l'ingénieur (i). Constructions utilitaires, répondant à des
besoins vulgaires, comme répond à des besoins vulgaires la
loi écrite que la force, à défaut de la foi, impose. Mais parce
qu'y répondant étroitement, sans une erreur, sans un oubli,
sans une négligence, satisfaisant du même coup à des besoins
spirituels qui rejoignent, par l'intermédiaire du nombre, les
harmonies les plus émouvantes que le mythe ait inspirées.
C'était un système d'attente, une arche jetée entre deux
mondes, sûre et hardie comme seule une arche peut l'être,
parce qu'elle n'a pas le choix, ayant un fleuve à franchir,
entre plusieurs solutions. Et peut-être assistons-nous, à notre
époque qui rappelle à tant d'égards celle-là, — dissolution,
interpénétration des mythes, reflux des races et des peuples
les uns sur les autres, montée unanime des pauvres, vagues
linéaments d'une mystique nouvelle — à un phénomène ana-
logue. Peut-être, dans l'anarchie universelle, alors qu'a dis-
paru l'architecture religieuse et que l'architecture civile
divague, l'architecture industrielle (2) est-elle aussi l'arche
lancée entre deux mondes, substituant l'action du tuteur
scientifique à l'action du mythe social effondré, comme le
tuteur administratif et juridique a jadis édifié, sur les ruines
de ce mythe, son armature impitoyable. Peut-être ce tuteur
moderne a-t-il été imaginé non seulement pour suppléer le
mythe social dans la mesure où il assure les besoins matériels
de l'homme, mais aussi pour satisfaire, comme jadis le tuteur
romain, des besoins et des intérêts communs susceptibles
d'acheminer l'homme à des croyances communes. Nous nous
doutons à peine de ce que doit l'édifice catholique à l'esprit
ordonnateur et régulateur des Romains. Savons-nous ce que
l'organisme spirituel, dont nous pressentons l'approche,
devra aux enseignements continus de l'usine et de la machine,
de l'avion, du vaisseau, de l'automobile, seuls monuments
modernes qui ressemblent, par leur adaptation étroite aux
fins nettes qu'on attend d'eux, leur précision tranchante, la
beauté de leurs proportions, leur puissante légèreté, leur
(!) Fig. 74 et 121.
(2) Fig. 122 et 124.
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besoins vulgaires, comme répond à des besoins vulgaires la
loi écrite que la force, à défaut de la foi, impose. Mais parce
qu'y répondant étroitement, sans une erreur, sans un oubli,
sans une négligence, satisfaisant du même coup à des besoins
spirituels qui rejoignent, par l'intermédiaire du nombre, les
harmonies les plus émouvantes que le mythe ait inspirées.
C'était un système d'attente, une arche jetée entre deux
mondes, sûre et hardie comme seule une arche peut l'être,
parce qu'elle n'a pas le choix, ayant un fleuve à franchir,
entre plusieurs solutions. Et peut-être assistons-nous, à notre
époque qui rappelle à tant d'égards celle-là, — dissolution,
interpénétration des mythes, reflux des races et des peuples
les uns sur les autres, montée unanime des pauvres, vagues
linéaments d'une mystique nouvelle — à un phénomène ana-
logue. Peut-être, dans l'anarchie universelle, alors qu'a dis-
paru l'architecture religieuse et que l'architecture civile
divague, l'architecture industrielle (2) est-elle aussi l'arche
lancée entre deux mondes, substituant l'action du tuteur
scientifique à l'action du mythe social effondré, comme le
tuteur administratif et juridique a jadis édifié, sur les ruines
de ce mythe, son armature impitoyable. Peut-être ce tuteur
moderne a-t-il été imaginé non seulement pour suppléer le
mythe social dans la mesure où il assure les besoins matériels
de l'homme, mais aussi pour satisfaire, comme jadis le tuteur
romain, des besoins et des intérêts communs susceptibles
d'acheminer l'homme à des croyances communes. Nous nous
doutons à peine de ce que doit l'édifice catholique à l'esprit
ordonnateur et régulateur des Romains. Savons-nous ce que
l'organisme spirituel, dont nous pressentons l'approche,
devra aux enseignements continus de l'usine et de la machine,
de l'avion, du vaisseau, de l'automobile, seuls monuments
modernes qui ressemblent, par leur adaptation étroite aux
fins nettes qu'on attend d'eux, leur précision tranchante, la
beauté de leurs proportions, leur puissante légèreté, leur
(!) Fig. 74 et 121.
(2) Fig. 122 et 124.
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