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des mille petites pratiques de son fétichisme utilitaire.
L'Islam supprime presque brusquement les manifestations
de son activité spirituelle plutôt que de changer une pièce
de son système social. Il faut accepter ou rejeter en bloc ces
constructions gigantesques.
C'est leur caractère massif qui nous introduit d'emblée
dans la réalité intime de leur génie créateur. L'esprit d'archi-
tecture le domine. Ou plutôt, la forme n'y est guère conçue
en dehors de la construction. Même si la construction est
dépourvue d'une valeur plastique capitale, comme aux
Indes, la sculpture et la peinture n'en paraissent que des
débris détachés (i). Même si la construction est nue, comme
en Chine, la sculpture, isolée, montre ses rapports avec elle
en conservant ses apparences architectoniques jusque dans
les monstres héraldiques les plus hérissés. Même si, comme
en Islam, il n'y a hors la construction ni sculpture, ni pein-
ture, on voit l'ornement aboutir à une formule géométrique
qui ne permet aucune incursion dans la vie au décorateur (2).
Si le grand rythme alternatif existe dans ces organismes
amorphes, il ne sera qu'ébauché, montant et descendant
de siècle en siècle ou même de millénaire en millénaire
comme une marée qui ne change pas sensiblement l'aspect
général de la mer et n'en altère en rien la masse. Même quand
on ne peut l'y découvrir nettement, un fait subsiste : la reli-
gion, la morale, le lien social restant intacts, rien ne sort
complètement de la sphère architectonique à l'intérieur de
laquelle l'esprit consent à se mouvoir.
Nous connaissons trop mal l'histoire de l'Égypte pour en
dégager ces alternances. Nous croyons parfois les saisir.
Mais la chronologie nous détrompe. Telle statue que nous
nous imaginions postérieure à telle autre plus archaïque
d'aspect, lui est au contraire antérieure, et de mille ou deux
mille ans. L'uniformité de la statuaire égyptienne n'est
qu'apparente. Une série de flux et de reflux en ravine la
surface. Mais leur profondeur nous échappe, et leur signifi-
(1) Fig. 77.
(2) Fig. 64.

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