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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 9.1884

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Reinach, Salomon: Deux têtes archaïques du Musée du Constantinople
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https://doi.org/10.11588/diglit.25357#0098

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rédigions le catalogue, disaientque ce marhre avait été trouvé à Chvpre; mais
ce n’est là probablement qu’une hypothèse du docteur Déthier, qui l’avait
placé dans la salle consacrée aux antiquités chvpriotes. Nous serions plus dis-
posè à croire qu’il provient de la côte asiatique. C’est, en effet, à l’art ionien
qu’appartient cette tête, qui rappelle absolument la manière des statues assises
des Branchideset, à un degré moindre, YAphroditc à la Colombe du muséede
Lyon, dont une reproduction a été pubiiée par la Gazette 1. Si on la rapproche
d’œuvres analogues, ou du moins contemporaines, de l’école attique, comme
des deux têtes viriles des collections Rampin 2 et Rayet 3, on est frappé des
différences profondes qui les séparent. L’Aphrodite du musée de Constanti-
nople — nous ne hasardons celte attribution que sous toutes réserves —
est une sculpture ronde, un peu molle, presque sensuelle, sans aucun des
caractères communs aux sculptures nées sous l’influence de l’école dorienne,
très semblable, par contre, aux plus anciennes œuvres hellénisantes de l’art
chypriote, qui s’inspira tout d’abord de son voisin immédiat, l’art ionien.
Comme spécimen de cet art naissant dont nous ne savons encore que peu
de chose, elle mérite assurément, malgré sa conservation défectueuse, de
prendre rang parmi les restes les plus importants de la plastique grecque du
sixième siècle. Notre planche, exécutée d’après deux clichés différents, pourraif
faire croire qu’elle est beaucoup plus petite que la tête cliypriote placée à côté :
elle est au contraire plus grande, et sa hauteur, qui atteint 0 m 47, prouve que
la statue dont elle faisait partie était de dimensions colossales. Cette physiono-
mie douce et légèrement railleuse ne manque ni de distinction ni de charme ;
c’est l’enfance de l’art, mais une enfance pleine de promesses. — Non sineDis
animosus inf'ans. — G’est là, du reste, ce qui donne tant d’intérêt aux rares
fragments de la sculpture grecque primitive : leur originalité, comme l’a dit
justement M. Dumont, « renferme déjà tous les principes vivants de la perfec-
tion de l’art grec. »

Salomon REINACH.

4 Gazetle archéoloyique, 1876, pl. xxxi. .‘i. Monumenls grecs, 1877, pl. i, et Murray, tlis-

2. Monuments yrecs, 1878, pl. i, et Rayet, Monu- tory of yreek sculpture, t. I, p. 114.
ments de l'art anlique, pl. xvm.
 
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