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Faure, Élie
Histoire de l'art (5): L'esprit des formes — Paris: Éditions d'histoire et d'art, Librarie Plon, 1949

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https://doi.org/10.11588/diglit.71100#0018
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en proche. Sans doute est-ce l'art nègre immémorial qui, par
la vallée du Ml, s'est répandu sur les deux mondes alors que
l'art polynésien, l'un de ses rameaux peut-être, heurtait l'Amé-
rique pour s'y épanouir, ou rencontrait dans les îles malaises
les courants qui portaient, par le Gange et l'Iraouaddi, l'esprit
de la Grèce et de l'Egypte transformés au passage en Assyrie,
en Perse, aux Indes, en Indo-Chiné, celle-ci imprégnée de l'âme
chinoise d'ailleurs fécondée par l'Inde et la Perse grâce aux
trouées du Brahmapoutre et du Tarim. Que la Perse, d'autre
part, répande en Asie l'art arabe sorti de l'art romain et de
l'art byzantin, eux-mêmes rameaux de l'art grec, que la che-
vauchée de l'Islam rencontre en Italie, en Espagne, en France,
les formes abâtardies de cet art grec jetées par les navigateurs
sur les rivages méditerranéens en remontant le Danube et le
Rhône pour s'y confronter dans la cathédrale avec l'esprit
musical descendu par la vallée de l'Oise des plaines du Nord, le
cercle de l'art universel achève de se fermer. D'autant plus
que même quand ses grandes expressions s'ignorent et que leurs
sources communes se perdent dans la nuit, l'évolution de l'in-
telligence semble passer partout par des phases presque pareilles
d'intégration organique, d'équilibre harmonique et de dissolu-
tion critique qui donnent à ses apparences des analogies sur-
prenantes de structure, de rythme et d'accent. Qu'on suive, si
l'on en doute, la marche parallèle des statues grecque et fran-
çaise, là des Orantes de l'Acropole aux athlètes de Lysippe et
au mausolée de Scopas, ici des vierges et des saints des porches
de Chartres à ceux des porches de Bourges en passant là par
les frontons du Parthénon et d'Olympie, ici par les rois d'Amiens
et les prophètes de Reims. Ou, si l'on préfère puiser au hasard
dans le répertoire des formes, sans s'inquiéter des écoles et des
techniques, des dates, du prétexte mythique, du caractère local,
qu'on compare telle terre cuite grecque trouvée dans les tombes
de Tanagra à telle terre cuite chinoise trouvée dans les tombes
des Rang, tel bas-relief de Moissac ou d'Arles à tel bas-relief
d' Angkor-Vat, tel rinceau d'une église d'Ile-de-France à tel
rinceau d'une stupa de l'Inde, telle peinture japonaise du
XVe siècle à telle peinture siennoise, et les fresques des chas-
seurs de rennes aux fresques des Boshimens. On y retrouvera

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