité n'est point le fruit
d'une intuition mystique. Cette solidarité existe réellement.
Elle appartient au développement de l'histoire universelle dont
elle fut l'un des ressorts, peut-être le plus dense et le plus souple
de tous. L'art de tout temps, l'art de tout lieu se pénètre de proche
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