CORRESPONDANCE D’ANGLETERRE.
81
Un dessin ayant une grande analogie avec la Madone Ansideï est l’esquisse ravis-
sante de la collection Timbal, au Louvre, également attribuée à Raphaël, et sans
doute avec justesse, quoique le caractère péruginesque en soit encore très pro-
noncé. Nous voyons dans le dessin saint Sébastien et saint Rocli au lieu de saint
Jean et de saint Nicolas; l’exécution du tableau est d’un style plus avancé et moins
ombrien que celui du dessin; mais la disposition générale et la position des per-
sonnages dans les deux compositions offrent entre elles de grandes analogies.
Un autre dessin analogue mais inachevé, attribué au maître et se rapprochant de
celui du Louvre, est au Stædel Institut de Francfort : l’attribution de cette esquisse
à Raphaël a été cependant dernièrement contestée par M..A. Springer.
Le magnifique Portrait équestre du roi Charles IBT, par Van Dyck, est une œuvre
exceptionnelle par sa beauté, par ses grandes dimensions (12 pieds 6 pouces en
hauteur, 9 pieds 7 pouces en largeur) et par son intérêt historique. Le roi y est
vu en profil, monté sur un grand cheval isabelle, dans une pose qui rappelle
quelque peu celle d’une statue équestre; il est nu-tête, portant une armure légère
avec des guêtres en cuir; à la droite du tableau, vu seulement jusqu’à la ceinture,
apparaît son écuyer, sir Thomas Morton, tenant le casque panaché du roi. Cette
toile est surtout remarquable par la vigueur sobre de l’exécution et du coloris, par
la bonne conservation, et surtout par le fini achevé et l’expression de la tête du
roi, rappelant les beaux portraits du Louvre et de Dresde. Celui-ci a une certaine
analogie, comme sujet et comme dimensions, avec le grand pdrtrait équestre, si
connu et si souvent gravé, du roi Charles, qui est à Windsor. Il y a cependant
entre les deux tableaux des différences très sensibles et d’exécution et de point de
vue. Dans celui de Windsor le roi est vu presque de face, monté sur un cheval
gris et accompagné de son écuyer français : c’est aussi, à un degré plus marqué
que ne l’est le tableau de Blenheim, un splendide portrait d’apparat : plus frappant
peut-être comme composition, il ne l’égale pas comme caractère intime. Ces deux
portraits faisaient également partie de la collection royale dispersée en 1649 : celui
de Blenheim fut vendu au prix de ISO livres sterling, et retrouvé à Munich par le
grand duc de Marlborough. Il en existe plusieurs copies réduites, dont une à Buc-
kingham Palace, et une étude à l’aquarelle des arbres du fond se retrouve au
British Muséum. C’était pour la galerie une acquisition d’autant plus désirable que
Van Dyck, quoique presque fils adoptif de l’Angleterre, est jusqu’à présent assez
médiocrement représenté dans la collection nationale, peut-être parce que Windsor
et les grandes collections privées ont absorbé ce qu’il a produit en Angleterre de
plus parfait.
Une trouvaille récente a été faite par le directeur, sir Frederick Burton ; nous
voulons parler d’un Crucifiement d’Antonello de Messine, d’une authenticité indubi-
table et d’un grand intérêt. C’est une variante du Crucifiement si connu du Musée
d’Anvers, mais non pas une répétition, car il y a entre les deux panneaux des dif-
férences importantes. D’abord celui de la Galerie nationale est de deux ans posté-
rieur à l’autre, car il porte l’inscription Antonellus messaneus me pinxit — 1477 —,
tandis que celui d’Anvers porte la date de 1475. Dans notre panneau le peintre a
retranché les deux larrons, et changé quelque peu la position et l’expression des
personnages ; il a supprimé aussi le hibou qui, dans le tableau d’Anvers, se voit
au premier plan. Il y a peut-être dans l’expression des traits du Christ, où se lit
la souffrance supportée avec une patience divine, une élévation de sentiment supé-
XXXI. — 2e PÉRIODE. il
81
Un dessin ayant une grande analogie avec la Madone Ansideï est l’esquisse ravis-
sante de la collection Timbal, au Louvre, également attribuée à Raphaël, et sans
doute avec justesse, quoique le caractère péruginesque en soit encore très pro-
noncé. Nous voyons dans le dessin saint Sébastien et saint Rocli au lieu de saint
Jean et de saint Nicolas; l’exécution du tableau est d’un style plus avancé et moins
ombrien que celui du dessin; mais la disposition générale et la position des per-
sonnages dans les deux compositions offrent entre elles de grandes analogies.
Un autre dessin analogue mais inachevé, attribué au maître et se rapprochant de
celui du Louvre, est au Stædel Institut de Francfort : l’attribution de cette esquisse
à Raphaël a été cependant dernièrement contestée par M..A. Springer.
Le magnifique Portrait équestre du roi Charles IBT, par Van Dyck, est une œuvre
exceptionnelle par sa beauté, par ses grandes dimensions (12 pieds 6 pouces en
hauteur, 9 pieds 7 pouces en largeur) et par son intérêt historique. Le roi y est
vu en profil, monté sur un grand cheval isabelle, dans une pose qui rappelle
quelque peu celle d’une statue équestre; il est nu-tête, portant une armure légère
avec des guêtres en cuir; à la droite du tableau, vu seulement jusqu’à la ceinture,
apparaît son écuyer, sir Thomas Morton, tenant le casque panaché du roi. Cette
toile est surtout remarquable par la vigueur sobre de l’exécution et du coloris, par
la bonne conservation, et surtout par le fini achevé et l’expression de la tête du
roi, rappelant les beaux portraits du Louvre et de Dresde. Celui-ci a une certaine
analogie, comme sujet et comme dimensions, avec le grand pdrtrait équestre, si
connu et si souvent gravé, du roi Charles, qui est à Windsor. Il y a cependant
entre les deux tableaux des différences très sensibles et d’exécution et de point de
vue. Dans celui de Windsor le roi est vu presque de face, monté sur un cheval
gris et accompagné de son écuyer français : c’est aussi, à un degré plus marqué
que ne l’est le tableau de Blenheim, un splendide portrait d’apparat : plus frappant
peut-être comme composition, il ne l’égale pas comme caractère intime. Ces deux
portraits faisaient également partie de la collection royale dispersée en 1649 : celui
de Blenheim fut vendu au prix de ISO livres sterling, et retrouvé à Munich par le
grand duc de Marlborough. Il en existe plusieurs copies réduites, dont une à Buc-
kingham Palace, et une étude à l’aquarelle des arbres du fond se retrouve au
British Muséum. C’était pour la galerie une acquisition d’autant plus désirable que
Van Dyck, quoique presque fils adoptif de l’Angleterre, est jusqu’à présent assez
médiocrement représenté dans la collection nationale, peut-être parce que Windsor
et les grandes collections privées ont absorbé ce qu’il a produit en Angleterre de
plus parfait.
Une trouvaille récente a été faite par le directeur, sir Frederick Burton ; nous
voulons parler d’un Crucifiement d’Antonello de Messine, d’une authenticité indubi-
table et d’un grand intérêt. C’est une variante du Crucifiement si connu du Musée
d’Anvers, mais non pas une répétition, car il y a entre les deux panneaux des dif-
férences importantes. D’abord celui de la Galerie nationale est de deux ans posté-
rieur à l’autre, car il porte l’inscription Antonellus messaneus me pinxit — 1477 —,
tandis que celui d’Anvers porte la date de 1475. Dans notre panneau le peintre a
retranché les deux larrons, et changé quelque peu la position et l’expression des
personnages ; il a supprimé aussi le hibou qui, dans le tableau d’Anvers, se voit
au premier plan. Il y a peut-être dans l’expression des traits du Christ, où se lit
la souffrance supportée avec une patience divine, une élévation de sentiment supé-
XXXI. — 2e PÉRIODE. il