du même ordre entre la pensée d'Aristote et la sculpture
anatomique de Lysippe, entre la pensée de saint Benoît et
l'architecture romane, entre la pensée d'Abailard et la sculp-
ture du xiiie siècle, entre la pensée de Voltaire et la peinture
du xviiie, entre la pensée d'Auguste Comte et de Claude Ber-
nard et la peinture d'Ingres et de Courbet, entre les divers
systèmes anarchistes et l'impressionnisme français. Il serait
quelque peu puéril de poursuivre ces parallèles, qui ont été
faits trop souvent, et parfois mal à propos, et qu'on retrou-
verait partout et à toutes les époques. Mais il est nécessaire
d'en montrer les sources et le sens et qu'ils se manifestent
presque toujours, pour la sauvegarde de leur marche vigou-
reuse, dans le plan de l'inconscient. La philosophie, comme
l'art, sort des nécessités de l'heure. C'est la nourriture à
trouver, le rempart à élever, la conquête à entreprendre, le
courant spirituel à lancer dans les artères de la race qui
commandent aussi bien les concepts de l'une, qu'ils poussent
l'autre à élever aux carrefours nos grandes poupées bar-
bouillées d'ocre, de bleu et de vermillon. La philosophie
n'est pas plus consciente que l'art des déterminations qui,
en un lieu donné et en un temps donné, les font répondre
l'un et l'autre à l'appel impérieux de certains besoins géné-
raux. L'art n'est pas moins conscient que la philosophie des
moyens qu'il emploie pour assouvir ces besoins.
IV
Le poète, en fin de compte, est le réalisateur de la somme
des énergies supérieures créées par les humbles efforts de
la multitude des hommes pour gagner leur pain, et dont seul
il exprime — mieux que le philosophe qui l'explique —
l'aspect général. Il est la conscience aussitôt éteinte de la
vie qui se réalise, l'affirmation de la victoire des organismes
naissants sur les organismes usés. Il est le sage de toujours,
celui qui a la hardiesse, au milieu des fous et des faibles, de
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anatomique de Lysippe, entre la pensée de saint Benoît et
l'architecture romane, entre la pensée d'Abailard et la sculp-
ture du xiiie siècle, entre la pensée de Voltaire et la peinture
du xviiie, entre la pensée d'Auguste Comte et de Claude Ber-
nard et la peinture d'Ingres et de Courbet, entre les divers
systèmes anarchistes et l'impressionnisme français. Il serait
quelque peu puéril de poursuivre ces parallèles, qui ont été
faits trop souvent, et parfois mal à propos, et qu'on retrou-
verait partout et à toutes les époques. Mais il est nécessaire
d'en montrer les sources et le sens et qu'ils se manifestent
presque toujours, pour la sauvegarde de leur marche vigou-
reuse, dans le plan de l'inconscient. La philosophie, comme
l'art, sort des nécessités de l'heure. C'est la nourriture à
trouver, le rempart à élever, la conquête à entreprendre, le
courant spirituel à lancer dans les artères de la race qui
commandent aussi bien les concepts de l'une, qu'ils poussent
l'autre à élever aux carrefours nos grandes poupées bar-
bouillées d'ocre, de bleu et de vermillon. La philosophie
n'est pas plus consciente que l'art des déterminations qui,
en un lieu donné et en un temps donné, les font répondre
l'un et l'autre à l'appel impérieux de certains besoins géné-
raux. L'art n'est pas moins conscient que la philosophie des
moyens qu'il emploie pour assouvir ces besoins.
IV
Le poète, en fin de compte, est le réalisateur de la somme
des énergies supérieures créées par les humbles efforts de
la multitude des hommes pour gagner leur pain, et dont seul
il exprime — mieux que le philosophe qui l'explique —
l'aspect général. Il est la conscience aussitôt éteinte de la
vie qui se réalise, l'affirmation de la victoire des organismes
naissants sur les organismes usés. Il est le sage de toujours,
celui qui a la hardiesse, au milieu des fous et des faibles, de
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