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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Rubens, 12
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0135

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126

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

faire les affaires de son roi, mais il n’entendait pas négliger les
siennes.

Pendant que sir Francis Cottington voguait sur l’Océan avec deux
navires, dont l’un était chargé de marchandises qu’il comptait vendre
en Espagne, Rubens se trouva un instant dans une situation assez
fausse. Persuadé que le comte d’Olivarès tiendrait sa promesse, il
avait annoncé la prochaine arrivée de don Carlos Coloma. L’ambas-
sadeur de France, L’Aubespine, répétait partout que, l’Espagne étant
le pays de la mauvaise foi, Coloma n’arriverait jamais. Cette méchante
prédiction allait-elle se réaliser? Beaucoup le croyaient ou faisaient
semblant de le croire. Plusieurs semaines s’écoulent : aucune nouvelle
de l’ambassadeur attendu. Richard Weston, mécontent, se plaignit
à Rubens, lui disant que l’Angleterre était jouée et qu’il fallait
rompre. Il n’était pas possible de courir après Cottington et ses
navires, mais on pouvait lui faire savoir, à son arrivée sur la côte
d’Espagne, qu’il eût à s’abstenir de voir Philippe IV et ses ministres
avant que Coloma se fût mis en route. Cet ordre lui fut envoyé par un
courrier extraordinaire. Et le malheureux Rubens, dévoré d’ennui,
écrivait, le 24 novembre, à l’infante Isabelle : « Je maudis l’heure
où je suis venu en ce royaume h »

Don Carlos Coloma s’était cependant décidé à quitter Madrid ;
mais, d’après les instructions de Philippe IY, il avait pris le chemin
de la Flandre, où sa qualité de soldat pouvait le rendre utile en
raison des opérations militaires engagées. Au reçu de la lettre de
Rubens, Isabelle comprit qu’il était urgent d’activer le zèle de cet
ambassadeur attardé. Elle veut consoler son peintre : elle lui
annonce que Coloma sera rendu à Dunkerque le 20 décembre. Dès
lors, Rubens respire plus librement : il se croit délivré et il écrit au
comte-duc qu’il se regarde comme autorisé à aller voir bientôt si les
choses sont en bon ordre dans sa chère maison d’Anvers, depuis dix-
huit mois abandonnée.

Rubens avait espéré trop tôt. Diplomate d’occasion, don Carlos
Coloma ignorait que l’exactitude est la politesse des ambassadeurs.
Il laissa finir l’année sans tenir sa promesse. Enfin, le 7 janvier 1630,
il débarque à Douvres, où il est reçu par une brillante escouade de
gentilshommes : il fait à Londres une entrée solennelle; Charles 1er
est rassuré, Rubens aussi.

Mais don Carlos avait dans sa valise des papiers mystérieux. I.

I. Yillaamif, Rubens diplomdtico espahol, p. 258.
 
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