Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
gion, en Grèce, est beaucoup plus fervente avant le viie siècle,
alors que l'ordre dorique n'a pas encore enfoncé dans le sol
ses racines et que quelques poupées informes, quelques
pauvres vases de terre expriment les croyances et les besoins
primitifs, qu'aux temps où le Péloponèse et la Sicile se
couvrent de temples trapus. Près de mille ans avant que les
premières montagnes de l'Inde accueillent dans leurs
entrailles un peuple de peintres et de sculpteurs, le Brahma-
nisme est constitué, et le Brahmanisme continue d'agir,
toujours vivant dans la profondeur des âmes, alors que,
depuis quatre ou cinq siècles, l'art hindou a perdu cette
vaste mobilité, pleine de houle et de rumeurs, qui fait songer
à la mer. Les petites pratiques du fétichisme chinois, survi-
vantes à la crise mystique du bouddhisme et surnageant
sur un grand fond de tolérance et de modération dans le
sentiment rehgieux, n'ont pas empêché les sculpteurs de
dresser sur le désert des avenues de guerriers et de monstres
si majestueuses qu elles semblent contemporaines des plus
anciennes solitudes. L'Islam, qui est aussi robuste que jamais
dans la foi populaire, a perdu depuis cinq cents ans le secret
de la vie mystérieuse que la formule géométrique a glacé dans
l'arabesque, et de la légèreté fantastique de la construction.
D'ailleurs l'Arabe, son créateur et son propagateur, n'a lui-
même rien construit. Il a délégué cette tâche aux peuples
conquis, déjà artistes et producteurs dans le passé et appor-
tant à le servir la fraîcheur d'un sentiment renouvelé au con-
tact d'un mythe inconnu. Il a fallu les Hindous, les Égyp-
tiens, les Persans, les Berbères pour fertiliser la foi de l'Islam.
Et le Turc n'a pas su construire, bien qu'animé de cette foi.
Ces éclipses, ces hésitations, ces silences sont peut-être
plus frappants dans le christianisme qu'ailleurs. Cette reli-
gion, qui persiste depuis dix-huit cents ans, n'a produit une
efflorescence vraiment spécifique, de style vivant et multi-
forme, novatrice et conquérante chaque jour et en tous lieux,
que durant quatre siècles au plus. L'art chrétien a disparu
d'Italie avant même que tombât la Cité libre, de France
quand la Commune a fléchi. Aux époques les plus ferventes,
le xve siècle par exemple, alors que le drame des temps pro-

— 253 —
 
Annotationen